Le drapeau iranien devant le siège des Nations unies à Vienne, où flottent les drapeaux de tous les pays membres

Le drapeau iranien devant le siège des Nations unies à Vienne, où flottent les drapeaux de tous les pays membres
Photo Credit: Heinz-Peter Bader / Reuters

Le rapprochement en coulisse entre le Canada et l’Iran se poursuit

Le gouvernement canadien de Justin Trudeau a récemment dépêché en sol iranien, pour la deuxième fois depuis son élection il y a deux ans, une délégation diplomatique canadienne dans l’espoir de réchauffer l’une des pires relations que le pays entretienne avec une autre nation.

Dans une note de service destinée à la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, obtenue par La Presse canadienne grâce à la Loi sur l’accès à l’information, on apprend que cinq fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada se sont rendus à Téhéran, du 14 au 17 octobre dernier, afin d’y rencontrer des responsables de niveau supérieur au ministère iranien des Affaires étrangères.

Le Canada a rompu ses liens diplomatiques avec l’Iran en septembre 2012. Le gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper avait alors ordonné la fermeture de l’ambassade canadienne en Iran et l’expulsion de tous les diplomates iraniens en poste au Canada.

Tous les pays du G20 et de l’OTAN, sauf les États-Unis, le Canada et l’Arabie saoudite, ont aujourd’hui une présence diplomatique à Téhéran.

Des droits de la personne au traité sur le nucléaire

Lors de ces entretiens secrets, les Canadiens ont abordé des questions liées aux droits de la personne et discuté d’avoirs iraniens saisis par le Canada, comme l’immeuble de l’ancienne ambassade d’Iran à Ottawa.

Le fameux accord sur le nucléaire iranien a aussi fait l’objet de discussions « pour réaffirmer l’opinion du Canada que ce processus doit continuer », indique une source gouvernementale, commentant la note de service.

Cette mission diplomatique, que l’hebdomadaire spécialisé en politique fédérale The Hill Times a été le premier à rapporter dans son édition du 1er novembre, s’inscrit dans la volonté du gouvernement libéral de se réengager avec la puissance nucléaire, et éventuellement de rouvrir l’ambassade canadienne en Iran.

Le gouvernement canadien n’a pas fourni d’échéancier précis concernant une éventuelle réouverture de l’ambassade canadienne à Téhéran. Une source gouvernementale a cependant reconnu que ce serait « difficile » d’y parvenir avant la fin du premier mandat, en 2019.

Ancienne ambassade iranienne au Canada
Ancienne ambassade iranienne au Canada © PC/Fred Chartrand

Analyse de Thomas Juneau,

Thomas Juneau

Thomas Juneau

Ce professeur à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa s’attend à ce que la réouverture d’ambassades des deux pays prenne du temps : « Tant pour le Canada que pour l’Iran, même si la volonté de rouvrir une ambassade est là des deux côtés, ce n’est pas une priorité ».

Il s’agirait en fait pour le moment d’une mission impossible, car l’ex-premier ministre Stephen Harper a « lié les mains des futurs gouvernements canadiens en adoptant, en 2012, une Loi visant à décourager les actes de terrorisme contre le Canada et les Canadiens ».

Thomas Juneau explique : « Selon cette loi-là, parce que l’Iran est sur la liste des États qui soutiennent le terrorisme, tous les biens du gouvernement iranien au Canada peuvent être saisis par les tribunaux ».

Ainsi, pour Téhéran, rouvrir une ambassade au Canada pourrait se révéler hasardeux, car « il y a une possibilité que vos biens – avec une ambassade, il y a des voitures, des appartements, des comptes en banque – soient saisis », expose M. Juneau. Et, pour le gouvernement Trudeau, retirer l’Iran de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme est inimaginable, croit-il.

Le Canada maintient des sanctions contre l’Iran

En février 2016, le gouvernement de Justin Trudeau, qui n’était au pouvoir que depuis trois mois, avait annoncé le retrait de sanctions économiques contre l’Iran.

Cette décision devait permettre aux entreprises canadiennes de se positionner sur ce marché convoité de 80 millions d’habitants.

Par contre, les restrictions frappant les exportations vers l’Iran de marchandises, de services et de technologies considérés comme critiques étaient maintenues.

Le gouvernement canadien continue de bloquer toute exportation de marchandises et de technologies nucléaires, « ainsi que celles qui pourraient aider au développement du programme de missiles balistiques de l’Iran ».

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Kenneth Taylor, l’ancien diplomate canadien qui avait accueilli six citoyens américains lors de la crise des otages en Iran en 1979, est mort il y a deux ans d’un cancer à l’hôpital presbytérien de New York à l’âge de 81 ans.

L’ancien ambassadeur canadien Kenneth Taylor, est ici en compagnie du président américain Ronald Reagan. (Source: archive de Radio-Canada)

L’ancien ambassadeur canadien Kenneth Taylor, est ici en compagnie du président américain Ronald Reagan. (Source: archive de Radio-Canada)

RCI avec La Presse canadienne

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L’ambassade canadienne à Téhéran est fermée depuis 2012.
L’ambassade canadienne à Téhéran est fermée depuis 2012. © CBC
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, à l'Assemblée générale des Nations Unies à New York en septembre quelques semaines avant la deuxième visite officielle du ministre des Affaires étrangères à Téhéran.
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, à l’Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre quelques semaines avant la deuxième visite officielle du ministre des Affaires étrangères à Téhéran. © PC/Andrew Vaughan
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