Le déclin de l’information régionale au Canada, cela fait des années qu’on en parle. Chez les artisans, l’impuissance le dispute à l’incompréhension et au désespoir. Dernier épisode en date, la disparation de 34 journaux (5 quotidiens et 29 hebdomadaires) des groupes de presse Torstar et Postmedia.
Les artisans de la culture et des communications du Québec et du Canada sont inquiets. Leurs secteurs d’activité, disent-ils, « vivent un choc et un déclin extrêmement brutaux ». Les salles de nouvelles sont à l’agonie, particulièrement en région. Et la crise risque de s’aggraver si Ottawa reste sourd à leur cri du cœur.
En septembre, le Conseil provincial du secteur des communications (CPSC) et 38 autres organismes ont tiré sur la sonnette d’alarme en septembre. Dans un manifeste intitulé Continuité-équité-soutien, ils ont à la fois établi un état des lieux et proposé des solutions au gouvernement.

Ils suggèrent notamment « le maintien de la philosophie d’intervention qui a permis le développement de notre culture et de nos médias ».
Ils réclament également la « mise à jour des lois et politiques en vigueur pour que toutes entreprises soient traitées équitablement en matière de fiscalité, de taxation et de réglementation ».
Enfin, ils demandent à Ottawa de mettre à profit tous les leviers disponibles (législatifs, réglementaires, fiscaux et financiers) pour assurer la vitalité des industries.
Richard Labelle est le vice-président du Conseil provincial du secteur des communications (CPSC)
ÉcoutezUne tendance qui s’accentue
La disparition des médias régionaux signifie la perte des contenus spécifiques à certaines communautés. En 2016, devant le comité parlementaire du Patrimoine canadien qui planchait sur l’avenir des médias locaux, le président d‘Influence Communication, une firme québécoise de courtage en information médias, Jean-François Dumas, notait qu’au cours des 15 dernières années, les régions québécoises avaient perdu 88 % de leur poids dans l’écosystème médiatique.

Au début des années 2000, presque 8 % de tout le contenu médiatique quotidien au Québec était consacré aux régions. En 2016, cette proportion était réduite à moins de 1 %. En clair, selon M. Dumas, « les particularités régionales tendent à disparaître. On a le même contenu diffusé au Québec, de Gaspé à Gatineau. Les régions disparaissent peu à peu de l’écosystème médiatique ».
Ailleurs au Canada, le tableau est tout aussi sombre selon M. Dumas, en particulier en ce qui concerne les communautés francophones hors Québec. Les francophones hors Québec, qui représentent plus de 3 % de la population, ne sont présents que « dans la moitié de 1 % de l’ensemble des nouvelles au Canada ».
Pour M. Dumas, c’est « l’équivalent de la médiatisation de l’horoscope dans les médias au Canada, ou de cinq minutes de diffusion d’une partie de hockey. Donc, les communautés francophones hors Québec disparaissent peu à peu elles aussi de l’écosystème médiatique ».
(Sources: CPSC, Le Droit)
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