Les agents de la GRC aident une famille à traverser la frontière entre les États-Unis et le Canada. Photo : Reuters/Christinne Muschi

Gestion du flux de migrants : la réponse en vagues imprécises d’Ottawa met le Québec en éveil

Avec l’arrivée redoutée de migrants à la frontière du Canada, à l’approche du beau temps, le Québec, qui s’est plaint de l’absence de soutien du gouvernement fédéral l’an passé, espère une meilleure implication. C’est ce qui a justifié des échanges parfois houleux avec Ottawa ces derniers jours. Mais cela a permis de trouver de nouvelles tâches au Groupe de travail intergouvernemental spécial sur la migration irrégulière, mis sur pied en août dernier.

La pomme de discorde : l’argent

Le Québec à lui seul a accueilli 25 000 demandeurs d’asile en 2017, soit plus de 7 fois le nombre total de demandeurs d’asile reçus annuellement dans la province, et la moitié du nombre total reçu dans tout le Canada cette même année.

Une situation perçue comme un véritable fardeau pour cette province qui a eu à composer avec des ressources modiques, tant en ce qui concerne les finances que les infrastructures d’accueil.

Au mois de mars, Québec avait saisi Ottawa pour le remboursement de la somme de 146 millions de dollars lors de la prise en charge des migrants qui arrivaient par grappes des États-Unis.

Cette demande avait été au centre de quelques escarmouches avec Ottawa. Estimant que le gouvernement fédéral « en avait déjà beaucoup fait », le ministre de l’Immigration Ahmed Hussen avait semblé réserver une fin de non-recevoir à la demande du Québec.

Son homologue québécois, David Heurtel, est revenu à la charge au cours des derniers jours et a à nouveau exigé le remboursement, mais aussi des ressources supplémentaires pour faire face  aux nouvelles arrivées.

Cette fois, Ottawa semble lâcher du lest, en faisant de grandes annonces, bien que timides sur certains points, pour éviter de raviver la vieille chicane.

Un homme détenu avec sa famille à la frontière américaine se sauve en courant, passeport à la main. Photo : Reuters/Christinne Muschi

Collaboration, compassion et respect du droit canadien

Réuni pour la neuvième fois depuis sa mise sur pied il y a sept mois, le Groupe de travail intergouvernemental spécial sur la migration irrégulière cherche des moyens pour mieux gérer l’augmentation du nombre de migrants entrés au pays au cours des dernières semaines.

Son président, le ministre fédéral Marc Garneau, propose le maintien de la collaboration avec les provinces comme moyen pour assurer le respect du droit canadien.

Le ministre Hussen a souligné les nouveaux investissements fédéraux de 173 millions sur deux ans pour traiter les demandes d’asile, les enquêtes de sécurité, les détentions et les renvois. Cette somme comprend une contribution de 74 millions à la Commisssion de l’immigration et du statut de réfugié pour accroître ses capacités et accélérer le traitement des demandes.

Par ailleurs, Ottawa, en partenariat avec Affaires mondiales Canada, dit multiplier les démarches auprès de Washington et de pays de provenance d’un bon nombre de migrants irréguliers qui traversent les États-Unis pour demander l’asile au Canada, dont le Nigeria, pour tenter d’arrêter le phénomène.

Le Groupe de travail entend aussi prendre des mesures plus concrètes pour assurer la mise en œuvre d’une intervention coordonnée et efficace.

Pour atteindre cet objectif, ses membres annoncent une évaluation des demandes du Québec pour l’obtention de ressources financières supplémentaires.

Il est aussi envisagé la mise sur pied d’un système de triage à la frontière canado-américaine pour recueillir de l’information sur les demandeurs d’asile, sur leur destination au Canada.

Le but est d’atténuer les pressions exercées sur les grands centres urbains et de réduire les pénuries de main-d’œuvre dans les régions.

Une famille du Yémen traverse illégalement la frontière entre le Canada et les États-Unis. Photo : La Presse canadienne/Graham Hughes

De quoi rassurer le Québec?

Malgré ces annonces, il n’y a véritablement pas de grands changements.

Les 173 millions prévus pour gérer les arrivées irrégulières aux frontières sont connus depuis plusieurs mois, car ils avaient été annoncés dans le dernier budget fédéral.

Aucun mot n’a été dit sur le remboursement souhaité par le Québec des 146 millions pour la prise en charge des 25 000 demandeurs d’asile.

La province s’en tire avec de simples promesses d’évaluer sa demande et de procéder à des triages aux frontières, alors qu’elle espère des actions plus tangibles et plus immédiates.

Les engagements pris par Ottawa à l’issue de la rencontre, mercredi soir, du groupe de travail intergouvernemental sur la migration irrégulière sont insatisfaisants, clament le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ).

On a vu un bel exercice de diplomatie fédéraliste canadienne. Pour ce qui est des résultats concrets, je pense qu’il va falloir être très vigilants. Véronique Hivon, vice-chef du Parti québécois

RCI avec des informations du gouvernement fédéral et Radio-Canada

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