L’économie comportementale étudie l’irrationnel, le coup de cœur ou de tête dans nos décisions économiques. (Photo : IStock)

Économie comportementale et réalité : un concept intéressant à l’Université de Sherbrooke

« L’économie s’est un peu dénaturée avec le temps. Elle s’est mathématisée, mais elle s’est éloignée du fait que nous sommes des animaux sociaux, des personnes qui font des choix à chaque battement de cœur […] L’économie traditionnelle suppose que nous sommes toujours rationnels, que l’on prend toujours les bonnes décisions, que nous ne sommes pas menés par nos émotions […] L’économie comportementale, au contraire, utilise ce qu’on appelle des billets cognitifs pour les exploiter. »

François Delorme, professeur, École de gestion, Université de Sherbrooke

De fait, nous sommes très peu souvent rationnels dans nos décisions d’achat. Une boutade a roulé pendant des années parmi les courtiers immobiliers voulant que les gens prennent plus de temps à choisir une paire de Jeans qu’à décider de déposer une offre d’achat sur une maison.

C’est un peu extrême, mais cela témoigne de l’importance de l’irrationnel, du coup de cœur ou de tête dans nos décisions économiques.

L’économie comportementale, nouvellement enseignée au Canada, mais qui a des racines bien ancrées aux États-Unis et en Allemagne notamment, prend ses sources à la rencontre de la psychologie, de la sociologie et, évidemment, de l’économie.

« C’est très important, car, si l’on croit que le consommateur ou l’entrepreneur prend toujours des décisions froides, rationnelles et que l’on bâtit nos politiques économiques sur cette hypothèse, on risque de se tromper ou de voir nos politiques économiques ne pas être aussi efficaces. On ne prend pas toujours dans nos vies des décisions qui sont toujours basées sur la parfaite rationalité. »

François Delorme

Est-ce que l’économie comportementale marque un rejet des théories classiques?

ECN122 - Économie comportementale
Cible(s) de formation

Intégrer des éléments tirés de la psychologie pour reconnaître les limites à l’hypothèse de rationalité des agents et mieux comprendre le rôle des préférences et de l’acquisition des connaissances dans les comportements humains.

Contenu

Les thèmes étudiés couvrent la confiance, l’équité, l’impatience, l’impulsivité, la rationalité limitée, l’apprentissage, le renforcement, le conditionnement classique, l’aversion à la perte, la sur-confiance, les biais calculateurs, la dissonance cognitive, l’altruisme, le bien-être subjectif et l’adaptation hédonique.

Les concepts économiques tels l’équilibre, les choix rationnels, la maximisation de l’utilité, les croyances bayésiennes, la théorie des jeux et les comportements en présence d’incertitude sont discutés à la lumière de ces phénomènes.

Source : École de gestion, Université de Sherbrooke

François Delorme (USherbrooke)

Absolument pas, souligne le professeur Delorme. C’est un ajout au kaléidoscope économique – l’économie est une science sociale, ne l’oublions pas – une nuance de plus pour d’une part mieux comprendre l’irrationnel et l’émotif dans nos décisions économiques et, d’autre part, idéalement, mieux arrimer des politiques économiques gouvernementales pour qu’elles soient réellement efficaces.

Encore toute jeune dans le spectre des sciences économiques enseignées chez nous, le cours d’économie comportementale à l’Université de Sherbrooke est une réponse à une demande étudiante, des étudiants qui s’interrogent de plus en plus sur les modèles traditionnels.

Songez seulement à la situation des marchés financiers en 2008-2009 pour mettre en lumière cet état de fait.

François Delorme, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, nous parle de ce cours qu’il donne et de la réaction de ses étudiants.

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Catégories : Économie, Société
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