Michaëlle Jean PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Réélections à l’OIF : des appuis de Michaëlle Jean s’envolent

La Canadienne qui tente de remporter un deuxième mandat de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie semble avancer sur des sables mouvants.

Le premier mandat de Mme Jean, qui avait été élue grâce aux efforts diplomatiques de l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper – avec l’appui du gouvernement du Québec – a été marqué par plusieurs controverses liées à ses dépenses. Ce mandat arrive à échéance en octobre au prochain sommet de la Francophonie, à Erevan (Arménie). Et il se pourrait qu’elle doive céder sa place à une candidate du Rwanda.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, bénéficie d’un appui de taille, celui du président de la République française Emmanuel Macron. Il verrait dans cette candidature une façon pour la France de resserrer ses liens diplomatiques avec le Rwanda, particulièrement acrimonieux après le génocide des Tutsis en 1994.

Louise Mushikiwabo
AFP

Le Canada et les pays africains aux antipodes au sujet de Michaëlle Jean

Le gouvernement canadien poursuit pour sa part sa campagne en vue de la reconduction de Michaëlle Jean. Le premier ministre Justin Trudeau a même intensifié ses efforts il y a quelques jours en faisant la promotion de sa candidature dans des conversations téléphoniques avec cinq chefs d’État africains.

Il en a discuté avec les présidents de Madagascar et de la Côte d’Ivoire, puis, deux jours plus tard, il a appelé les présidents du Bénin, du Cameroun et du Niger, selon les comptes rendus publiés par son bureau.

Les dirigeants de l’Union africaine (UA) réunis en sommet il y a quelques jours ont cependant clairement appuyé la candidature de la ministre rwandaise.

« Qui préside l’UA actuellement? C’est le président du Rwanda, Paul Kagame », a dit avec ironie dans une entrevue accordée à La Presse canadienne un porte-parole de la secrétaire générale Michaëlle Jean.

Alors, le « timing était plutôt bon pour qu’ils poussent leur pion sur cet échiquier-là », a soulevé Bertin Leblanc. Je pense que ce n’est pas un hasard si cet endossement arrive au moment où le Rwanda pilote l’Union africaine. »

Au Canada aussi, les appuis vacillent

La ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, indiquait récemment que le Canada croit toujours que Mme Jean est la personne toute désignée pour continuer à gérer les destinées de l’OIF.

Le Parti conservateur réplique cependant que le gouvernement fait fausse route en appuyant sa candidature, rappelant que le mandat de Mme Jean a été marqué par la controverse en raison de ses dépenses.

Michaëlle Jean a accueilli le premier ministre Justin Trudeau au siège social de l’Organisation internationale de la Francophonie, en avril dernier, à Paris.
PHOTO AFP

L’ex-gouverneure générale du Canada critiquée pour ses dépenses

Ce sont des journaux du Québec qui ont d’abord affirmé l’été dernier que Mme Jean avait fait rénover au coût de 500 000 $ de fonds publics la résidence officielle qu’elle loue à Paris, près de la tour Eiffel, en plus de se procurer un piano de 20 000 $.

Un ancien occupant de la maison de trois chambres semblait surpris l’an dernier de l’ampleur des travaux. Jean Pierre Blackburn qui y a vécu quand il était ambassadeur du Canada à l’UNESCO affirmait que les systèmes de climatisation et d’eau chaude avaient besoin de réparations quand il est parti, mais d’insinuer que la résidence était en mauvais était une exagération.

Un séjour de 50 000 $ de Mme Jean au luxueux hôtel Waldorf Astoria à New York a aussi fait beaucoup sourciller ses détracteurs. Plus récemment, on apprenait qu’un projet de croisière pour de jeunes francophones à bord d’un grand voilier doit être renfloué et qu’il coûterait des centaines de milliers de dollars à même les budgets de l’OIF, faute de commanditaires privés.

Bien que l’OIF est financé par 84 états, et qu’elle reçoit des contributions obligatoires de 15 millions de dollars du Canada et 1,5 million du Québec chaque année, l’organisme ne publie pas les dépenses de sa dirigeante. Des modifications dans la structure de l’organisation pourraient-elles éviter ce genre d’aveuglements financiers à l’avenir?

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Le Québec maintient son appui

Malgré les controverses entourant la gestion et la transparence à l’OIF, le gouvernement Couillard a réitéré, lundi, sa confiance envers Michaëlle Jean.

« Je pense qu’il faut montrer qu’on est vraiment derrière elle parce qu’elle a accompli un travail exceptionnel depuis le début de son mandat », a expliqué la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, affirmait récemment qu’il ne faut pas s’étonner de l’intérêt autour de la candidature rwandaise. « Il est clair qu’une grande partie de l’avenir de la francophonie internationale va se jouer sur le continent africain. »

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RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Joël Le Bigot et Catherine Perrin de Radio-Canada

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Catégories : International, Politique
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