Les élections provinciales arrivent à grands pas et c’est l’effervescence au sein des partis politiques en lice. Pour gagner la confiance des électeurs, ils doivent proposer des programmes qui répondent à leurs attentes. L’Association des médecins d’urgences du Québec (AMUQ) fait connaître ses doléances. Elle souhaite notamment que chacun des quatre principaux partis dévoile ses visions et ses engagements pour améliorer le fonctionnement des urgences des hôpitaux dans la province.
Mettre un terme à la dictature du ministre de la Santé
L’Association se préoccupe de savoir si les partis politiques vont continuer de réglementer davantage les tâches des médecins de manière unilatérale, comme l’a fait l’actuel ministre de la Santé jusqu’à présent, ou s’ils vont leur laisser une marge de manœuvre, afin qu’ils puissent concilier les tâches cliniques, administratives, de recherche et d’enseignement avec leur vie personnelle.
Bernard Mathieu, le président de l’AMUQ, estime que les médecins ne peuvent plus continuer de subir aveuglément les pressions d’un ministre qui « décide tout seul de tout, car c’est très difficile de demander à des professionnels engagés dans leur milieu d’obéir au doigt et à l’œil à un ministre aussi autoritaire ».
Décongestionner le réseau
S’appuyant sur les résultats d’un sondage paru dans le journal Le Devoir, le président de l’AMUQ mentionne l’engorgement des urgences comme un problème majeur dans la province. Il déplore le fait qu’en 2018, la majorité des établissements de santé se retrouvent encore sous le poids de l’achalandage excessif.
Selon le journal Le Devoir du 19 juin 2018, un sondage sur des thèmes généraux commandé par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) indique que l’engorgement des urgences est la situation qui présente le plus grand risque pour 79 % de la population en 2018, alors que la situation de l’accès aux services de santé a baissé de 77 % à 70 % depuis 2011.
Parmi les suggestions pour améliorer la situation qui s’étend à l’ensemble du réseau de la santé, car l’urgence ne représente que la partie la plus évidente d’un mal plus profond, M. Bernard recommande, entre autres, que les patients qui ont terminé leurs soins actifs sortent des lits. Pour cela, il faut donner plus de places aux ressources extra-hospitalières pour y orienter les patients qui sont sortis des hôpitaux.
ÉcoutezInsuffisance de soins dans les régions rurales et éloignées
L’AMUQ a brossé un portrait peu reluisant de la situation des soins dans les régions éloignées :
Dans les urgences québécoises, la mortalité à la suite de traumatismes est deux fois plus élevée dans les urgences rurales;
L’accès à l’imagerie médicale avancée et à plusieurs autres outils diagnostiques est réduit;
Moins de 20 % des établissements ruraux disposent d’un chirurgien ou d’un anesthésiologiste de garde 24 heures par jour;
Le recrutement et la rétention de médecins dans les hôpitaux régionaux sont plus difficiles. »
L’Association suggère comme principal axe de développement des soins le soutien aux régions par voie de télémédecine, ce qui permettra de faire des entrevues à distance en temps réel dans les urgences avec les patients dans les zones plus éloignées.
Il faut aussi une politique de jumelage avec les grands centres hospitaliers pour permettre aux médecins de donner un coup de main de temps en temps dans les centres des régions de façon temporaire, pour quelques jours ou quelques semaines. Mais il manque de ressources un peu partout dans le réseau et il n’y a pas assez de médecins pour pouvoir épauler ainsi les régions, déplore Mathieu Bernard.
Recrutement et rétention de la main-d’œuvre
Mathieu Bernard déplore aussi le fait qu’à chaque changement de gouvernement, les nouveaux ministres de la Santé procèdent souvent à toutes sortes de changements, sans jamais parvenir véritablement à résoudre l’épineux problème de l’engorgement, et surtout de la pénurie de la main-d’œuvre, en ce qui concerne aussi bien les médecins que les infirmiers, le personnel de soutien, de liaison, entre autres professionnels du réseau.
Cette pénurie, compliquée par l’exode des médecins en quête d’un travail à temps complet ailleurs en Ontario et aux États-Unis, rend la tâche difficile pour ceux qui restent, et allonge le temps d’attente pour les patients.
En 2016 et en 2017, au moins 25 % des nouveaux médecins d’urgence ont quitté le Québec en raison de l’indisponibilité de postes à temps complet dans un hôpital.
À lire aussi : Le temps d’attente dans les salles d’urgence à la baisse au Québec Au Québec, urgence rime toujours avec patience Désengorgez les urgences, intime Barrette aux hôpitaux Les urgences du Québec affichent la pire performance du monde occidental
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.