Un Canadien sur six est aux prises avec des difficultés financières, selon un sondage Angus Reid. Le coût des soins dentaires, les prêts sur salaire sont cités comme facteurs majeurs de la détérioration de la santé financière des Canadiens.
En effet, plus d’un quart des Canadiens fait déjà face à de graves difficultés financières, selon les conclusions publiées mardi dans le cadre d’une étude sur la pauvreté au pays.
Est-ce que la pauvreté au Canada signifie devoir compter sur les banques alimentaires et les prêts pour joindre les deux bouts?
Ou encore, est-ce avoir du mal à acheter des vêtements chauds pour l’hiver ou pour aller chez le dentiste?
Est-ce que la pauvreté signifie d’être obligé de vivre loin du travail ou de l’école pour être capable de payer le loyer et les coûts du transport?
Dans sa nouvelle étude, l’Institut Angus Reid (IAR) établit l’état de la pauvreté au Canada en examinant les expériences vécues plutôt que les revenus, avec des résultats surprenants.

Un sans-abri dort sur un banc de parc à Montréal. L’itinérance est devenue une préoccupation majeure au Canada.
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La directrice générale de l’IAR, Shachi Kurl, a déclaré dans une entrevue à CBC News que de nombreuses études s’intéressent à la définition classique de la pauvreté utilisée par les gouvernements, qui est généralement associée au revenu et au lieu de résidence. Angus Reid voulait aller plus loin et demander aux Canadiens ce qu’ils pensent de leurs expériences en ce qui concerne l’argent et si les difficultés à joindre les deux bouts sont réelles ou non, et ce, aujourd’hui ou dans le passé.
Il y a des chiffres très surprenants. Environ 16 % des Canadiens définissent leur expérience comme une lutte pour joindre les deux bouts. Ce pourcentage correspond à ce que l’on a généralement défini comme étant des « personnes vivant dans la pauvreté » au Canada. Mais il y a un autre chiffre : 1 Canadien sur 10 dit se sentir sur le point de commencer à lutter pour y arriver. Le même groupe dit qu’ils sont à une calamité près de se retrouver dans une situation très difficile et de commencer à lutter pour payer les produits de première nécessité.
Nous pouvons donc conclure qu’un quart de la population canadienne est soit au seuil de la pauvreté, soit à un pas de la pauvreté. Et qu’est-ce que cela signifie concrètement? Cela signifie que si vous avez mal aux dents, pouvez-vous vous permettre de payer le dentiste? Si vous avez l’argent pour acheter des aliments sans emprunter, quels types d’aliments achetez-vous? Des fruits et des légumes frais et sains ou des aliments transformés parce qu’ils sont moins chers? Et 20 % des Canadiens ont dit qu’ils ne peuvent pas aller chez le dentiste, et 20 % ont dit qu’ils ne peuvent pas acheter des aliments de qualité.Shachi Kurl

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En plus de ceux qui vivent sur le seuil de pauvreté, l’étude a également interrogé des personnes dont les revenus varient de 50 000 $ à 100 000 $ par année. Oui, dit Sachi Kurl, et l’une des causes est le niveau élevé d’endettement.
Bon nombre d’entre eux disent qu’il leur est difficile de joindre les deux bouts et que l’une des choses qui déterminent cette situation est le coût élevé de la vie. Nous savons qu’à Toronto et à Vancouver, le prix des appartements monte en flèche. Une famille qui élève des enfants et paie un loyer élevé doit souvent recourir à des cartes de crédit. Tout cela fait que les besoins de base sont hors de portée ou difficile à atteindre. Il y a aussi la question de ces petits plaisirs que nous voulons nous accorder de temps en temps, comme aller au cinéma ou sortir dîner le jour d’un anniversaire. Beaucoup de Canadiens disent qu’ils n’ont pas les moyens de se payer ces « luxes ». Il s’agit de la qualité de vie.Shachi Kurl
En examinant ces expériences dans l’ensemble du pays, les chercheurs de l’IAR sont en mesure de classer la population canadienne en quatre groupes :
16% ont de grandes difficultés financières
11% se sentent au bord d’avoir de grandes difficultés financières
36 % sont à l’aise financièrement depuis peu de temps
37 % ont toujours été à l’aise financièrement
Si on met ensemble les deux premiers groupes de personnes (ayant ou près d’avoir de grandes difficultés financières), le résultat est que plus du quart de la population canadienne (27 %) pourrait être décrit comme éprouvant de difficultés financières aujourd’hui.
Selon Statistique Canada, bien que le taux de faible revenu soit d’environ 8,8 %, certains groupes de Canadiens ont des taux plus élevés de faible revenu.
Comme le montre le graphique, les personnes seules âgées de 45 à 64 ans, les familles monoparentales, les immigrants récents, les Autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) vivant hors réserve et les personnes handicapées sont plus susceptibles d’être pauvres.
Taux de faible revenu des groupes vulnérables, population totale, 2014 (Faible revenu après impôt, année de base 1992)
Le chapitre 2 du rapport sur la pauvreté de l’Institut Angus Reid, qui sera publié au cours des prochaines semaines, traitera des attitudes envers la pauvreté au Canada, y compris l’empathie envers les pauvres, les points de vue sur la façon dont le gouvernement traite ce dossier et l’appui à diverses propositions visant à réduire la pauvreté.
L'entrevue avec la directrice générale de l'IAR, Shachi Kurl, a été réalisée par le réseau CBC News.
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