Comme bien d’autres métropoles, Montréal (ici vue de la Station spatiale internationale) perd une grande partie de sa lumière vers le ciel et l’espace? La pollution lumineuse sur Terre a augmenté d'environ 2 % par an de 2012 à 2016, tant en quantité qu'en intensité, affirment des chercheurs.

Comme bien d’autres métropoles, Montréal (ici vue de la Station spatiale internationale) perd une grande partie de sa lumière vers le ciel et l’espace? La pollution lumineuse sur Terre a augmenté d'environ 2 % par an de 2012 à 2016, tant en quantité qu'en intensité, affirment des chercheurs.
Photo Credit: Photo Credit: NASA

Une vue extra-terrestre de notre planète encore plus brillante

Une civilisation extra-terrestre munie d’un télescope optique qui serait par exemple 1000 fois plus puissant que les nôtres ne décèlerait peut-être pas la différence. Mais vue de la Lune, la Terre apparaît de plus en plus brillante la nuit. La faute revient, comme on l’observe au Canada, à un usage excessif des lampes à diode électroluminescente (DEL).

Selon une nouvelle enquête d’une équipe de chercheurs internationaux, publiée dans la revue Science Advances, la pollution lumineuse de surface a augmenté en raison de ce que l’on appelle l’effet rebond. L’éclairage est devenu moins cher de sorte que les gens utilisent plus de lumières plus souvent.

L’étude a également montré que l’augmentation de la pollution lumineuse correspond à l’augmentation du produit intérieur brut (PIB). Les pays en développement affichent la croissance la plus rapide.

Au cours des quatre dernières années, la surface artificiellement éclairée de la Terre a ainsi augmenté de 2 % par an, soit 9,1 % au total.

Un chercheur canadien mène l’enquête

Christopher Kyba

Christopher Kyba

Selon le chercheur principal Christopher Kyba, un physicien albertain au Centre allemand de recherche géoscientifique GFZ, les données proviennent du VIIRS (Visible Infrared Imager Radiometer Suit) à bord du satellite Suomi-NPP.

« Ce que je m’attendais à voir, c’est que dans les pays riches – les États-Unis, les pays avec beaucoup d’éclairage – les villes allaient changer pour les DEL et cela les rendrait plus sombres. Mais il s’avère que les États-Unis sont restés à plat et que d’autres pays comme l’Allemagne sont devenus plus brillants, ce qui signifie que l’augmentation est encore plus importante que ce que nous rapportons ici. »

Christopher Kyba ajoute que le faible coût de l’éclairage mène à des initiatives troublantes comme l’illumination du pont Jacques-Cartier à Montréal cet été pour souligner le 375e anniversaire de la ville. « Vous voyez des choses comme le pont de Montréal. Dans les années 70, nous n’aurions pas pensé à faire ça, parce que nous pensions : »C’est fou, c’est cher! » Mais maintenant, c’est comme si vous pouviez faire ce truc incroyable avec les DEL, pourquoi ne le faisons-nous pas? »

Écoutez

Le Canada est l’un des pays les plus visibles de l’espace

Vu de l’espace, le Canada est très lumineux surtout dans sa région à l’est où se concentrent plusieurs de ses grandes villes. C’est l’un des grands champions mondiaux de la pollution lumineuse.

Le Canada fait partie en fait des quatre ou cinq pays qui sont le plus visibles de l’espace la nuit . Dans les grandes agglomérations canadiennes, plus de 97 % des étoiles ne sont plus visibles.

La ville de Québec (300 000 habitants) génère autant de pollution lumineuse que celle de Boston (5 millions d’habitants) ou que la région parisienne (12 millions d’habitants).

La région de Montréal (près de 3 millions d’habitants) éclaire autant que celle de New York (presque 20 millions d’habitants).

La nuit vu de l’espace, le sud-est du Canada où vit 85 % de la population ressemble à un collier de perles extrêmement brillant

La nuit vu de l’espace, le sud-est du Canada où vit 85 % de la population ressemble à un collier de perles extrêmement brillant

Lumières sur la ville : une menace pour la santé

La lumière blanche des ampoules DEL qui contient de grandes quantités de lumière bleue est liée à de nombreux problèmes de santé comme les cancers du sein et de la prostate.

Cette lumière artificielle peut perturber le rythme circadien et l’horloge biologique, ce qui accroît le risque de cancer, de diabète et de dépression.
Ensuite, il y a les effets sur la faune : les oiseaux migrateurs qui volent la nuit peuvent être déviés de leur trajectoire. Beaucoup s’écrasent contre des bâtiments illuminés.

La pollution lumineuse a également perturbé les habitudes de nidification et d’importantes habitudes de recherche de tortues marines.

Elle peut aussi inhiber la dormance des végétaux, qui leur permet de survivre aux rigueurs de l’hiver.

Certains Montréalais ont exprimé leur inquiétude sur le fait que les lumières LED de 4000K dans les rues résidentielles seraient trop perturbatrices. (iStock)
Certains Montréalais ont exprimé leur inquiétude sur le fait que les lumières LED de 4000K dans les rues résidentielles seraient trop perturbatrices. (iStock)

RCI avec CBC et la contribution de Geneviève Murchison, Sophie-Andrée Blondin, Matthieu Dugal, Jean-Sébastien Cloutier et Johane Despins de Radio-Canada

En complément

Éclairage à Montréal : l’idée d’introduire des diodes électroluminescentes inquiète – RCI 

La pollution lumineuse ne cesse d’augmenter – Radio-Canada 

Energy-efficient light bulbs increasing light pollution, new study suggests – CBC 

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Catégories : Environnement et vie animale, Internet, sciences et technologies, Santé
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