Il ne se passe plus un seul jour sans que le régime saoudien ajoute une nouvelle brique au mur qu’il construit pour marquer sa rupture diplomatique avec le Canada. Après avoir foulé au pied les liens diplomatiques et annoncé des sanctions économiques contre le Canada, le régime brandit à présent la menace de transférer les boursiers saoudiens des universités canadiennes vers d’autres universités occidentales. Une décision aux conséquences possiblement néfastes.
Commencer ses études à Montréal et les achever à l’autre bout du monde : quels impacts sur les étudiants?
En face de critiques formulées par le Canada ces derniers jours sur la situation des droits de l’homme en Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane s’est engagé à répliquer de manière ferme.
C’est pourquoi il multiplie les annonces négatives contre le Canada. Jusque-là, les gouvernements ont habitué le public à certaines mesures de représailles, dont le rappel temporaire des ambassadeurs ou le gel momentané de liens commerciaux, lorsqu’il faut réagir à une situation qui entache la réputation d’un pays.
Il y a toutefois lieu de s’interroger sur l’efficacité du choix de Riyad de sortir ses étudiants des universités canadiennes.
En quoi la décision de transférer ces étudiants des universités canadiennes vers d’autres universités ailleurs en occident leur est-elle profitable?
Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite Photo : Getty Images/AFP / Fayez Nureldine
Voici un extrait de la décision annoncée par la télévision d’État saoudienne, Al-Ekhbariya :
Le régime saoudien suspend les bourses de ses étudiants au Canada et envisage de les relocaliser dans d’autres universités : Royaume-Uni, États-Unis, etc.
Cette décision du gouvernement saoudien engendrera des bouleversements pour environ 16 000 étudiants saoudiens au Canada et pour leur famille, qui se demandent maintenant quelle sera la prochaine étape.
Le gouvernement saoudien planifie transférer ces étudiants à d’autres universités de partout dans le monde, mais la plupart des dates limites d’inscription sont passées et il n’est pas certain qu’ils pourront obtenir une reconnaissance des acquis pour les études réalisées à ce jour.
Ils devront donc peut-être retarder leurs études ou les refaire entièrement.
Durant cette période d’incertitude, la Fédération offre son appui aux étudiants touchés et encourage les associations étudiantes de partout au Canada à en faire de même.
La Fédération va surveiller l’évolution de cette situation et collaborer avec ses partenaires afin d’établir les meilleurs moyens de venir en aide aux étudiants saoudiens.
La Fédération va aussi continuer de militer pour un accès universel à l’éducation postsecondaire pour tous ceux qui étudient au Canada, y compris les étudiants internationaux, afin que les changements dans les relations diplomatiques ne nuisent pas à leur capacité de terminer leurs études.
Le déménagement des étudiants saoudiens posera un défi pour les universités qui seront privées d’une importante somme d’argent.© Radio-Canada
Des conséquences importantes sur le plan financier pour les universités
Si cette menace venait à se concrétiser, les universités canadiennes se trouveraient privées d’une source importante de leurs financements, compte tenu du fait que ce sont près de 7000 étudiants qui seraient concernés, avec environ 5000 membres de leur famille vivant au Canada. L’Arabie saoudite arrive au 6e rang des plus grands pourvoyeurs en étudiants étrangers pour les universités canadiennes.
Les droits de scolarité pour les étudiants étrangers au Canada sont plus élevés que ceux des Canadiens, mais ils demeurent malgré tout compétitifs. Les pertes pour l’économie canadienne seraient importantes aussi, car les étudiants doivent dépenser de l’argent pour le loyer, l’alimentation, les vêtements et les loisirs, etc.
L’afflux d’étudiants saoudiens s’explique par les généreuses bourses offertes par le gouvernement de leur pays. En échange de cette aide financière, les étudiants doivent toutefois retourner en Arabie saoudite après leurs études. De plus, les universités canadiennes sont compétitives et mettent sur le marché du travail des diplômés aptes à s’insérer aux États-Unis et en Europe.
À lire aussi :
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.