La religion musulmane est l'une des principales cibles des attaques verbales et des crimes haineux au Canada. Photo Credit: Facebook

La religion musulmane est l'une des principales cibles des attaques verbales et des crimes haineux au Canada. Photo Credit: Facebook

Hausse en flèche des crimes et propos haineux au Canada?

Selon le Centre de prévention de la radicalisation de Montréal, les appels reçus pour dénoncer les actes ou propos haineux ont monté en flèche durant les 12 derniers mois qui ont suivi la tuerie à la mosquée de Québec le 29 janvier 2017.

Herman Deparice-Okomba, le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. © Bahador Zabihiyan Hausse en flèche des crimes et propos haineux : une tendance nationale.

Herman Deparice-Okomba, le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. © Bahador Zabihiyan Hausse en flèche des crimes et propos haineux : une tendance nationale.

Ces signalements ont triplé entre 2016 et 2017. Le centre rapporte ainsi 17 appels en 2015, 52 en 2016 et 166 en 2017.

Le directeur général du centre, Herman Deparice-Okomba, qui parle de la tuerie comme d’un « tournant », est toutefois d’avis que cela ne signifie pas qu’il y a une augmentation des crimes et incidents haineux contre les musulmans au Québec ou que la situation y est pire qu’ailleurs.

Il est plutôt d’avis que les citoyens, qui ont vu six musulmans tués par balles l’an dernier, ne veulent pas prendre de risque qu’un tel drame se reproduise et rapportent davantage les propos et incidents dirigés vers une communauté en particulier.

Inscrire ce témoignage dans un contexte plus large

S’appuyant pourtant sur les données compilées par les corps de police du pays, Statistique Canada révélait l’an dernier que le nombre de crimes et d’incidents était en hausse très nette au Québec et au Canada durant les années avant la tragédie de Québec.

En 2015 par exemple, 1362 crimes motivés par la haine d’un groupe identifiable ont été rapportés, soit 67 de plus que l’année précédente.

Lors d’une conférence de presse sur la colline du Parlement à Ottawa, le 13 juin 2017, organisée par le Conseil national des musulmans du Canada en réaction à la publication de ces chiffres, le Conseil national des musulmans canadiens suggérait que les autorités canadiennes sont aveugles à l’ampleur du problème, car elles ne possèdent pas des chiffres fiables.

De nombreux corps de police par exemple n’ont pas d’unités vouées aux crimes haineux. Et là où il y en avait auparavant, elles ont été abolies, faute de financement.

Canada Amira Elghawaby, du Conseil national des musulmans canadiens affirmait que la plupart que les groupes le plus souvent ciblés par les crimes et incidents haineux vivent dans une sorte de « trou noir », parce que ces situations sont trop peu documentées, quand elles le sont tout court.

Écoutez
Conférence de presse sur la colline du Parlement à Ottawa, le 13 juin 2017, organisée par le Conseil national des musulmans du Canada en réaction à la publication par Statistique Canada d’un rapport sur les crimes haineux Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Conférence de presse sur la colline du Parlement à Ottawa, le 13 juin 2017, organisée par le Conseil national des musulmans du Canada en réaction à la publication par Statistique Canada d’un rapport sur les crimes haineux Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Les Canadiens membres des minorités visibles se sentent moins en sécurité que les autres

Selon une autre analyse de Statistique Canada, intitulée Les perceptions des Canadiens à l’égard de la sécurité personnelle et de la criminalité, les Canadiens et les Canadiennes qui disent appartenir à une minorité visible sont moins susceptibles que les autres de se sentir en sécurité lorsqu’ils marchent seuls

Selon cette étude réalisée sur la base des données de 2014, les personnes affirmant appartenir à une minorité visible ne sont que 44 % à se sentir en sécurité, par rapport à 54 % pour les Canadiens qui ne sont pas membres des minorités visibles.

Notre agence nationale de la statistique révèle que les Arabes et les Asiatiques occidentaux, notamment, se sentent moins en sécurité au Canada et au Québec que les autres groupes de minorités visibles au pays.

Statistique Canada a bien noté le lien existant entre le fait que les habitants des grandes villes se sentent généralement moins en sécurité que ceux des petites localités, et que la majorité des personnes se décrivant comme minorités visibles résident dans les grands centres. Même en tenant compte de ce facteur, les minorités visibles sont moins susceptibles de déclarer se sentir en sécurité que les autres.

De plus, parmi les principaux groupes religieux, les musulmans (14 %), en particulier les femmes musulmanes (21 %), sont les plus susceptibles aujourd’hui de dire qu’ils ne se sentent peu ou pas du tout en sécurité.

Aide-mémoire…
Au Canada, le Code criminel prévoit quatre infractions spécifiques qui sont considérées comme des crimes de haine, soit l’encouragement au génocide, l’incitation publique à la haine, la fomentation volontaire de la haine et le méfait envers les biens religieux.

Graffitis peints sur les murs d'une école secondaire en Ontario Photo : B'nai Brith Canada

Graffitis peints sur les murs d’une école secondaire en Ontario Photo : B’nai Brith Canada

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Cathy Senay, Catherine Lachaussée, Alain Gravel et Claude Bernatchez de Radio-Canada

En complément

Tuerie à la mosquée de Québec : quatre jours de commémorations – Radio-Canada 

Un site Internet pour cartographier les incidents haineux en Alberta – Radio-Canada 

Thunder Bay, ville canadienne en tête de liste des crimes haineux – Radio-Canada 

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Société
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