Ottawa a décidé de nationaliser le pipeline Trans Mountain de l’entreprise Kinder Morgan. Son achat par le gouvernement fédéral à 4,5 milliards de dollars est accueilli un peu partout dans le pays comme une mauvaise solution. C’est le cas pour l’Institut économique de Montréal. Il estime que le gouvernement Trudeau envoie de ce fait un message que le Canada est peu accueillant envers les investisseurs.
Des Fonds publics dans un projet privé
Alexandre Moreau est analyste en politiques économiques à l’Institut économique de Montréal.
Il estime dans un premier temps que le choix de Trudeau de mettre ainsi les fonds du contribuable canadien dans un projet privé n’est pas une bonne option.
Ensuite, décider de nationaliser ce projet par un acte d’achat est un mauvais signal envoyé aux investisseurs étrangers, ce qui peut être de mauvais augure pour l’économie canadienne qui doit demeurer compétitive en tout temps.
« Au lieu de faire respecter la loi, le gouvernement nationalise un pipeline. Ça n’a aucun sens! »
Selon M. Morneau, la décision d’Ottawa de nationaliser le pipeline est loin de résoudre l’épineuse question de l’incertitude qui l’entoure.
« Même si le gouvernement fédéral relance les travaux d’expansion, rien n’assure que la guerre politique et juridique va cesser. Par ailleurs, au train où vont les choses, Ottawa pourrait même avoir de la difficulté à trouver un acheteur pour reprendre l’oléoduc. Ce genre de projet appartient au secteur privé, et n’aurait jamais dû le quitter. »
ÉcoutezUne analyse de Gérald Fillion Trans Mountain : quel est donc le message qu'envoie le gouvernement Trudeau?
Un projet qui devrait se réaliser contre vents et marées
L’analyste en politiques publiques de l’IEDM soutient que le controversé projet de Kinder Morgan, au centre de toutes sortes de critiques pour des raisons environnementales et sociales, ne devrait pas être abandonné, comme cela a déjà été le cas pour Énergie Est de TransCanada.
M. Morneau souligne que le projet a reçu l’approbation des organismes réglementaires et satisfait aux critères environnementaux, par conséquent ne devrait pas être suspendu par son promoteur Kinder Morgan tel qu’annoncé en avril.
« Ottawa n’aurait jamais dû laisser traîner les hostilités entre la Colombie-Britannique et l’Alberta à propos d’un projet auquel il avait déjà donné son aval. La conséquence est qu’aujourd’hui les contribuables canadiens se retrouvent propriétaires d’un pipeline qu’une entreprise privée gérait avec succès. Alors que l’incertitude entourant l’avenir de l’ALENA nuit déjà au climat d’affaires, le Canada envoie un signal qui minera encore davantage le développement des ressources naturelles. »
– Cela signifie 189 000 emplois par année pour la province pendant la phase de construction et les 20 années suivantes, selon les chiffres déposés devant l’Office national de l’énergie.
– Le quart des emplois créés grâce à Trans Mountain seraient ainsi en Colombie-Britannique. Les Britanno-Colombiens devraient aussi profiter de l’augmentation des impôts fonciers, estimée à 23,2 millions par année à l’échelle de la province.
– D’une longueur de 1150 km, pour un coût de 7,4 milliards de dollars, le projet consiste à faire passer la capacité de l’oléoduc de 300 000 à 890 000 barils de pétrole par jour, acheminés de l’Alberta à Burnaby, en Colombie-Britannique.
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