Le Québec s’est doté il y a quelques années de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) qui, depuis une dizaine de jours, est au cœur d’une tempête politique et médiatique.

On l’accuse d’abus de pouvoir dans la foulée de l’arrestation de Guy Ouellette, un ancien dirigeant policier et député du gouvernement libéral. Au moment de son arrestation, il militait pour l’adoption d’un projet de loi en faveur d’une surveillance et supervision améliorées des activités de l’UPAC.
En outre, Guy Ouellette enquêtait sur des pratiques de l’UPAC qu’il jugeait douteuses.
Le député a été attiré par les policiers dans un guet-apens, dans un lieu public. Il a ensuite été interrogé pendant de nombreuses heures. À ce jour cependant, il n’a pas été formellement accusé.
Malaise politique par rapport à cette action policière

Tant pour ce qui est de la forme que du fond, cette arrestation crée un énorme malaise au sein de l’ensemble de la classe politique québécoise.
Dénonçant les méthodes des enquêteurs de l’UPAC, le président de l’Assemblée nationale Jacques Chagnon a décoché cette flèche : « Qu’on accuse ou qu’on s’excuse ».
Mettant de côté la neutralité parlementaire dont il doit normalement faire preuve, Jacques Chagnon a ajouté que les corps policiers doivent être redevables, sinon on peut craindre les dérives totalitaires.
Cette tirade suggère que l’UPAC est peut-être devenue un État dans l’État.
Écoutez
Interrogé pendant des heures par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) sans faire l’objet d’accusations, le député Guy Ouellette a déclaré, mardi dernier, avoir été «victime d’un coup monté» et qu’on cherchait à l’intimider, lors d’une déclaration solennelle à l’Assemblée nationale. © Photo : La Presse canadienne/Jacques Boissinot
L’Unité permanente anticorruption tente de se justifier

La semaine dernière, quelques heures après que le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, eut invité l’UPAC à donner « le plus de précisions possible » sur les circonstances et les motifs de l’arrestation du député, les responsables policiers ont tenu une longue conférence de presse.
Accompagné du directeur des opérations de l’UPAC, l’inspecteur André Boulanger, et du commissaire associé aux vérifications de l’intégrité des entreprises, Marcel Forget, le commissaire Robert Lafrenière a dit avoir la certitude que le Directeur des poursuites criminelles et pénales allait porter des accusations dans cette affaire.
Mais, interrogé à savoir s’il faisait référence à M. Ouellette, le chef de l’UPAC a déclaré : « Ce n’est pas ce que je dis ».

Une unité policière qui va trop loin?
Les explications de l’UPAC en conférence de presse sur l’absence d’accusations envers le député Guy Ouellette n’ont pas rassuré les élus des différents partis, et un mouvement se dessine maintenant pour augmenter les contrôles de l’État sur l’unité d’enquête policière.
Le gouvernement du Québec se dit « favorable » à l’idée de constituer un comité de surveillance pour « superviser et encadrer » le travail de l’UPAC, comme l’a proposé le parti d’opposition Coalition avenir Québec (CAQ).
Un tel comité de surveillance serait semblable à celui qui encadre le travail de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Martine Biron, Michel C. Auger, Claude Bernachez et Sébastien Bovet de Radio-Canada
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