Le Canadien Bombardier emploie des milliers de personnes en Irlande du Nord. | AFP

Le Canadien Bombardier emploie des milliers de personnes en Irlande du Nord. | AFP

Guerre commerciale contre Bombardier : Londres en furie menace Boeing de représailles

Les autorités britanniques réagissent avec virulence et parlent d’adopter des représailles contre Boeing après la décision du gouvernement Trump d’imposer des droits antidumping massifs de 219 % sur les nouveaux avions de Bombardier.

Outre sa présence au Canada, Bombardier est l’un des principaux employeurs en Irlande du Nord, où il compte près de 8000 travailleurs, dont 4200 pour les seules activités aéronautiques, la majeure partie dans son usine de Belfast où sont fabriqués les ailes et des éléments du fuselage de la C Series.

« Nous sommes amèrement déçus par la première décision contre Bombardier », déclare la première ministre Theresa May.

« Le gouvernement continuera de travailler avec l’entreprise pour protéger des emplois vitaux en Irlande du Nord », a-t-elle ajouté.

Mardi, le gouvernement Trump a choisi de taxer à hauteur de 219 % les avions de transport civil C Series fabriqués par l’avionneur canadien. Il répondait à une plainte déposée en avril dernier par Boeing, qui accusait Bombardier de faire bénéficier ses avions de subventions publiques leur permettant ainsi d’être vendus au rabais et en dessous de leur prix de revient.

Theresa May - AFP

Theresa May – AFP

Londres avait pourtant prévenu Washington

Mme May avait directement évoqué ce sujet avec le président américain Donald Trump lors d’une entrevue à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU le 21 septembre aux États-Unis, insistant à ce moment-là sur l’importance de Bombardier pour l’économie nord-irlandaise.

Le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a évoqué mercredi de possibles représailles contre l’avionneur américain, emboîtant le pas au premier ministre canadien Justin Trudeau, qui avait menacé la semaine dernière de ne pas acheter de chasseurs Boeing Super Hornet pour l’armée canadienne si Washington mettait ses menaces à exécution.

« Boeing est un partenaire majeur de défense et l’un des grands gagnants de notre dernier passage en revue des contrats de défense, donc ce n’est pas l’attitude que nous attendons d’un partenaire de longue date », a souligné M. Fallon lors d’un discours à Belfast, non loin d’un énorme site de Bombardier.

Boeing a remporté pour des milliards de livres de contrats de défense avec le Royaume-Uni. Il a ainsi été choisi dernièrement pour lui fournir de nouveaux avions de reconnaissance maritime ainsi que des hélicoptères Apache.

« Ils vont présenter leur candidature pour d’autres contrats de défense et ce type d’attitude pourrait clairement compromettre notre relation », a menacé M. Fallon.

Le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon arrive à Downing Street. afp.com/Daniel LEAL-OLIVA

Le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon arrive à Downing Street. afp.com/Daniel LEAL-OLIVA

L’Irlande promet que l’affaire n’en restera pas là

Arlene Foster - AFP

Arlene Foster – AFP

Le parti nord-irlandais DUP, dont les 10 députés alliés au Parti conservateur permettent à Theresa May de disposer d’une majorité au Parlement, a aussi déploré la position du gouvernement américain. Sa chef Arlene Foster a souligné sur Sky News que sa formation userait de « toute son influence sur le gouvernement » dans ce dossier.

« C’est une décision très décevante, mais ce n’est pas la fin du processus, et d’autres étapes suivront », a-t-elle espéré, la décision américaine devant faire l’objet d’une confirmation d’ici le 12 décembre.

Le dirigeant du syndicat Unite en Irlande du Nord, Jimmy Kelly, a toutefois jugé « peu probable » que la décision initiale du secrétariat américain au Commerce soit inversée par le président Trump dont les penchants protectionnistes sont bien connus.

Il a jugé que cette mesure représentait « une menace directe et très sérieuse » sur les emplois locaux, directs ou ceux des sous-traitants ou des prestataires de services qui dépendent de l’activité de Bombardier.

Un mauvais présage pour les relations entre le Royaume-Uni et les États-Unis

Plusieurs personnalités politiques britanniques ont aussi souligné que cette décision de Washington augurait mal des négociations commerciales à venir entre les États-Unis et le Royaume-Uni, lorsque ce dernier aura quitté l’Union européenne.

« Cela ne présage rien de bon pour un éventuel accord commercial américano-britannique », a déploré Hugo Swire, un député conservateur et ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères.

« Les partisans du Brexit nous promettent un super accord commercial avec les États-Unis après notre départ de l’UE […] mais ce que nous constatons, c’est que le gouvernement américain prend une décision complètement opposée à nos intérêts économiques », a souligné l’association proeuropéenne Open Britain.

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Bombardier écrasée par une taxe punitive américaine de 219 %
La relation de bonne entente économique entre le Canada et les États-Unis vient d’être ébranlée et la multinationale canadienne est en état de choc. Washington impose en effet des droits compensatoires de 219,63 %, soit presque trois fois plus que les 79,82 % demandés par Boeing.

Appareil de la CSeries, à Mirabel, après son premier vol Photo Credit: Bombardier

Appareil de la C Series, à Mirabel, après son premier vol
Photo Credit: Bombardier

Appareil de la C Series, à Mirabel, après son premier vol
Photo Credit: Bombardier https://www.rcinet.ca/fr/2017/09/27/bombardier-taxe-punitive-americaine-219-pourcent-droits-compensatoires-boeing-plainte-failles/

RCI avec La Presse canadienne

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