Pourquoi des milliers d’enfants de l’Amérique centrale fuient-ils leurs pays?

Lorsque Jean-Nicolas Beuze a voyagé au Honduras, il y a rencontré des enfants hébergés dans un centre d’accueil financé par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le représentant du HCR au Canada, voulant rompre la glace, leur a posé une question qu’il croyait tout innocente : « qu’est-ce que vous rêvez de devenir quand vous serez grands? »

Étonnamment, plusieurs ont répondu qu’ils « voulaient devenir médecins légistes ». En entendant leurs réponses, Jean-Nicolas Beuze a pensé qu’elles devaient être sans doute influencées par les séries télévisées comme CSI (Crime Scene Investigation) ou Bones, mais il s’est rapidement rendu compte de son erreur lorsqu’ils ont commencé à lui raconter la violence et la mort qu’ils avaient vécues pendant des années.

En 2016, on estimait que, en raison des menaces de violence, d’intimidation et d’extorsion de la part des gangs locaux ou de leurs membres, appelés pandilleros, 146 000 réfugiés et demandeurs d’asile, tous venant du Guatemala, du Salvador et du Honduras (formant ensemble le nord de l’Amérique centrale ou NAC) avaient été contraints de fuir vers les pays voisins. Un nombre multiplié par sept en l’espace de quatre ans. Rien qu’aux États-Unis, des dizaines de milliers d’enfants sont arrivés non accompagnés.

Radio Canada International a parlé à M. Beuze qui, dans l’extrait ci-dessous, rend compte de certaines des rencontres avec des jeunes fuyant l’Amérique centrale. Il nous explique aussi les demandes que l’HCR fait au gouvernement canadien pour qu’il aide à la réinstallation d’un certain nombre de ces jeunes au Canada :

©Jean-Nicolas Beuza/ HCR Canada

Biographie de l'interviewé

©CBC

M. Beuze a plus de 19 ans d’expérience internationale dans le domaine humanitaire ainsi qu’en matière de droits de la personne. Il a travaillé pour diverses agences des Nations unies, dont le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). M. Beuze était jusqu’à tout récemment représentant adjoint à la Protection au HCR Liban, où il assurait la coordination interinstitutionnelle pour la réponse aux réfugiés et le plan d’intervention de résilience, de concert avec le gouvernement libanais, les agences des Nations unies, les ONG partenaires et les pays donateurs.