La Banque CIBC décrie l’état de désuétude des infrastructures de pipelines canadiens qui seraient à l’origine de pertes importantes de marchés pour le pays. Le Canada ne serait pas en mesure de vendre son pétrole en Asie ou ailleurs, comme le fait son voisin, les États-Unis, à cause du piètre état de ses infrastructures de transport.
Capacité des pipelines insuffisante pour les prochaines années
Alors que le secteur pétrolier est en pleine ébullition, enflammé par les prix qui ne cessent de grimper depuis quelques mois, après des moments de décroissance profonde, le Canada gagnerait à moderniser ses infrastructures de pipelines pour les arrimer aux exigences du moment et mieux tirer profit de l’embellie, surtout si le secteur prospère de façon durable.
Le marché sur le continent américain s’annonce certes peu prometteur, la demande étant en baisse, notamment du côté des États-Unis.
Malgré tout, le Canada devra se doter d’équipements qui lui permettront d’explorer de nouvelles avenues. L’Asie se positionne désormais comme une partenaire de choix dans ce sens, car sa demande en pétrole ira croissante au cours des prochaines années.
Le principal handicap qui freinerait la conquête de ce nouveau marché se situe autour de la qualité des infrastructures au pays.
Le nouveau rapport de Marchés des capitaux CIBC indique que les États-Unis ont presque éliminé leur besoin d’énergie importée et ont gagné des parts de marché à l’étranger, mais que le Canada, quant à lui, continue de devoir compter sur le marché américain. « Il existe un besoin réel et urgent de trouver une façon durable de faire parvenir le pétrole canadien aux marchés asiatiques, sur la côte du golfe du Mexique, dans l’est du Canada et sur la côte est des États-Unis […] comme le transport ferroviaire ne peut pas être la solution ultime et permanente, les pipelines restent la seule option raisonnable pour acheminer le pétrole canadien aux marchés mondiaux. »
Ils indiquent aussi que les recettes perdues se sont élevées à 12 milliards de dollars canadiens au cours des cinq dernières années et qui pourraient atteindre 15 milliards d’ici à 2019.
Cela, en plus des « coûts associés aux recours croissants au transport ferroviaire onéreux et de la diminution des investissements ».
Même si la Ligne 3 et le pipeline Keystone XL augmenteront les capacités et auront un effet bénéfique sur la faiblesse du prix du pétrole canadien d’ici à 2021, le rapport mentionne que « les mesures que nous prendrons pendant ce temps contribueront à façonner l’avenir du secteur énergétique au Canada ».
Contexte marqué par la controverse autour du projet Trans Mountain
Ce projet avait été approuvé en 2016 par le gouvernement fédéral, dans le but de tripler la capacité de l’oléoduc, pour lui permettre de transporter l’équivalent de 900 000 barils de bitume dilué, de pouvoir exporter vers l’Asie et réduire ainsi sa dépendance avec les États-Unis.
L’expansion du projet tarde à se concrétiser. Elle se heurte à diverses oppositions, tant des Premières Nations que de la Colombie-Britannique, qui souhaite réduire la quantité de matières inflammables transitant sur son territoire.
Selon le rapport, le débat sur le projet d’expansion du réseau de Trans Mountain ne concerne pas le présent, mais bien le futur. Même si les capacités augmentent au cours des prochaines années, le secteur pétrolier du Canada continuera à faire face à d’importantes congestions des pipelines et à des coûts connexes croissants. L’expansion du réseau de Trans Mountain contribuera à augmenter suffisamment la capacité pour atténuer ce problème. Plus important encore, ce réseau est la seule option qui permettra au pétrole canadien de moins dépendre du marché américain saturé et de se frayer un chemin dans des marchés à croissance beaucoup plus rapide.
Attirer des investissements dans l’industrie pétrolière
L’économie du Canada est portée par son secteur énergétique et son avenir repose davantage sur ce secteur.
La concurrence avec les États-Unis sur le marché de l’exportation s’annonce rude dans les prochaines années.
Pour tenir et aller vers de nouveaux débouchés, le Canada doit trouver les moyens d’attirer plus d’investisseurs dans le secteur, recommandent les économistes de la CIBC.
Cela passe par l’accroissement des investissements en infrastructures, notamment dans des modes de transport plus efficients.
C’est ce qui rendra la destination canadienne plus attrayante aux yeux des investisseurs.
« Ces derniers temps, grâce à sa croissance et à sa situation politique relativement stables, le Canada est perçu comme un bon endroit où investir. Toutefois, des retards supplémentaires dans des projets importants pourraient nuire à cette réputation, ce qui aurait une incidence sur les investissements des entreprises, tant au sein du secteur énergétique, que de l’économie en général. » – Benjamin Tal, Andrew Grantham et Katherine Judge
SOURCE CIBC – Recherche économique
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