Arrivée des demandeurs d’asile à Lacolle, à la frontière du Québec avec les États-Unis l'été dernier.

Arrivée des demandeurs d’asile à Lacolle, à la frontière du Québec avec les États-Unis l'été dernier.
Photo Credit: Radio-Canada

Trump retire le statut spécial à 58 000 Haïtiens. À quoi s’attendre au Québec et à la frontière canadienne?

Après le terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti en 2010, ces Haïtiens ont quitté leur île pour trouver refuge aux États-Unis. Le président américain de l’époque, Barack Obama, leur avait alors accordé un statut de protection temporaire. Ce statut, qui leur permettait de vivre et de travailler légalement aux États-Unis, leur sera maintenant retiré.

La question à présent est de savoir si le Canada doit anticiper l’arrivée le long de sa frontière d’une vague d’Haïtiens tentant de trouver refuge ici, et si il est prêt à les recevoir.

La réponse serait non selon certains, pas dans l’immédiat en tout cas. Le statut de protection temporaire a été prolongé une dernière fois jusqu’en juillet 2019 afin de donner un peu de temps en théorie à ces dizaines de milliers d’Haïtiens pour préparer leur retour dans leur pays natal.

Le scénario d’une nouvelle crise migratoire

En pratique pourtant, l’affaire pourrait rapidement dégénérer en une crise migratoire comme celle qui est venue heurter la frontière du Canada l’été dernier.

Des dizaines de tentes avaient été installées pour accueillir des demandeurs d’asile à Saint-Bernard-de-Lacolle au Québec. Photo : Radio-Canada
Des dizaines de tentes avaient été installées pour accueillir des demandeurs d’asile à Saint-Bernard-de-Lacolle au Québec. Photo : Radio-Canada

Rappelons que c’était justement une annonce plus tôt cette année par l’administration Trump du réexamen du statut de ces Haïtiens qui avait entraîné un afflux de milliers de demandeurs d’asile à la frontière entre les États-Unis et le Canada, particulièrement au Québec. La situation avait pris les autorités par surprise.

L’été dernier, quelque 7000 demandeurs d’asile, en majorité des Haïtiens, sont arrivés au Québec en provenance des États-Unis pour réclamer un statut de réfugié.

Cette fois-ci, les ressources nécessaires à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et aux agents frontaliers pour gérer un afflux de demandeurs d’asile seraient en place, de même que des plans d’urgence pour répondre à divers scénarios, selon le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale.

La frontière au niveau de la province du Québec pourrait être à nouveau dans l’oeil de la tourmente.

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Arrivée des demandeurs d’asile à Lacolle, à la frontière du Québec avec les États-Unis l'été dernier.
Arrivée des demandeurs d’asile à Lacolle, à la frontière du Québec avec les États-Unis l’été dernier. © REUTERS/Christinne Muschi

Le Canada n’est pas aussi accueillant qu’on le dit

Un porte-parole du ministère de l’Immigration, Hursh Jaswa, déclare que même si le Canada demeure un pays ouvert et accueillant pour les personnes cherchant refuge, quiconque entre au Canada doit le faire par les voies appropriées.

« Entrer irrégulièrement n’est pas un billet gratuit pour le Canada », déclare Hursh Jaswa.

« Il y a des règles rigoureuses à suivre et le même processus d’évaluation rigoureux s’applique. Ceux qui sont déterminés à être véritablement à risque sont les bienvenus, ceux qui sont déterminés à ne pas avoir besoin de la protection du Canada sont éliminés », a-t-il ajouté.

Pourtant, une annonce récente que le Canada acceptera près d’un million d’immigrants au cours des trois prochaines années a été présentée dans un média haïtien comme une preuve que le Canada ouvrait ses portes à un million d’immigrants dès cette année.

Elle a aussi été relayée comme une preuve de l’accueil probable par le Canada de citoyens d’origine haïtienne vivant aux États-Unis.

Le saviez-vous?
– L’afflux de demandeurs d’asile avait mené l’été dernier à une campagne canadienne auprès des communautés haïtiennes aux États-Unis pour expliquer que contrairement aux croyances, une forte proportion de migrants entrant illégalement au Canada ne serait pas autorisée à rester et qu’il serait déporté aux États-Unis.
– Deux députés libéraux fédéraux se sont rendus à Miami et à New York la semaine dernière et au cours du week-end pour réitérer le message.
– Un troisième député, le Canadien d’origine haïtienne Emmanuel Dubourg, se rend à New York, mardi, pour s’entretenir avec des membres du bureau du maire et des groupes de la diaspora de cette ville.

Emmanuel Dubourg
Emmanuel Dubourg © PC/Fred Chartrand

RCI avec La Presse canadienne et la contribution d’Émilie Dubreuil, Hugo Lavallée, Patrick Masbourian, Mathieu Dion et Alain Gravel de Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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