À quoi pourrait donc ressembler, dans 50 ans, Montréal, Toronto ou Vancouver, si les citoyens de ces trois plus grandes villes canadiennes pouvaient décider librement et collectivement de leur urbanisme et si certains urbanistes pouvaient les guider?
La première conséquence serait assurément la disparition des ruelles grises et des places de stationnement, car la collectivité voudrait remplacer la couleur grise par le vert. La révolution verte effectue déjà des bonds remarquables depuis cinq ans.
Si Vancouver semble en avance de mille lieux, Montréal multiplie les projets de ruelles vertes. Les ruelles grises seraient même une espèce en voie de disparition. Cinquante ont mordu la poussière uniquement cette année.
À Montréal, depuis 1997, 346 ruelles vertes ont été aménagées. En fait, ce mouvement de réappropriation des ruelles et des trottoirs pour le mieux-être des piétons envahit maintenant les espaces publics abandonnés, que l’on verdit aussi.
Mais les citoyens qui ont le pouce vert n’en seraient qu’aux premières années de leur élan révolutionnaire. Les super-blocs sans rue nous attendraient peut-être, en définitive.
ÉcoutezLes super-blocs pour redonner la priorité aux piétons et faire obstruction aux autos
Un nouveau modèle d’urbanisme mis à l’essai à Barcelone ces dernières années pourrait constituer l’espace urbain canadien de demain.
Que diriez-vous si l’on divisait votre quartier, comme dans un jeu de Sim City, en grandes sections repliées sur elles-mêmes, où seuls les véhicules des résidents de ces mini-quartiers ou super-blocs auraient le droit de circuler.
En fait les résidents de ces super-blocs pourraient très bien se passer d’autos, car ils ne seraient jamais qu’à plus de 300 mètres d’un arrêt d’autobus où l’on pourrait les cueillir toutes les 5 minutes.
À l’intérieur d’un super-bloc résidentiel, tous les véhicules n’appartenant pas à un résident, y compris les autobus et les camions, seraient détournés vers des voies périphériques plus larges entourant le super-bloc. C’est le concept du cul-de-sac « sur stéroïdes ».
Même les commerces locaux prisonniers de ces super-blocs devraient apprendre à se plier à la nouvelle puissance citoyenne. La vitesse des véhicules de livraison serait ainsi réduite à 10 km/h, et l’heure et le passage des camions seraient limités à l’heure du midi, par exemple.
Ici aussi, fini les places de stationnement à l’infini. Les super-blocs les avalent, comme dans un jeu de vidéo Pac Mac, laissant à l’arrière des terrains de jeux, des pistes cyclables, des parcs ou des aménagements paysagers.
RCI avec la contribution de Jean-René Dufort, Dominic Brassard, Isabelle Craig, Louis-Philippe Ouimet, Catherine Perrin et Patrick Masbourian de Radio-Canada
En complément
La ville moderne, où tout doit être accessible à tous – Radio-Canada
Urbanisme tactique : quand les citoyens dynamisent la ville – Radio-Canada
Montréal doit redevenir la ville des grands projets, croit Nicolas Duvernois – Radio-Canada
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.