Fumer un joint de marijuana.pendant sa pause sera bien légal. Mais l'employeur sera-t-il toujours productif ? La question préoccupe des services des ressources humaines.
Photo Credit: Ben Nelms/Reuters

«Pot» légal : que faire des employés «gelés» au travail?

PRESSE CANADIENNE – Certains employeurs craignent que la traditionnelle « pause santé » prenne parfois un tout autre sens lorsque la marijuana sera légalisée au Canada. Certes, il sera interdit de « fumer un joint » au travail. Mais puisqu’un employé pourra fumer avant son quart de travail, pendant la pause (repas ou  santé), à quoi devrait-on s’attendre?

Casse-tête en perspective pour les services des ressources humaines qui commencent déjà à s’inquiéter des états seconds au travail, voire des accidents. Ils s’inquiètent également des risques  d’une baisse de la productivité et d’une hausse de l’absentéisme. Même si les réglementations provinciales encadrent l’usage de la marijuana dans la vie quotidienne, certains employeurs se demandent comment on pourra mesurer les  « facultés affaiblies » par le pot, et à quelles conditions un patron pourra exiger un test de dépistage.

De gros employeurs se demandent d’ailleurs déjà qui se rendra le premier devant les tribunaux pour tester les limites des différents cadres réglementaires provinciaux et de la légalité de mesures disciplinaires imposées à un employé un peu trop  « gelé » au goût du patron. En l’absence d’une définition claire et précise de la notion de  « capacités affaiblies », plusieurs directions des ressources humaines se demandent comment adapter les politiques de leur entreprise à cette légalisation, surtout dans des milieux de travail qui ne sont pas particulièrement dangereux.

Employé démotivé
Il sera difficile pour les employeurs de de composer avec une éventuelle consommation du pot avant et pendant le travail, © IS/Ljupco Smokovski

Il sera ainsi difficile de déterminer précisément la limite d’intoxication à ne pas franchir, de composer avec une éventuelle consommation avant le travail, ou de mesurer une prétendue baisse de performance au boulot. Scott Allinson, de l’Association des professionnels en ressources humaines, rappelle que de telles politiques existent déjà en matière d’alcool  pour les pilotes d’avion ou les chauffeurs de camion, par exemple. Mais qu’en sera-t-il pour les emplois qui comportent moins de risques?

Difficile de mesurer les facultés affaiblies

Il n’existe à l’heure actuelle aucun test fiable pour mesurer les facultés affaiblies par la marijuana. Une analyse sanguine peut certes mesurer le taux de THC, ingrédient actif du cannabis, mais ce taux ne mesure pas l’incapacité, qui varie selon les individus. Ainsi en est-il de l’alcootest, qui ne mesure pas l’ivresse.

Par ailleurs, le THC peut demeurer présent dans le système sanguin de 24 à 48 heures après la consommation. Et le test sanguin peut se révéler positif si l’on a inhalé de la fumée secondaire dans une pièce fermée, selon une étude récente de l’Université de Calgary. Le Syndicat canadien de la fonction publique craint que les employeurs utilisent la légalisation de la marijuana pour pousser les limites de la loi qui balise actuellement de façon très serrée le dépistage aléatoire de drogues en milieu de travail.

Des jeunes fument de la marijuana pendant le rassemblement 4-20 à Vancouver en 2015
Les jeunes sont les plus gros fumeurs de marijuana © Al Stewart/ICI Radio-Canada

Taux de consommation de cannabis chez les Canadiens de 15 ans et plus, par province, 2015 (Moyenne nationale : 12,3 %)

  • Colombie-Britannique : ( 17,3 %),
  • Nouvelle-Écosse (14,4 %)
  • Ontario (12,8 %)
  • Manitoba (11,3 %)
  • Alberta (11,1 %)
  • Saskatchewan (10,2 %)
  • Terre-Neuve-et-Labrador (9,9 %);
  • Québec (9,8 %);
  • Nouveau-Brunswick (9,0 %);
  • Île-du-Prince-Édouard (8,2 %);

(Source : Statistique Canada)

Fréquence de l’usage de cannabis au Québec en 2014-2015 (chez les 15 ans et plus)

  • 52,0 % des consommateurs en font usage moins d’une fois par mois;
  • 15,2 % en font usage de 1 à 3 fois par mois;
  • 8,5 % en font usage 1 fois par semaine;
  • 13,5 % en font usage plus d’une fois par semaine;
  • 10,8 % en font usage à tous les jours.

(Source : Institut de la statistique du Québec)

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Catégories : Économie, Santé, Société
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