C’est la décision d’augmenter de manière draconienne le prix de l’essence qui a totalement embrasé la capitale haïtienne depuis quatre jours. Après un semblant d’apaisement dimanche, Port-au-Prince est à nouveau en proie à de nouvelles violences et au pillage de la part de manifestants en colère. Ceux-ci exigent à présent le départ du président, malgré sa décision de revenir sur la hausse annoncée des prix du carburant.
Population : 9,6 millions d’habitants.
44 % (4 211 000) sont des enfants de moins de 18 ans et 13 % (1 250 000) sont des enfants de moins de 5 ans.
Une fin de semaine teintée par le sang
Les Haïtiens ont tenu à marquer leur opposition farouche à l’idée d’augmenter les prix du carburant de l’ordre de 38 % pour l’essence, de 47 % pour le diesel et de 51 % pour le kérosène, à compter de minuit samedi dernier.
Cette décision a provoqué des scènes d’une rare violence, principalement dans la capitale du pays, où quatre personnes ont été tuées dans les échauffourées, plusieurs véhicules incendiés et des magasins pillés.
Protesters destroy a poster of Haitian President Jovenel Moise as they demonstrate in the Port-au-Prince suburb of Petion-Ville on July 7, 2018, against a hike in fuel prices. (Photo: Hector Retamal/AFP/Getty Images) https://t.co/sunVTGWebS #haiti pic.twitter.com/xvH1nDkjjZ
— Pete Quily (@pqpolitics) July 8, 2018
Le président, Jovenel Moïse, récemment élu, est revenu sur cette décision, pourtant la population est loin de se calmer. Elle souhaite à présent qu’il quitte ses fonctions et certains élus de l’opposition exigent le départ immédiat du premier ministre qui ne rentrait déjà pas dans les bonnes grâces de la population, avant la décision d’augmenter les prix du carburant.
Le pays s’achemine vers une crise profonde qui inquiète la communauté internationale. Différentes chancelleries sur place, dont les ambassades de la France et du Canada, ont décidé de fermer leurs portes pour mettre leurs personnels à l’abri des violences. Plusieurs vols internationaux à destination du pays ont également été annulés et Ottawa recommande aux Canadiens d’éviter tout « voyage non essentiel ».
Par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, le gouvernement fédéral a lancé un appel au calme et promis son aide à Port-au-Prince.
“I want to tell the President that Haiti is not for him and his family. Haiti is for every Haitian. He needs to leave the country and leave the country to us so we can live.” https://t.co/0M2IXsnhc7 Drone footage of #HaitiProtests in #PortAuPrince, July 7. #Ayiti #Haiti pic.twitter.com/ELaDgXtB37
— ubique (@PersonalEscrito) July 8, 2018
Un pays pauvre fragilisé en plus par le puissant séisme de 2010
Lire à ce sujet sur Radio-Canada: La population la plus pauvre des Amériques
Haïti est caractérisé par sa pauvreté de masse, surtout dans le nord du pays. En tout, 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. En 2000, Haïti est classé au 150e rang sur 174, selon l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement. Il se classe ainsi devant le Rwanda (qui occupe le 162e rang), mais derrière l’Afrique du Sud (107e rang). Cet indice prend en compte l’espérance de vie, le niveau d’instruction et le produit intérieur brut par habitant des pays. À Port-au-Prince, deux habitants sur trois vivent avec moins de 56 $ par mois.
Des inégalités sociales criantes
Du point de vue de la répartition des richesses, on estime que :
• 4 % de la population possèdent 66 % des ressources du pays;
• 16 % en détiennent 14 %;
• 70 % en possèdent à peine 20 %, les 10 % restants étant totalement démunis.Des conditions sanitaires désastreuses
D’après l’Unicef, seulement 37 % de la population a accès à l’eau potable. Et le peu de moyens alloués à la prévention des maladies entraîne la propagation de nombreuses maladies infectieuses.
Le pourcentage d’enfants de moins de un an vaccinés en 1998, toujours selon l’Unicef, est de :
• 51 % contre la tuberculose;
• 40 % contre la diphtérie/tétanos/coqueluche;
• 39 % contre la poliomyélite;
• 49 % contre la rougeole.
RCI avec Radio-Canada, UNICEF et Twitter
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