La politique fédérale canadienne sur le partage d’informations avec des partenaires étrangers était considérée par les militants des droits humains et de membres de l’opposition comme un soutien à la torture.

Les lois canadiennes ne permettent pas de sévir contre les auteurs étrangers de torture, selon les groupes qui défendent les victimes.
Photo Credit: GI / Getty/AFP/James Lawler Duggan

Ottawa n’ en ferait pas assez pour traquer les tortionnaires

Ce mardi 26 juin, c’est la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. Une journée instituée par les Nations unies afin d’éliminer totalement la torture et d’assurer l’application de la convention adoptée à cet effet en 1984. Mais force est de constater qu’en 2018, la planète n’a pas disparu et des pays comme le Canada se font accuser de manquer de détermination dans la lutte contre cette pratique inhumaine.

La torture était censée être une pratique d’une autre époque. Une relique du passé à laquelle personne ne voudrait se réclamer. Elle est interdite en vertu du droit international. Pourtant, simulation de noyade, suspension par les poignets, électrocution, privation de sommeil, lavement forcé à l’eau et au piment, supplice de la crucifixion et même abus sexuels sont encore monnaie courante dans plusieurs pays du monde.

Aucun continent n’est épargné. Tant des démocraties occidentales que des dictatures établies sont montrées du doigt. Il en est de même pour quelques-uns des 164 pays signataires de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Et tout le monde y passe : terroristes présumés, opposants politiques, militants des droits de l’homme, journalistes, prisonniers de droit commun et citoyens ordinaires.

Tous les prétextes sont bons

Amanda Ghahremani Centre canadien pour la justice internationale

L’ONU a beau considérer la torture comme une négation de la dignité humaine, elle a beau affirmer que ses effets peuvent déborder le cadre de l’acte isolé et conduire à des cycles de violence, États et individus s’en servent sous tous les prétextes. Protection des frontières et de la sécurité nationale, obtention de renseignements ou d’aveux de personnes qui auraient violé la loi, intimidation, punition, discrimination ou acte purement gratuit sont quelques-unes des justifications de la torture.

Au Canada, la torture est interdite par la loi. Mais ce qui est reproché au pays, c’est à la fois sa mollesse dans la traque et la répression des tortionnaires réfugiés au Canada, et son refus de permettre des poursuites contre des États coupables de torture. Amanda Ghahremani, directrice juridique du Centre canadien pour la justice internationale, explique.

Écoutez

Peut-on prévenir la torture? Rien n’est moins sûr. Mais quelques dispositions peuvent être utiles. Il faut à coup sûr disposer d’un cadre juridique efficace. C’est-à-dire, un ensemble de textes qui interdisent et préviennent la torture et les mauvais traitements.

L’accès rapide à un avocat, la notification d’un membre de la famille, l’accès à un examen médical par un médecin indépendant, et l’information du détenu sur ses droits sont quelques-unes des mesures qui doivent être adoptées selon l’Association pour la Prévention de la Torture, une ONG suisse. Pour être efficaces, ces mesures doivent être mises en œuvre dans les premières heures suivant l’arrestation, si le risque de torture et de mauvais traitements est jugé important.

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