Le secteur de l’aide humanitaire internationale est coupable de complaisance, voire de complicité, dans le scandale « endémique » d’abus sexuels. Et les organisations caritatives sont plus préoccupées par la protection de leur réputation que le bien-être des populations vulnérables qu’elles sont censées aider.
Le Comité sur le développement international du Parlement britannique vient de publier un rapport accablant, fruit de son enquête lancée au lendemain des révélations selon lesquelles le personnel d’Oxfam avait payé des survivants du séisme de 2010 en Haïti pour des faveurs sexuelles.
Selon le rapport, le secteur humanitaire, collectivement, a connaissance depuis des années des cas d’exploitation et d’abus sexuels par son propre personnel, mais l’attention qu’il a donnée au problème n’est pas à la hauteur du défi».
Le rapport dénonce au passage la « culture du déni » tant au sein des organisations humanitaires qu’au sein des Nations unies. Après le scandale sexuel d’Oxfam en Haïti, beaucoup plus aurait pu être fait pour s’attaquer au secret des personnes travaillant dans le secteur humanitaire, selon les parlementaires britanniques.
On a plutôt assisté à un échec collectif de leadership, les ONG se contentant de prendre quelques mesures superficielles, sans aller au fond du problème.
François Audet est un ancien travailleur humanitaire. Il est professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal et directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM). Il a pris connaissance du rapport des parlementaires britanniques.
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- Débloquer des ressources supplémentaires pour s’attaquer au problème
- Mettre en place une culture de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels. C’est le minimum auquel les victimes doivent s’attendre.
- Identifier les auteurs connus d’exploitation et d’abus sexuels grâce à l’amélioration des informations et de l’obligation de rendre des comptes.
- Au besoin, adopter un système de vérification des casiers judiciaires semblable à celui utilisé au Royaume-Uni. Celui-ci pourrait être adopté au niveau international afin de fournir des détails sur les allégations passées sur le comportement des postulants aux employeurs potentiels.
- Adopter une approche proactive dans la dénonciation des actes répréhensibles et les résoudre et dans le retour d’information aux victimes et aux survivants.
- Mettre en place un registre mondial des travailleurs humanitaires qui devront se conformer aux normes Mettre les victimes au cœur des solutions
- Veiller à ce que les bénéficiaires de l’aide humanitaire connaissent et respectent leurs droits
- Créer un poste de médiateur indépendant pour se pencher sur les allégations d’inconduites sexuelles
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