Un groupe de Nigérians traverse la frontière canado-américaine de façon irrégulière sur le chemin Roxham. Photo : Radio-Canada/René Saint-Louis

Crise des migrants : nouvelle promesse d’aide d’Ottawa pour adoucir sa difficile collaboration avec l’Ontario 

La crise des migrants a fortement terni le ciel des relations entre le gouvernement fédéral et le nouveau gouvernement en place en Ontario. Lors de la dernière rencontre entre le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ils n’avaient pas réussi à s’entendre sur la gestion de cette crise. L’Ontario considérant que le fédéral est responsable de la situation à l’origine d’une véritable crise du logement dans la province. Le fédéral a annoncé sa décision d’offrir à Toronto une aide au logement pour les nombreux migrants qui s’y trouvent, au terme de discussions avec ses représentants.

Promesse creuse?

Ottawa tient à décrisper des relations devenues tendues avec les autorités ontariennes. Cela est perceptible dans sa volonté d’aider la province à trouver une solution à la crise des migrants qui éprouvent beaucoup de difficultés à trouver un logement dans la province.

Ottawa a promis à Toronto, ville de choix des migrants, une aide au logement, pour les demandeurs d’asile hébergés dans deux résidences d’étudiants. C’est une belle initiative, mais qui aurait davantage de signification pour la province si le fédéral avait décliné cette aide de façon plus concrète.

Autrement, la coquille demeure pour le moment vide tant que les montants alloués restent inconnus. Mais la collaboration étroite avec l’Ontario pour résoudre l’épineuse question et pour réduire les tensions dans de grandes villes comme Toronto se poursuit.

Ottawa promet cependant de donner des détails précis à mesure que les plans progressent.

Le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen Photo : La Presse canadienne/Michael Tutton

Il faut mentionner que le fédéral s’est engagé le 1er juin dernier à verser un montant initial de 50 millions de dollars pour aider les provinces et les municipalités ayant assumé la majorité des coûts associés avec l’afflux des migrants à la frontière. De ce montant, 11 millions seront versés directement à la ville de Toronto.

Nous avons un plan clair pour gérer les problèmes relatifs aux demandeurs d’asile, et nous continuons d’agir de façon à appuyer nos partenaires. Nos plus grandes villes ont fait preuve d’un extraordinaire leadership pour donner suite à l’afflux récent de demandeurs d’asile. Ce sont Toronto et Montréal, en leur qualité de grands centres urbains, qui sont confrontés aux plus grandes difficultés pour loger les demandeurs d’asile. Par conséquent, nous continuerons de travailler avec eux pour trouver des solutions pratiques et à long terme à ce problème. Ahmed Hussen, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
Suffisant pour calmer le mécontentement du premier ministre Doug Ford?

Le premier ministre Ford avait accusé Ottawa d’encourager la crise des migrants et décidé de se soustraire de son obligation envers le logement pour les migrants.

Il s’agit de personnes qui traversent la frontière près du chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, et qui créent une pression énorme sur les municipalités qui se trouvent dans l’obligation de les accueillir et de leur fournir un logement.

Le problème s’est posé au Québec, où la situation a créé quelques escarmouches avec le fédéral. Même si la mésentente était loin d’atteindre son plus haut niveau comme c’est le cas avec l’Ontario en ce moment, la tension est qu’en même montée d’un cran entre Québec et Ottawa avant de connaître une accalmie.

Dans le cas de l’Ontario, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada entendent augmenter le nombre de places temporaires pour les personnes qui traversent la frontière. Les deux instances déclarent avoir conclu un marché avec le centre NAV à Cornwall, en Ontario, pour offrir de l’hébergement temporaire additionnel aux demandeurs d’asile au besoin.

Justin Trudeau a rencontré jeudi le nouveau premier ministre ontarien Doug Ford à Queen’s Park. Photo : La Presse canadienne/Chris Young

Précédemment, l’Ontario avait annoncé sa décision de ne plus collaborer avec le fédéral en ce qui a trait à la gestion du dossier des migrants. Cela a obligé le premier ministre Trudeau à se lancer dans un exercice pédagogique pour expliquer au premier ministre Ford les méandres du système d’immigration, avec tout ce que cela comporte comme obligations internationales et droit canadien de la personne.

Dans le même sens que le premier ministre Ford, la ministre des Services sociaux de la province, Lisa McLeod, avait fait part au fédéral de la décision de l’Ontario d’abandonner le dossier des migrants aux mains des municipalités, surtout qu’Ottawa a été accusé d’avoir encouragé les migrants à prendre le chemin du Canada, pays accueillant et hospitalier.

De plus, le gouvernement ontarien accueille mal l’idée d’Ottawa de mettre sur pied un système de triage qui permet aux migrants qui entrent au pays clandestinement en passant par le Québec de se rendre en Ontario s’ils le désirent.

Bien qu’Ottawa ait promis une aide, ainsi qu’une étroite collaboration avec l’Ontario, les responsables fédéraux souhaitent tout de même voir la province prendre ses responsabilités dans la gestion de cette crise qui a déjà creusé une faille de 64 millions de dollars dans les caisses de Toronto, selon le maire John Tory.

Faits en bref

En juin 2018, 1263 personnes sont entrées au Canada en franchissant la frontière de manière irrégulière, le nombre le plus bas consigné depuis juin 2017.

Pour ce qui a trait aux nombres de demandes d’asiles présentées par jour, en avril 2018, la moyenne était de 83 demandes; en mai, cette moyenne était de 57 demandes. En juin, il y a eu 39 demandes d’asile présentées par jour.

En tout, 14 314 permis de travail ont été délivrés à des demandeurs d’asile au Québec entre le 1er avril 2017 et le 31 mai 2018.

Du 1er janvier au 30 juin 2018, la GRC a intercepté 10 744 migrants qui avaient traversé la frontière entre les points d’entrée. De ces personnes, 10 261 ont été interceptées au Québec.

En avril 2018, au Québec, 2479 demandeurs d’asile ont été interceptés entre les points d’entrée. En mai 2018, il y a eu 1775 arrivées et, en juin 2018, il y en a eu 1179.

RCI avec des informations du gouvernement fédéral et Radio-Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique, Société
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