Le premier ministre canadien Justin Trudeau se défend d’être allé trop loin, jeudi dernier, en traitant de raciste une femme qui lui demandait de rembourser la province du Québec pour l’accueil des demandeurs de statuts de réfugiés qui traversent la frontière avec les États-Unis.
Lors d’une cérémonie d’inauguration, la semaine dernière, d’un nouvel entrepôt de distribution d’Amazon à l’est d’Ottawa, M. Trudeau disait craindre sur la question de l’immigration une montée du populisme extrême et de l’intolérance alimentant des vérités partielles et des mensonges. « Il y a eu une polarisation de notre discours politique. Et il y a des gens qui essaient de nourrir les peurs et l’intolérance pour un large éventail de raisons. Je resterai positif et je continuerai à rassembler les gens, rassemblant les communautés partout au pays. »
C’est alors qu’une dame a demandé au premier ministre s’il entend rembourser la somme payée par le Québec pour l’accueil des demandeurs de statuts de réfugiés. « Je veux savoir quand vous allez nous remettre les 146 millions qu’on a payés pour vos immigrants illégaux, s’est écriée la dame. C’est nous autres qui avons payé pour ça! »
La femme qui a apostrophé M. Trudeau est Diane Blain, membre d’un groupe de la droite identitaire, qui est à l’origine de plusieurs manifestations pour dénoncer l’arrivée de demandeurs d’asile au Québec.
Justin Trudeau passe à l’attaque
Le premier ministre, au micro sur une petite scène extérieure, a commencé par lui répondre en dénonçant l’intolérance : « Madame, cette intolérance par rapport aux immigrants, ça n’a pas sa place au Canada. »
Puis, lorsqu’elle l’a apostrophé quelques minutes plus tard durant un bain de foule en lui demandant s’il est « tolérant avec les Québécois de souche », il l’a traitée de « raciste ». « Madame, votre racisme n’a pas sa place ici », a-t-il dit en ajoutant qu’il était un fier Québécois avant de quitter les lieux.
Jusqu’à présent cette année, 12 378 personnes sont entrées au Canada de façon irrégulière et ont présenté des demandes d’asile.
Trudeau se justifie d’avoir traité une citoyenne de raciste
« Jamais on ne devrait accepter la peur et la division comme outil politique », a répété Justin Trudeau, lundi devant des journalistes, en associant les commentaires de la citoyenne au discours politique de droite. Il affirme qu’il est de son devoir de dénoncer ce genre de propos.
«Je pense que c’est important de comprendre qu’on est dans un moment politique où l’approche basée sur la peur, sur la division, sur la méfiance envers l’autre, sur le populisme […] sur des vérités partielles ou des mensonges peut être très dangereuse pour une société », s’est-il justifié en soulignant qu’il respectait « la diversité des perspectives politiques ».
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré aux journalistes à Navan, en Ontario, lundi, qu’il craignait une montée du populisme extrême, en particulier des problèmes d’immigration. (Adrian Wyld / Presse canadienne)
RCI avec La Presse canadienne, Radio-Canada et CBC
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