Le moins qu’on puisse dire est que le vainqueur de l’élection partielle en Alberta, Dane Lloyd, est attendu de pied ferme à Ottawa par les libéraux. Ceux-ci le décrivent comme un ennemi des femmes.
Ils n’ont pas perdu de temps pour définir celui qui a remporté haut la main la circonscription de Sturgeon River-Parkland, en Alberta, lundi. Dès mardi, la ministre de la Condition féminine, Maryam Monsef, a profité d’une question en provenance de son côté de la Chambre pour reprocher au jeune homme son recours au terme « féminazie » dans un vieux commentaire publié sur Facebook en 2009.
Elle a également saisi l’occasion pour condamner à nouveau l’étiquette de « Barbie » qu’avait accolée un conservateur à la ministre de l’Environnement et du Changement climatique Catherine McKenna.
« L’égalité entre les sexes est […] au coeur de l’ordre du jour féministe de notre gouvernement. Et nous en constatons les résultats : plus de croissance économique », a déclaré Mme Monsef en réponse à une question n’ayant aucun lien explicite avec l’élection de M. Lloyd.
« Mais dans cette quête, nos paroles et nos actions ont de l’importance. Alors, lorsque des députés de l’autre côté de l’allée traitent nos filles de féminazies, de Barbies, cela nous fait tous reculer », a-t-elle enchaîné.

Des regrets
Les propos du nouveau député avaient été faits il y a huit ans sur Facebook en réaction à la fermeture d’un programme d’études féministes à l’Université de Guelph.
« Je vais probablement me faire assassiner par les féminazies, mais je pense que fermer ce programme est une bonne chose. Cela permettra d’économiser beaucoup d’argent, qui était gaspillé dans un programme inutile », s’était alors réjoui le jeune homme aujourd’hui âgé de 26 ans.
En entrevue avec le réseau de télévision anglophone CTV, début octobre, Dane Lloyd a déclaré s’être laissé emporter par l’émotion et a dit regretter l’utilisation d’un terme qu’il ne répéterait pas aujourd’hui.
Arroseurs arrosés
La réaction de la ministre Monsef de ramener la chose sur le tapis a fait grogner dans les banquettes conservatrices. C’est l’Albertaine Michelle Rempel qui a riposté en brandissant à son tour de vieux commentaires dénichés sur Facebook.
Elle a fait référence, dans sa question, à un message remontant à 2007 dans lequel le député libéral Peter Schiefke suggère, apparemment à la blague, que les tâches ménagères font partie de l’ADN des femmes, selon une capture d’écran consultée par La Presse canadienne.

« Ma question pour le premier ministre est la suivante : va-t-il demander aux femmes de son cabinet de se lever ici pour débattre de qui est plus sexiste qu’un autre, ou commencera-t-il à faire de vrais gestes pour les femmes? », a-t-elle lancé.
Avant son entrée à la période des questions en Chambre, Michelle Rempel n’avait pas voulu réagir directement aux propos de Dane Lloyd, préférant souligner qu’elle était impatiente de discuter de la question des droits des femmes avec son futur collègue.
« Il va venir à Ottawa et il pourra parler pour lui-même. Mais ce qui est certain, c’est qu’il arrivera au sein d’un parti composé de femmes fortes comme moi », a-t-elle offert en mêlée de presse.
D’autant plus qu’en succédant à Rona Ambrose comme député, il prend le relais d’une politicienne qui a une « feuille de route très solide » en matière de défense des droits des femmes, a fait valoir Mme Rempel.
L’ancienne leader intérimaire du parti avait offert son appui à un autre candidat en prévision de l’élection à sa succession dans ce château fort conservateur. Mais la victoire de Dane Lloyd a été sans équivoque, lundi soir. Il a récolté 77,4 % du vote.

Le jeune homme avait donc probablement raison en prédisant, lors de son entrevue au réseau CTV, que la controverse entourant son emploi du terme « féminazie » ne nuirait pas à ses chances de l’emporter.
Nouvelles controverses en vue pour Dane Llyod?
L’Albertain, qui avait travaillé comme adjoint pour des élus conservateurs fédéraux avant de faire lui-même le saut en politique, a cependant laissé derrière lui, sur Facebook, des commentaires qui pourraient rebondir en Chambre d’ici les élections générales.
Il a notamment suggéré en 2009 de créer une succursale canadienne de la National Rifle Association (NRA), la controversée organisation qui défend le libre commerce des armes à feu aux États-Unis. Plus récemment, en juin 2015, il s’est porté à la défense du général des troupes confédérées et esclavagiste américain Robert E. Lee, dont la statue pourrait être démontée à Charlottesville en Virginie.
C’est d’ailleurs pour empêcher le démontage de cette statue que des suprémacistes blancs et néonazis avaient afflué sur Charlottesville en d’août dernier. Le rassemblement avait donné lieu à de violents incidents et conduit à la mort de Heather Heyer, une militante antiraciste de 32 ans, écrasée par la voiture d’un militant de l’extrême droite américaine.
(Avec La Presse canadienne)
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