La mendicité est-elle une forme de paresse? (Photo: CBC)

La mendicité est-elle une forme de paresse? Un court-circuit vers se donner bonne conscience

Les trois caractéristiques communes attribuées aux vagabonds
Le manque de ressources.

Une personne se trouve en situation de pauvreté extrême.

La paresse

Pour justifier sa présence dans le corps social et gagner son pain quotidien, une personne devrait avoir un travail.

C’est à partir du XVIe siècle que « le travail sert de principe au contrat qui lie le citoyen à la société au sein de laquelle il vit.

La paresse n’est plus un péché, une tentation ou une faiblesse, mais un manque ou un abus à la citoyenneté, pour ainsi dire un crime ou un délit.

Auquel cas, le paresseux est un délinquant ». On présuppose généralement que la cause principale de la misère vécue par ces « mauvais pauvres » jugés capables de travailler serait la paresse.

Au XVIIe siècle, en Nouvelle-France, on distingue les « pauvres honteux », qui méritent une assistance, des « glorieux », ces fainéants fiers et orgueilleux qu’on doit punir et corriger.

L’errance

Le fait de ne pas avoir de lieu de résidence stable indique généralement qu’une personne n’est pas liée à une communauté.

Que ce soit par la caution d’un certificat de pauvreté, établi par une personne d’autorité, ou bien par l’aveu, liant un vassal à son seigneur, on doit pouvoir situer socialement et physiquement la personne dans la société.

Un vagabond, c’est quelqu’un qu’on ne connaît pas.

Les « gens sans aveu » représentent l’inconnu et suscitent la peur.

Source : L’itinérance et la loi, rapport de recherche sur l’itinérance à Québec, de la Nouvelle-France à aujourd’hui – Ligue des droits et libertés, section Québec.

Paresseux, alcoolique, sale, putain, fainéant… ce ne sont là que quelques-uns des qualificatifs que l’on entend, que l’on prononce, pour décrire ces personnes en situation d’itinérance, ces « as-tu du change? » aux portes du métro, ces regards perdus, engoncés dans quelques couvertures dans une entrée de magasin, un chariot plein de toutes sortes d’objets à côté d’eux.

Nous passons, nous donnons quelques pièces occasionnellement, « que c’est dommage, que c’est triste » et nous poursuivons notre route.

Même si l’itinérance a toujours existé, est-ce une raison de ne rien faire pour l’enrayer?

Toutes les religions parlent d’aider son prochain. Mais, quand on a devant soi un hobo – itinérant américain – un robineux – itinérant au Québec – une fille perdue disait-on encore récemment, comment faire?

Partout au Canada, des organismes tentent de venir en aide à ces personnes dans le besoin.

De la Mission Old Brewery à l’Accueil Bonneau à Montréal, de la Covenant House à Toronto à la Siloam Mission de Winnipeg, du Mustard Seed de Calgary à The Gathering Place de Saint-Jean à Terre-Neuve, tous s’entendent pour dire que les villes canadiennes s’en sortiraient mieux avec leurs populations respectives de mendiants et de sans-abri si les intervenants sociaux et politiques s’entendaient sur des actions à long terme qui se tiennent au-dessus des opérations ponctuelles et des préjugés.

La mendicité, manifestation d’une augmentation de la pauvreté

Quelle que soit les conditions de vie dans nos villes, pour ceux qui travaillent dans ce domaine, mendicité et pauvreté vont de pair, la première étant un symptôme plus évident de la seconde et de sa prévalence qui s’accroît.

Comprendre les causes de la pauvreté, aller plus loin que de se dire qu’il y a toujours eu des pauvres, se dire que la mendicité n’est un choix de vie que pour une minorité, ce sont sans doute des vœux pieux.

Cela dit, comme le souligne Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal dans la conclusion de son rapport Comprendre l’itinérance :

« L’itinérance est d’abord et avant tout une situation de privation de droits que vivent certaines personnes […] Mieux la comprendre c’est agir en solidarité avec ces personnes pour que s’atténuent les frontières entre inclus et exclus, entre riches et pauvres. »

Plus :

Les Canadiens seraient-ils tentés de couper la main aux mendiants? (Radio Canada International)

Comprendre l’itinérance (Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal)

Catégories : Santé, Société
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