Comment attirer et maintenir les immigrants en région? Résoudre ce casse-tête est plus urgent que jamais à un moment où tout le Québec a une pénurie de main-d’œuvre. Le défi est encore plus grand lorsque les immigrants ciblés sont des jeunes, naturellement attirés par les grands centres urbains. Victoriaville, une localité du Centre-du-Québec, veut justement relever ce défi grâce à un nouveau projet-pilote.
Située dans la municipalité régionale de comté d’Arthabaska, à 169 km de Montréal, Victoriaville est une petite ville de 46 000 habitants. Et même si elle est à moins de deux heures de route de la métropole québécoise, elle est loin d’être une destination de choix pour les immigrants. Selon les données du recensement de 2016, on n’y dénombrait que 1310 immigrants. Les 15 à 44 ans constituant un peu plus de la moitié de ce groupe (685).
Et si les immigrants ne se bousculent pas aux portes de Victoriaville, ce n’est pas parce qu’elle manque d’atouts. Au contraire! Une étude comparative du coût de la vie à Victoriaville et à Montréal, réalisée par Le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) Arthabaska et la Ville de Victoriaville, montre que cette dernière dispose d’arguments valables pour convaincre les immigrants de s’y installer.
Meilleure qualité de vie qu’à Montréal
Par exemple, bien que le revenu moyen à Victoriaville (32 222 $) soit inférieur à celui de Montréal (36 748 $), les dépenses quotidiennes ici et là réduisent l’écart et inversent même le tableau. De fait, une famille de quatre personnes consacrerait 37 % de son salaire à l’alimentation, au logement et aux déplacements dans la région de l’Arthabaska, alors qu’à Montréal, ce taux est de 58 %.
L’étude du CJE indique aussi qu’une personne seule qui travaille à temps plein peut subvenir à ses besoins de base à Victoriaville avec un salaire horaire minimal de 12,62 $, alors qu’à Montréal il lui en faudrait 15,44 $. Malgré ces atouts, la Ville de Victoriaville met des bouchées doubles pour attirer les immigrants.
En collaboration avec le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI) et les Offices jeunesse internationaux du Québec (LOJIQ), Victoriaville lance un projet-pilote dont le but est de favoriser la venue de jeunes immigrants dans la région et de soutenir leur intégration. Le projet d’un an intitulé « Axe collectivité accueillante et inclusive » comporte deux volets. Dans un premier temps, il s’agira de déterminer de solutions concrètes et adaptées aux besoins de la localité en matière d’inclusion.
L’autre objectif de ce projet est de créer de nouveaux partenariats et de tester une nouvelle façon d’accompagner les municipalités pour établir leurs priorités d’action afin de renforcer leur caractère accueillant et inclusif. En tout, 140 000 $ répartis entre le MIDI (95 000 $) et LOJIQ (45 000 $) vont être débloqués pour ce projet.
Parallèlement, des jeunes nouveaux arrivants pourront effectuer des stages professionnels ou réaliser des projets d’une durée de 12 semaines à Victoriaville. Ils bénéficieront également d’un programme de mentorat destiné à favoriser leur intégration dans la municipalité en misant sur un service de réseautage moderne.
En outre, avec le concours des Offices jeunesse internationaux du Québec, une méthode de travail visant l’amélioration de la cohésion sociale fondée sur la participation citoyenne sera également introduite à Victoriaville. La ville va aussi tester une nouvelle méthode d’identification des enjeux locaux en lien avec l’accueil et l’inclusion des immigrants.
Profiter de la manne migratoire
Avec plus de 1,3 million d’emplois à pourvoir d’ici 10 ans au Québec, avec une croissance économique particulièrement vigoureuse et un taux de chômage historiquement bas, on peut se permettre d’être audacieux dans les approches.
Surtout, on veut exploiter une ressource déjà disponible : les nouveaux arrivants. Comme plusieurs autres villes du Québec, Victoriaville estime que la manne migratoire peut contribuer au développement local et au dynamisme des entreprises. Le maire André Bellavance se réjouit que sa ville ait été choisie par le MIDI pour la mise en œuvre du projet-pilote qui pourrait relancer l’intérêt des nouveaux arrivants pour Victoriaville.
Un projet qui, selon lui, va renforcer le caractère accueillant et inclusif de Victoriaville autour des enjeux et des actions spécifiques. « Dans un contexte de vieillissement de la population et de besoins importants de main-d’œuvre pour assurer le maintien et le développement de l’économie locale, le développement de collectivités accueillantes et inclusives est évidemment bénéfique. »
Victoriaville fête sa diversité.
(Source : Ville de Victoriaville)
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