Les allégations d’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016, en plus des tentatives présumées de Moscou de se mêler des scrutins en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en République tchèque, ferait du Canada et du Québec des cibles tout à fait logiques.
D’abord, à un an de la tenue d’élections fédérales, le Cabinet de Justin Trudeau discute lui aussi en ce moment même, alors qu’il est en retraite fermée sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique, de stratégies pour protéger ces élections canadiennes contre l’ingérence étrangère.
On examine notamment la possibilité de renforcer un projet de loi omnibus sur les règles électorales, qui a été présenté au printemps dernier. Au cours de cette retraite, les ministres doivent entendre un certain nombre d’experts sur les cybermenaces qui pèsent sur ces élections.
En particulier, on veut s’assurer que des fonds étrangers, dans des publicités en ligne par exemple, n’influeront pas sur le vote des Canadiens ou leurs opinions par la suite comme cela a été le cas aux États-Unis.
Il y a plus urgent : les élections au Québec cet automne
À la veille du déclenchement de la campagne électorale, pour le scrutin du 1er octobre, médias, politiciens et citoyens semblent particulièrement s’inquiéter d’ingérences extérieures.
La promesse de Facebook, ces dernières heures, de faire la chasse aux faux comptes qui propagent de fausses nouvelles arrive à point.
Le réseau social, qui compte 20 000 employés affectés à la surveillance des fausses nouvelles, annonçait mardi avoir eu recours à ses outils d’intelligence artificielle pour supprimer quelques centaines de pages web suspectes d’origines russes ou iraniennes, notamment.
Cela s’ajoute aux 583 millions de faux comptes supprimés durant les trois premiers mois de 2018. Lorsqu’on sait que Facebook comprend un peu plus de 2 milliards de comptes, on saisit très bien l’ampleur du problème des fausses nouvelles.
Des mesures de protection électorales testées d’abord au Canada
On se rappellera qu’en novembre de l’an dernier, Facebook avait annoncé son « initiative de soutien à l’intégrité électorale au Canada ».
Elle mettait pour la première fois en fonction un service d’alerte d’urgence pour les responsables politiques et les organisations qui seraient victimes de pirates de compte ou de désinformation. Cela pourrait s’avérer important au Québec au cours des prochaines semaines.
L’entreprise a aussi mis en place un « test de transparence publicitaire ». Il permet de mieux identifier les commanditaires ou les auteurs d’une publicité. Cette mesure, d’abord testée au Canada, est désormais disponible dans l’ensemble du réseau mondial de Facebook.
Twitter est une cible plus facile pour les menteurs
À l’inverse de Facebook, l’entreprise Twitter admet pour sa part qu’elle n’a pas suffisamment de moyens pour tenter de contrôler le flot de fausses nouvelles et de propos toxiques publiés par ses usagers.
Jack Dorsey, grand patron de l’entreprise, reconnaissait même, samedi dernier sur les ondes de CNN, que Twitter a déjà été « dépassé » par le phénomène, mais il s’empressait de préciser que des gestes ont depuis été faits.
L’un des principaux problèmes de Twitter, évoque-t-il, est l’absence de moyens. « Nos ressources sont très limitées », dit-il avant d’indiquer, au sujet des discours haineux et des fausses nouvelles, que « tout ne peut pas être évalué en temps réel » et que la modération fonctionne donc majoritairement grâce aux dénonciations des utilisateurs.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution d’Hugo Prévost, Jeff Yates, Joël Le Bigot, Claude Bernatchez, Sophie-André Blondin et Annie Desrocher de Radio-Canada
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