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Les Premières Nations veulent, elles aussi, tirer profit de la manne du « pot ».
Photo Credit: Mark Blinch/Reuters

Le «buzz» économique sur le «pot» souffle sur les Premières Nations

PRESSE CANADIENNE – Toutes les enquêtes le démontrent, le pot (marijuana ou cannabis) est la drogue la plus consommée au Canada. Maintenant qu’il va être légalisé, autant en faire une activité économique lucrative. Tel est le raisonnement de certains membres des Premières Nations.

Phil Fontaine, homme politique et dirigeant d’une entreprise qui produit du cannabis thérapeutique a sillonné le pays au cours des derniers mois  pour sensibiliser les membres des Premières Nations aux possibilités qu’offre la marijuana, un secteur économique en forte croissance.

« À chaque endroit où nous avons été, nous avons eu la même réaction: de l’intérêt et de l’excitation. Lorsque des Premières Nations parlent de possibilités et de potentiel, c’est très encourageant » a dit l’ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations.

Les entreprises de production de marijuana représentent un  « potentiel énorme » pour les Premières Nations, en partie parce que les communautés peuvent s’investir dans ce domaine en même temps que le reste de la population, plutôt que de faire du rattrapage des années plus tard comme c’est souvent le cas, a mentionné M. Fontaine.

L’ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations Phil Fontaine veut que le gouvernement fédéral reconnaisse les droits linguistiques des autochtones.
L’ancien chef national de l’Assemblée des Premières Nations Phil Fontaine veut inciter les autochtones à s’investir dans l’exploitation économique de la marijuana. © Jaceues Boissinot/Presse canadienne

Une occasion dont il faut profiter

« C’est une opportunité unique. Ce secteur est différent de tous les autres que les communautés autochtones ont expérimentés dans le passé. Tout le monde est sur les blocs de départ en même temps » s’est-il enthousiasmé.

Phil Fontaine est le président-directeur général de Indigenous Roots, une compagnie qui produit de la marijuana thérapeutique par et pour les Premières Nations à travers le Canada. La compagnie est en fait une coentreprise fondée avec Cronos Group, un producteur de cannabis médicinal homologué par Santé Canada. Lorsqu’Indigenous Roots commencera réellement ses opérations, les profits seront séparés à parts égales entre Cronos et les Premières Nations.

Bien que le cannabis récréatif devrait devenir légal l’été prochain au Canada, Indigenous Roots centrera ses activités sur la distribution de marijuana thérapeutique destinée aux Premières Nations. Phil Fontaine fait valoir que les autochtones ont plus de difficultés à se procurer cette drogue douce sous prescription que le reste de la population.

Nous voulons nous assurer que ce service est accessible à toutes nos communautés à travers le pays

Les revenus provenant de la vente de marijuana à usage récréatif ont dépassé en 2015 ceux issus de la vente d’alcool, au Colorado.
Outre les bénéfices liés à la vente, la production de la marijuana devrait aussi créer des emplois dans des communautés autochtones. © Radio-Canada

Indigenous Roots prévoit construire une serre de production à proximité d’une installation de Cronos à Armstrong, en Colombie-Britannique, avec l’objectif de fournir des patients d’ici la fin de 2018, a expliqué en entrevue le président-directeur général de Cronos Mike Gorenstein.  Il a ajouté que les employés de Cronos formeront les membres des Premières Nations.

« À moyen et long terme, cette serre sera opérée par les Premières Nations », a-t-il soutenu. « Notre engagement est de nous assurer que tout le savoir que nous détenons et que nous continuons à acquérir, que nous le partagions et que nous soyons là pour les soutenir. »

Cette nouvelle installation devrait créer entre 30 et 50 emplois, sans compter les postes qui pourraient être créés en marketing, en ventes et en comptabilité, a fait valoir M. Gorenstein. D’autres serres pourraient s’ajouter par la suite.

Des partenariats

Ce type de collaboration n’est toutefois pas unique au Canada. Une entreprise de production de cannabis située dans le nord de l’Ontario a également conclu un partenariat avec des communautés autochtones locales. Quarante-neuf Premières Nations ont investi dans 48North Cannabis, leur permettant de détenir environ 20 % de la compagnie, a expliqué la présidente-directrice générale Alison Gordon.

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La marijuana reste la drogue la plus consommée au Canada © Chris Roussakis/AFP/Getty Images

Elle mentionne également que l’entreprise s’est engagée à recruter des travailleurs parmi les communautés établies à proximité de ses installations de Kirkland Lake, ainsi qu’à financer des activités de sensibilisation aux dangers de l’alcool et la drogue. La compagnie est toujours en attente d’une autorisation de Santé Canada avant de commencer la distribution du produit. 48North Cannabis pourrait également fournir le marché récréatif, révèle Mme Gordon.

Les Premières Nations prendront part aux décisions liées à la croissance de la compagnie, a-t-elle assuré. » Cela fait partie de notre ADN. Nous voulons travailler avec nos partenaires autochtones pour choisir des produits qui seront importants pour leurs communautés, pour les aider à éduquer leurs communautés

Impact économique du pot

  • Selon les estimations de la banque CIBC datées de 2016, la marijuana rapporterait entre 3 et 10 milliards de dollars chaque année en revenus fiscaux aux gouvernements.
  • Une consommation récréative de 770 tonnes de marijuana génèrerait des recettes d’environ 5 milliards.
  • Selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), le marché québécois du cannabis récréatif s’élèverait à 1,3 milliard $ annuellement.
  • 10 ans après la légalisation, le marché québécois pourrait avoir une valeur de 3,2 milliards $ en raison de la disparition progressive du marché noir,
  • Une autre étude, cette fois de la firme Deloitte indique la marijuana et ses produits dérivés représenteraient un marché annuel de plus de 14 milliards $ au Canada.

Consommation

  • En 2015, plus de 40% des Canadiens âgés de 15 ans et plus ont rapporté en avoir déjà consommé dans leur vie (44,5 %).
  • En 2014, 12,3 % ont dit en avoir fait usage, soit 3,6 millions de consommateurs .
  • Les jeunes adultes de 20 à 24 ans représentent le groupe où l’on retrouve la plus grande proportion de consommateurs, soit près de 30 %.
  • Cette proportion est de 20,6 % chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans
  • Les adolescents canadiens âgés de 11, 13 et 15 ans sont, les plus nombreux en proportion à avoir consommé du cannabis au cours de la dernière année, par rapport à d’autres jeunes du même âge d’autres pays développés

Quelques enjeux de santé

  • Bien qu’il procure une sensation de détente, le cannabis peut provoquer des effets désagréables, non désirés ou même néfastes sur le cerveau et l’organisme.
  • Confusion
  • Fatigue
  • Capacité réduite de se souvenir, se concentrer, de prêter attention
  • Anxiété, peur ou panique
  • Capacité réduite de réagir rapidement
  • Paranoïa, délires, hallucinations

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Catégories : Autochtones, Économie, Santé, Société
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