C’est devenu un cri d’alarme récurrent au Canada : les places en service de garde sont insuffisantes. Et la pénurie frappe le pays de façon inégale. Dans son dernier rapport, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) affirme qu’environ 776 000 enfants habitent des régions du pays où cette pénurie de places en services de garde est particulièrement criante.
Le document, intitulé Les déserts de services de garde au Canada et rendu public jeudi, nous apprend que 44 % des enfants en âge d’aller à la garderie, vivent dans régions où le nombre de places disponibles dans des services de garde agréés est insuffisant par rapport à la demande.
Le Centre canadien de politiques alternatives, qui n’a pas inclus dans son étude des centres non autorisés, note cependant que c’est dans des villes où la réglementation est plus serrée que les places sont accessibles par rapport à celles où le secteur est livré aux règles du marché.
Disparités des approches et des coûts
Dans un rapport de l’année dernière consacré aux frais de garde au Canada, le CCPA estimait le coût médian d’une place en garderie à 1212 $ par mois à Toronto, et à un montant similaire dans d’autres villes de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.
En revanche, les frais de garde étaient et demeurent beaucoup moins élevés au Québec. On parle de 168 $ par mois à Montréal et de 183 $ par mois dans les villes de Gatineau, Laval, Longueuil et Québec. Winnipeg, au Manitoba, Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, et les communautés autochtones sont d’autres endroits où les frais de garde sont plus bas.
La particularité de ces endroits est que le gouvernement ou les autorités locales fixent de bas tarifs et subventionnent directement les fournisseurs de services. Le but d’une telle approche est de favoriser l’accessibilité et l’universalité des services de garde. Sans surprise, dans son dernier rapport, le CCPA affirme que moins de 5 % des enfants des villes de Québec et de Charlottetown sont mal servis. À l’autre extrême, c’est la totalité des enfants de Saskatoon, en Saskatchewan, qui sont dans cette situation.
Des fonds fédéraux débloqués
Il faut savoir qu’au cours des 30 à 40 dernières années, avec la hausse des taux d’emploi chez les femmes, et donc un accroissement du nombre de foyers où les deux conjoints travaillent, les besoins en matière de services de garde d’enfants se sont accrus de façon constante.
Les changements dans la composition des familles canadiennes, en l’occurrence la hausse du nombre de familles monoparentales et de familles recomposées, ont également favorisé le recours à un service de garde.
Des fonds fédéraux offerts aux provinces et territoires sur une période de 10 ans devraient corriger la situation, surtout dans les communautés où les besoins sont les plus patents. On s’attend à la création de 9700 nouvelles places dès les trois prochaines années.
En attendant, force est de constater que tant les tarifs que la disponibilité des places en service de garde réglementé varient d’une province canadienne à une autre, d’une ville à une autre, d’un centre urbain à un centre rural. Ce qui, selon le CCPA, « engendre des situations hautement inéquitables puisque l’accès aux services de garde réglementés dépend de l’endroit où vivent les gens ».
Tout cela est une source de stress pour les familles. D’où l’appel des auteurs de l’étude aux décideurs canadiens pour qu’ils créent des politiques qui tiennent compte des écarts extrêmes de couverture à l’intérieur des zones d’abord urbaines et rurales et ensuite à l’intérieur de chacune d’entre elles.
(Sources : CCPA, Statistique Canada)
Lire aussi :
« Fermer la porte à double tour » aux garderies privées au Québec?
Le Canada doit-il s’offrir des garderies pas chères à la québécoise?
Combien coûtent les frais en garderie dans les villes canadiennes?
.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.