Une centenaire heureuse Photo : Getty Images

Le Canada devient un pays de centenaires : au cœur des secrets de la longévité

La population canadienne est vieillissante et les centenaires se font de plus en plus nombreux. Entre 2011 et 2016, Statistique Canada en a recensé plus de 8000, dont 1850 au Québec. C’est une excellente nouvelle en ce qui concerne l’évolution de la santé et de la vie de la population au pays, où les aînés tendent de plus en plus vers les âges records jusque-là détenus par deux doyens. La Française Jeanne Calment est décédée en 1997 en Europe à l’âge de 122 ans et 164 jours, selon le livre des records Guinness. L’actuel doyen, de nationalité japonaise, est âgé de 112 ans. Une preuve que le taux de mortalité décroît dans les pays les plus développés où les scientifiques estiment que certaines personnes pourraient atteindre un âge maximum de 125 ans.

Baisse du taux de mortalité et vieillissement en augmentation

Au Canada comme dans la plupart des pays développés, le taux brut de mortalité a considérablement diminué. Selon Statistique Canada, ce taux traduit une régression graduelle de la mortalité de l’ordre de 22 % au cours des 10 dernières années. Il est passé de 9,7 pour 1000 habitants en 2007, à 7,4 pour 1000 en 2016.

Les Canadiens vivent de plus en plus longtemps et la concentration de la population en âge avancé s’accroît en raison du vieillissement des baby-boomers. Il s’agit de personnes nées entre 1946 et 1965, qui représentent une part importante de la population canadienne.

L’année dernière, se basant sur les chiffres du recensement de 2016, Statistique Canada mentionnait le fait que la population des personnes âgées au pays avait dépassé, pour la première fois, celle des enfants. Dans ce tableau, le taux des personnes âgées d’au moins 100 ans affichait une hausse de 41, 3 %. Estimé à 8000 en 2016, leur nombre pourrait facilement atteindre les 40 000 au cours des trois prochaines décennies.

Lire aussi : Richmond, la ville où on vit le plus vieux au Canada

À Richmond, un habitant sur deux est d’origine asiatique. Photo : Getty images/istockphoto/XiXinXing

Richmond, une ville de banlieue près de Vancouver, en Colombie-Britannique, trône au sommet du classement national en ce qui concerne l’espérance de vie. Quel est le secret de cette communauté, où 50 % de la population est d’origine asiatique? Un texte de Laurence Martin

Les secrets de la longévité des Canadiens

Si l’espérance de vie a largement dépassé les 80 ans au pays, c’est grâce aux progrès technologiques, à l’avancement de la médecine, au style de vie adopté par la population (saine alimentation, activités physiques, loisirs, etc.). C’est du moins le point de vue des scientifiques qui peut parfois être mis à rude épreuve lorsqu’il se confronte à certains faits.

À titre d’exemple, les arguments de la famille du doyen actuel de l’humanité, le Japonais Masazo Nonaka, annoncé par le Guinness des records il y a deux mois. L’homme de 112 ans aurait un faible prononcé pour les sucreries. Pourtant, leur impact négatif sur la santé humaine, quand elles sont consommées en grande quantité, a été maintes fois décrié.

Selon les propos de sa petite fille, rapportés par l’AFP,  il adore manger toutes sortes de bonbons, japonais ou de style occidental.

Le doyen de l’humanité selon le livre des records Guinnes, Masazo Nonaka, en compagnie de sa petite-fille, Yuko Nonaka. Crédit AFP. Avril 2018

Ce n’est pas une ode que nous lançons à consommer des aliments sucrés pour vivre longtemps, car aucune étude scientifique n’a été menée pour prouver un lien entre la longévité de cet homme et sa consommation de sucreries.

De façon générale, le Japon est reconnu pour la longue espérance de vie de ses habitants. Plusieurs doyens y ont été identifiés : Jireomon Kimura, mort en juin 2013 à 116 ans, Sakari Momoi, décédé en juillet 2015 à 112 ans. En 2016, le pays comptait jusqu’à 68 000 centenaires, mais aucun d’eux n’avait réussi à battre le record jusqu’à présent détenu par la Française Jeanne Calment, décédée à 122 ans.

Au Canada, certains scientifiques n’excluent pas la possibilité que l’humanité franchisse un jour la barre de 140 ans, tandis que d’autres s’interrogent sur le contexte et la catégorie sociale des personnes qui auront le privilège d’atteindre cet âge.

Lire à ce sujet : Pourrons-nous un jour vivre jusqu’à 140 ans?

Un texte de Mathieu Gobeil.

Certains sont optimistes quant à la possibilité de prolonger la durée maximale de la vie humaine, dont Judes Poirier, directeur de l’Unité de neurobiologie moléculaire de l’Institut Douglas.

« À l’époque de Jésus, l’espérance de vie était de 27 ans. En 1800, elle était de 35 ans. Le 20e siècle a vu un boom, et l’espérance de vie a dépassé 80 ans […] On est en phase exponentielle de production de centenaires. [Sur le lot], il y a beaucoup de chances que des gens atteignent 140 ans. », dit M. Poirier, qui s’exprimait dans le cadre du Bar des sciences, tenu à Montréal le 7 avril. Il se dit convaincu qu’avec la médecine, des avancées importantes seront encore réalisées.

Pour Yannick Roy, doctorant en neurosciences à l’Université de Montréal et cofondateur de NeuroTechX, la question n’est pas de savoir si, mais bien quand on arrivera à vivre 140 ans. Selon lui, le « fameux 1 % » des privilégiés aura accès à des technologies permettant d’atteindre cet âge. Il faut, selon lui, démocratiser et rendre accessible la science tout en repensant la société pour accueillir les supercentenaires.

Selon la chercheuse au département de sociologie de l’Université de Montréal Céline Lafontaine, la question fondamentale est : pour qui et dans quel contexte social veut-on prolonger la vie au-delà de cette limite? L’intérêt mercantile et la privatisation de la recherche pèsent beaucoup dans cette équation.

RCI avec l'AFP, Statistique Canada et Radio-Canada
Catégories : Santé, Société
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