L’Armée canadienne envisage d’imposer aux militaires une limite de temps entre l’instant où ils consommeraient de la drogue et le moment où ils pourraient réintégrer les rangs actifs.
Le chef d’état-major de la Défense, le général Jonathan Vance, promet d’adopter une approche « intelligente », puisque les militaires effectuent un travail « sérieux » et « risqué » pour leur pays.
Il s’exprimait de la sorte, lundi, devant le comité sénatorial de la défense, où il a répondu à un ensemble de questions sur des éléments aussi divers que le système d’approvisionnement militaire que la lutte contre l’inconduite sexuelle dans l’armée.
Le général Vance affirme qu’il va prendre des décisions très bientôt sur la consommation de cannabis dans l’Armée, qui serait proscrite « à un moment particulier dans le temps », précise-t-il. S’il semble exclure l’interdiction complète du cannabis, il compte adopter une approche sensée qui suivra en parallèle la loi dans le reste du pays.
Aide-mémoire…
– Le gouvernement Trudeau espérait que le cannabis à des fins récréatives soit légalisé en juillet, mais il semble que les Canadiens devront attendre en août ou en septembre.
– L’Armée n’est pas la seule à réfléchir à toutes ces questions. Les transporteurs aériens et les forces policières s’interrogent aussi sur les techniques de détection au travail ou sur la route.
La médecine appelée en renfort
Selon le général Vance, le médecin général des Forces armées canadiennes tente de mieux comprendre les effets de la drogue, notamment sa durée d’action. Il veut s’assurer que l’Armée a les informations nécessaires pour prendre les bonnes décisions.
L’Armée de terre (blindés, artillerie, fantassins), l’Aviation royale (chasseurs, transporteurs) et la Marine royale (destroyer, frégates, sous-marins, navires de ravitaillement) n’ont que bien peu en commun avec les emplois civils.
«S’il est illégal de piloter un avion au Canada en ayant consommé du cannabis dans une certaine période de temps, ce sera probablement illégal dans les Forces armées aussi […] Je n’ai pas les réponses encore, mais c’est le genre de choses que nous examinons», précise le général.
Le général Vance se dit optimiste à l’idée de trouver un bon équilibre. « Je n’anticipe pas que ce soit un problème important pour nous. Nous voulons le comprendre. Nous voulons prendre des décisions selon les preuves », a-t-il indiqué.
La police militaire sera aux aguets
Dans ce contexte, le lieutenant-général Chuck Lamarre, commandant du Commandement du personnel militaire au sein des Forces canadiennes, affirmait le mois dernier qu’il était prêt à prendre des mesures restrictives, qu’il s’agisse d’interdire la consommation selon certaines affectations, ou encore de modifier le choix des militaires avant le déploiement.
Plusieurs déploiements militaires canadiens en mission à l’étranger sont de type « dry camp ». Ainsi, l’alcool était formellement interdit lors des missions de la FORPRONU (ONU), de l’I-FOR (OTAN) en ex-Yougoslavie et dans le théâtre opérationnel d’Afghanistan.
Le saviez-vous
– Selon le département du Travail américain, l’alcool et les drogues seraient responsables de 47 % des blessures en milieu industriel.
– Pour le moment, la majorité des incidents liés à la conduite avec les facultés affaiblies sont causés au Canada par l’alcool. Seulement 3 % sont attribuables à la drogue.
– Des études et des sondages suggèrent cependant que le nombre de signalements liés à la drogue au travail ou au volant est inférieur à la réalité.
RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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