L’on imagine une tâche des plus ardues pour Sarah Murray, l’entraîneuse canadienne qui doit gérer une équipe de hockey féminin des plus excentriques, à quelques jours du début des Jeux olympiques de Pyeongchang.
Des joueuses déphasées
À quelques jours du début des compétitions, Sarah Murray doit mettre en phase une équipe composée de joueuses des deux Corées afin qu’elles évoluent au sein d’une même sélection.
La difficulté vient du fait que les joueuses, qui sont dans le moule de Mme Murray depuis plusieurs années, ont eu à développer une cohésion et un esprit d’équipe pour aborder les Jeux olympiques, tandis que celles venues de la Corée du Nord apprennent à apprivoiser leur nouvel environnement et la nouvelle équipe.
Parmi les griefs entendus ces derniers jours, les hockeyeuses nord-coréennes seraient très peu à l’aise sur la glace sud-coréenne, ce qui leur pose d’énormes difficultés lors de leurs entraînements.
Elles doivent prendre le temps de bien assimiler les techniques longtemps éprouvées et maîtrisées par leurs coéquipières du Sud, ce qui n’est pas toujours le cas, malgré les efforts multipliés par l’entraîneuse.
La barrière linguistique entre les joueuses n’est pas de nature à faciliter l’instauration d’une véritable unité.

Sarah Murray compte sur la jeunesse et la rapidité de son équipe qui joue son premier match le 10 février. Elle dit toutefois redouter les adversaires suisses et suédoises qui sont beaucoup plus costaudes. Photo : Dave Harwig
L’embarras au sommet?
L’idée de former des équipes d’athlètes conjointes et une première équipe composée de joueuses nord-coréennes et sud-coréennes, perçue comme un geste d’ouverture et de décrispation entre les deux Corées, avait été tout de suite approuvée par le Comité international olympique.
Elle était survenue dans un contexte international de haute tension entre les deux Corées d’une part, et entre la Corée du Nord et les États-Unis d’autre part.
En cause, les tirs répétés de missiles nucléaires de la Corée du Nord, considérés comme une réelle menace pour ses voisins, et Washington qui a dénoncé à chaque fois un geste de provocation et promis une réponse par le feu total.
En janvier, l’entraîneuse canadienne avait confié à Radio-Canada son intention d’instaurer une culture de hockey dans l’équipe qu’elle accompagne depuis 2014.
Si la Manitobaine a depuis réussi à inculquer plusieurs notions aux jeunes joueuses sud-coréennes, comme le saut par-dessus la bande lors des changements de trios, si elle peut compter sur quelques-unes d’entre elles ayant été à l’école du hockey sur les glaces d’Amérique du Nord, sa tâche demeure malgré tout herculéenne à cause des dérèglements imposés par les politiques de toute dernière minute.
De quoi susciter un certain embarras et justifier des propos empreints de modestie de la part de l’entraîneuse de 29 ans.
Sarah Murray, qui s’est vue propulsée à la tête de l’équipe nationale de hockey sur glace sud-coréenne, alors qu’elle s’entraînait encore pour une session de hockey professionnel en Suisse, en tant que joueuse, a dit espérer seulement un passage au deuxième pour son équipe qui rêve pourtant de décrocher la médaille d’or.
RCI et Radio-Canada
Sarah Murray, entraîneuse de l’équipe coréenne de hockey et diplomate malgré elle
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