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Réforme des pesticides au Québec qui fait pester 11 000 agriculteurs

Les nouvelles règles québécoises en agriculture sur l’utilisation de cinq types de pesticides sont applaudies par les producteurs de miel dont les colonies ont été décimées par leur usage excessif et souvent inutile. Le Québec emboîte le pas à l’Ontario, qui limite déjà leur utilisation après avoir vu disparaître plus de la moitié des abeilles de son industrie apicole, à l’hiver 2013-2014.

 La ministre québécoise de l'Environnement, Isabelle Melançon, présente une nouvelle réglementation sur les pesticides « tueurs d'abeilles ». Photo: Radio-Canada

La ministre québécoise de l’Environnement, Isabelle Melançon, présente sa nouvelle réglementation sur les pesticides « tueurs d’abeilles ». Photo: Radio-Canada

Le gouvernement compte également bannir l’usage de ces pesticides en milieu urbain, puisqu’ils seraient dangereux pour les humains.

En vertu de la nouvelle réglementation, les producteurs agricoles devront en 2019 obtenir une autorisation spéciale d’un agronome pour pouvoir utiliser des semences enrobées de pesticides de la famille des néonicotinoïdes, ces produits tueurs d’abeilles.

Il y a loin de la coupe aux lèvres, car leur usage sera encore permis cette année, un dernier été.

D’autre part, un changement de gouvernement cet automne pourrait renverser la mise en place de ces nouvelles mesures visant à limiter l’utilisation des pesticides contenant des néonicotinoïdes.

Les producteurs de grains du Québec piqués au vif

Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek Photo : Radio-Canada

Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek Photo : Radio-Canada

En conférence de presse, le président des 11 0000 producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, a prévenu que ses membres avaient l’intention de se faire entendre d’ici les prochaines élections.

Il a démoli le plan d’interdiction du gouvernement. « La nouvelle réglementation des pesticides est excessive, restrictive, coûteuse. Elle peut être contestable scientifiquement, elle est autoritaire […] Et, finalement, elle est inutile et démotivante », a-t-il martelé.

Il a donc annoncé le début d’une campagne destinée à sensibiliser la population aux « sept grandes erreurs » que le gouvernement aurait commises à l’endroit de son industrie.

L’adoption de la réglementation sur les pesticides constitue la plus récente de ces erreurs, selon M. Overbeek, erreurs qui selon lui rajouteraient au « fardeau » des producteurs en les désavantageant par rapport à leurs compétiteurs internationaux.

La FPGQ représente 11 000 producteurs. Ils cultivent principalement du maïs, du soja, du canola, du blé, de l’avoine et de l’orge sur une superficie totale de 1 million d’hectares.

Écoutez
Des semances enrobées de pesticides néonicotinoïdes utilisées au Canada Photo : Radio-Canada

Des semences enrobées de pesticides néonicotinoïdes utilisées au Canada. Photo : Radio-Canada

Aide-mémoire…
– Néonicotinoïdes – cette catégorie de pesticides a fait la manchette au cours des dernières années dans le monde entier parce qu’elle a été associée à la forte baisse de population des colonies d’abeilles.
– L’Union européenne a déjà interdit trois substances néonicotinoïdes.
– L’Ontario a aussi suivi l’Union européenne malgré une tentative de ses agriculteurs d’annuler cette initiative en justice.

Des apiculteurs lors d'une manifestations à Londres le 26 avril 2013 contre l'utilisation de pesticides néonicotinoïdes. © Alastair Grant / AP Photo

Des apiculteurs lors d’une manifestations à Londres le 26 avril 2013 contre l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes. © Alastair Grant / AP Photo

Nos abeilles deviennent comme des drogués et accros des néonicotinoïdes

(Getty Images)

(Getty Images)

Des chercheurs ont découvert il y a deux ans que les abeilles préfèrent manger du nectar contaminé par certains produits chimiques dont les effets ressemblent à l’accoutumance à la nicotine. Nos abeilles seraient donc attirées par les pesticides appartenant à la famille des néonicotinoïdes selon une enquête réalisée en Angleterre.

Comme les humains dépendants des vapeurs de la nicotine, les abeilles semblent pouvoir devenir dépendantes physiologiquement des pesticides. Selon des chercheurs de l’Université de Newcastle et de l’Université Trinity de Dublin, les abeilles et les bourdons seraient plus enclins à retourner vers des échantillons de nectar traité avec un produit chimique, plutôt que sur des nectars « purs ».

L’étude, publiée dans la revue The Nature, précisait que les pesticides atteindraient le cerveau des abeilles et activeraient les neurones de bien-être comme la cocaïne par exemple stimule les récepteurs liés au plaisir chez l’être humain.

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Gérald Fillion, Michel C.Auger, Thomas Gerbet, Catherine Lachaussée, Majorie April, Arnaud Decroix et Mathieu Dion de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Environnement et vie animale, Politique, Santé
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