Photo : CBC

Légalisation du cannabis : le fédéral joue-t-il au poker menteur avec les Premières Nations?

L’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) souhaite que le Sénat retarde l’entrée en vigueur de la légalisation du cannabis. Ce délai permettrait au gouvernement fédéral de tenir compte des intérêts de ces dernières en ce qui concerne la culture et la commercialisation, conformément aux engagements avec les peuples autochtones.

Le fédéral fait-il preuve de mauvaise foi envers les Premières Nations?

La légalisation de la marijuana à des fins récréatives sonne aux portes. Les investisseurs l’attendent avec délectation, tandis que l’échéance qui se profile à l’horizon suscite quelques grincements de dents au sein de certaines communautés.

L’Assemblée des Premières Nations crie à la trahison et compte sur le Sénat pour reporter l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale sur le cannabis. Cela serait hautement salutaire pour les Autochtones, qui estiment que leur tissu social est trop fragile pour supporter les effets de cette légalisation sous la forme actuelle.

Photo Credit: Donald Weber/Getty Images

Le projet de loi C-45 ne porte […] pas sur les Premières Nations et le mot « Autochtone » ne se retrouve qu’une seule fois dans les 148 pages du document.

En dépit des multiples engagements du gouvernement Trudeau à l’égard des Premières Nations, Métis et Inuit, force est de constater son indifférence face à ses obligations, notamment en matière de consultation. Pour ce qui est de la légalisation du cannabis, ce délestage nous amène à faire appel à la sensibilité des membres de la Chambre haute pour que soit retardée l’entrée en vigueur de la Loi. Ghislain Picard, chef de l'APNQL.

Le gouvernement fédéral aurait fait fi de ses obligations en vertu d’un accord avec les Premières Nations, relève le chef Ghislain Picard.

Un de ces principes adoptés en 2017, dans le cadre de la nouvelle relation financière, parle du respect du droit à l’autodétermination des Premières Nations, en assurant un financement suffisant pour leur permettre de planifier et d’investir selon leurs propres priorités. Cela dans le but de faire progresser les écarts socioéconomiques entre les citoyens des Premières Nations et les autres Canadiens.

Le chef Picard appelle Ottawa à « faire preuve de bonne foi et s’acquitter de ses obligations ».

L’argent : le nerf de la discorde avec le fédéral

Les Premières Nations dénoncent le fait qu’Ottawa ait conclu une entente avec les provinces et les territoires sur le partage des revenus tirés de la vente et de la production, excluant toute possibilité pour les Autochtones de disposer de leur part du gâteau.

Le gouvernement fédéral a signé une entente avec les provinces prévoyant que 75 % des revenus de la taxe sur le cannabis leur seront versés. Rien n’est toutefois prévu pour les Premières Nations, qui soulignent qu’elles devront faire face à la légalisation sans avoir droit à une part des revenus, évalués entre 5,5 et 5,8 milliards de dollars par année.

Les membres du Sénat représentent ainsi le dernier rempart pour les Premières Nations qui redoutent aussi les effets de la légalisation hâtive sur la santé de leurs communautés.

(Courtesy Hydropothecary)

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard Photo : Radio-Canada/Anouk Lebel

À notre connaissance, aucune disposition n’a été prise par le gouvernement fédéral pour que les Premières Nations participent activement à la distribution équitable de ces revenus pour contrer notamment les graves répercussions de la légalisation du cannabis sur les citoyens des Premières Nations et sur leurs communautés […] Devant l’indifférence du premier ministre du Canada et de son gouvernement, nous nous tournons vers les membres du Sénat qui semblent plus sensibles aux défis qui frappent à notre porte, incluant le cannabis. Le fardeau des communautés sera nettement alourdi sur les plans de la santé publique, des services sociaux et de la sécurité publique. Sommes-nous les seuls à voir venir la vague et à ne pas être outillés adéquatement pour y faire face? Le gouvernement fédéral ne peut transférer la responsabilité qui lui incombe aux provinces et territoires sans consulter les Premières Nations au préalable.

RCI avec l’APNQL et Radio-Canada


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Catégories : Autochtones, Économie, Société
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