Damant le pion à 17 autres camemberts, un camembert de conception québécoise, L’Extra, vient de s’imposer comme le meilleur de son genre lors d’une compétition internationale, le World Championship Cheese Contest, dans l’État du Wisconsin aux États-Unis.
Le troisième camembert du monde!
Cette année, 3400 fromages de 26 pays concouraient à ces Championnats mondiaux des fromages, présentés comme la plus grande compétition du genre à l’échelle internationale.
L’Extra, au goût de noisette et de champignon de la coopérative Agropur, a donc été préféré par le jury international aux autres camemberts, dont l’Isigny, le très réputé fromage de Normandie, une référence en la matière.
Pire encore pour l’industrie de la fromagerie française, la troisième place a été accordée à un autre fromage canadien, le Comox, fabriqué celui-là sur la côte ouest dans la province de la Colombie-Britannique par la compagnie Natural Pastures Cheese Co.
Les résultats de ce concours deviennent pourtant un brin suspects lorsqu’on découvre que c’est un camembert américain qui a remporté la seconde place et qu’un seul camembert français est parvenu à s’inscrire sur la liste des 10 premiers, en 10e position!
Le saviez-vous?
– Le camembert n’est pas forcément français.
– Devenu un nom commun, le camembert ne peut plus faire l’objet d’une appellation spécifique nationale.
– N’importe quel fromage affiné à pâte molle et à croûte fleurie fabriqué n’importe où dans le monde peut donc être étiqueté camembert.
« Le meilleur camembert du monde est québécois »
Patrick Mercier, président de l’Association de défense et de gestion du camembert en Normandie.
Cette manchette a explosé à la une des journaux des deux côtés de l’Atlantique. Elle a déclenché la surprise au Québec, mais curieusement, seulement un zeste de frustration en Normandie, qui est traditionnellement la mère patrie du camembert.
« Ce n’est pas grave, nous ne pouvons pas tout gagner. Je fais confiance au [jury du concours] pour avoir trouvé le meilleur du moment », dit en riant Patrick Mercier, président de l’Association de défense et de gestion du camembert de Normandie.
Il y a pourtant un aspect de cette histoire qui soulève certaines passions en France. Le site québécois de Fromages d’ici affirme que ce fromage à pâte molle à croûte fleurie est fait de lait et de crème pasteurisés. Issu de la plus pure tradition européenne.
Le problème, aux yeux des Français plus puristes, c’est que le véritable camembert traditionnel ne contiendrait jamais de produits laitiers pasteurisés, mais seulement du lait cru. De plus, notre version québécoise n’est pas moulée à la louche.
Écoutez
Fromagerie DURAND
Les maîtres-fromagers québécois sont maîtres du marché canadien
Le fromage Pionnier, de la Fromagerie Nouvelle-France et de la Fromagerie du Presbytère, a été sacré meilleur fromage du Québec en 2017. Photo : Radio-Canada
Les Français ne sont plus seuls sur le marché des grands fromages. Ils doivent de plus en plus composer avec la concurrence, notamment de leurs cousins, les irréductibles producteurs québécois.
Le Québec est le plus grand producteur de fromage au pays. À lui seul, il fabrique 57 % de la production canadienne. Pas moins de 450 fromages, affinés dans cette province, se retrouvent dans les épiceries et marchés québécois.
Depuis une vingtaine d’années, le nombre de fromages québécois a explosé, mais confrontée à une crise (comme celle de la listériose) ou à la concurrence étrangère, l’industrie reste fragile.
D’ailleurs, l’arrivée prochaine des fromages européens grâce à l’accord de libre-échange – qui est entré en vigueur le 21 septembre dernier – angoisse les fromagers québécois.
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