FRAPRU

Manifestant du FRAPRU
Photo Credit: Radio-Canada (Archives)

250 personnes battent le pavé entre Ottawa et Québec pour plus de logements sociaux

Les marcheurs ont décidé de donner des pieds pour inciter le gouvernement fédéral, les provinces et les Territoires à se pencher sur la situation de personnes démunies qui ont des difficultés à se loger décemment. L’initiative de l’organisme, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), mobilise 250 personnes. Elles sont parties du Québec pour entamer une marche de près d’un mois, entre la colline parlementaire à Ottawa et la ville de Québec.

RCI avec le FRAPRU, l'ONU et des informations du gouvernement fédéral

De ville en village pour le droit au logement

La marche de 550 kilomètres, dite « marche De villes en villages pour le droit au logement » a débuté le 2 septembre. Elle permettra à 250 personnes parties de différentes localités du Québec, d’exprimer leur déception en face des politiques fédérales et provinciales qui ne feraient pas assez pour permettre aux plus démunis de la société d’avoir un abri.

Quelque 85 marcheurs et marcheuses traverseront l’Outaouais cette semaine. Après avoir marché d’Ottawa à Gatineau le 2 octobre, la marche fera étape dans le secteur Masson-Angers le 3, à Thurso le 4, Pointe-au-Chêne le 5 et Papineauville le 6, avant de passer par les Laurentides, Laval, Montréal, la Montérégie, Lanaudière, la Mauricie et la région de Québec, où elle se terminera le 29 septembre. C’est le 13 septembre qu’elle traversera l’île de Montréal.

Selon le FRAPRU, cette marche est l’une des plus ambitieuses au Canada en 40 ans.

Elle se veut un cri du coeur afin que les différents paliers gouvernementaux investissent davantage dans le logement, surtout dans le logement social. La population est appelée à s’impliquer afin d’amplifier l’écho du cri auprès des responsables fédéraux, provinciaux et territoriaux.

Des marcheurs près du parlement à Ottawa.

La marche pour sensibiliser et inciter les responsables provinciaux et fédéraux à l’action. Photo : Radio-Canada/Yasmine Mehdi

Encastrer le droit au logement dans la loi de mise en oeuvre de la Stratégie canadienne sur le logement

La loi de mise en oeuvre de la Stratégie canadienne sur le logement est attendue cet automne au Canada. Le FRAPRU estime que le fédéral n’accorde que très peu de place au logement social dans cette Stratégie.

Selon l’organisme, la majorité des sommes allouées à la Stratégie canadienne sur le logement sera dépensée peu après les élections de 2019. Pourtant, la part réservée au logement social reste toujours à déterminer.

« Au-delà de la loi, pour être cohérent, le gouvernement fédéral doit financer adéquatement le logement social, car lui seul permet de garantir un logement de qualité convenable, véritablement abordable aux ménages à faible ou à modeste revenus et cela de façon pérenne », soutient  la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.

S’appuyant sur un rapport récent du Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations-Unies, le FRAPRU souligne que la pénurie de logements sociaux est un problème qui se pose avec acuité au Canada.

« Ils ne compte que pour 4 % de l’ensemble, alors que 1 119 915 ménages locataires du Canada, dont 244 120 du Québec, ont des besoins impérieux de logement parce qu’ils vivent dans un logement trop cher, trop petit ou en mauvais état. Ces mauvaises conditions de logement ont des impacts directs sur leur sécurité, leur santé et la pleine jouissance de leurs droits. Ce sont des gens qui devraient avoir accès dès maintenant à un logement convenable, à un coût qu’ils peuvent payer sans se ruiner, mais il n’y en a pas », s’indigne Véronique Laflamme.

En tant qu’État partie du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), le Canada doit présenter un rapport au Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU tous les cinq ans concernant la mise en œuvre nationale de ses obligations découlant des traités.

Le Canada a comparu devant le Comité onusien les 24 et 25 février 2016 à Génève, en Suisse, pour présenter son 6e rapport,. À la fin, le Comité avait fait état d’une  « crise du logement » dans le pays, de l’accroissement du nombre de sans-abri. De plus, il avait proposé des pistes concrètes pour s’attaquer à ces problèmes, dont l’accroissement des budgets que le Canada et les provinces consacrent à l’habitation, l’augmentation du nombre de logements sociaux, la pleine accessibilité du logement aux personnes en situation de handicap et le renforcement des protections légales des locataires, entre autres contre les évictions. Il avait recommandé aussi des mesures permettant d’examiner les causes profondes de l’itinérance, d’accroître la disponibilité des hébergements d’urgence et d’éviter la criminalisation des personnes itinérantes ».
Sans-abri

La crise du logement fait gonfler le nombre de nouveaux sans-abri à Vancouver. Photo : CBC

Poursuivre les subventions

Le logement social est plus qu’une bouée de sauvetage pour les personnes dans le besoin. Le FRAPRU estime qu’abandonner les subventions dès 2028 comme voulu par le gouvernement fédéral serait dommageable pour les personnes vulnérables. C’est ainsi que l’organisme demande la protection à long terme des logements sociaux déjà construits et toujours subventionnés par le gouvernement fédéral.

« Si Ottawa ne change pas de cap et mets fin aux à ces subventions, cela va se traduire par des augmentations de loyer exorbitantes pour les ménages pauvres qui habitent dans ces logements sociaux, de l’ordre de 200 $ à 300 $, voire plus », a souligné Véronique Laflamme.

La Stratégie canadienne sur le logement social en quelques mots

Annoncée en 2017, cette Stratégie s’étale sur 10 ans avec un budget de 40 milliards de dollars.

But : répondre aux besoins en matière de logement : refuges, maisons communes aux locations,  propriété.

Quelques initiatives dans le cadre de la Stratégie :

  • Fonds national de co-investissement pour le logement de 13,2 milliards de dollars  sur 10 ans, à compter de 2018-2019 : contribuera à construire 60 000 unités de logement abordables, à en réparer  240 000, à construire ou à réparer 4 000 refuges pour les survivants de violence domestique et à construire 7 000 nouvelles unités pour les aînés et 2 400 unités pour les personnes souffrant d’un trouble du développement.
  • Fonds pour l’innovation en matière de logement locatif abordable: financement de 200 millions de dollars pour favoriser de nouveaux modèles de financement et des techniques de construction novatrices.
  • Initiative Financement de la construction de logements locatifs, de 3,75 milliards de dollars sur quatre ans à compter de 2017-2018: offre des prêts à faible coût pour appuyer la construction de nouveaux logements locatifs.
  • Initiative Terrains fédéraux, de 200 millions de dollars sur 10 ans à compter de 2018-2019: rendra des terres et des bâtiments excédentaires fédéraux accessibles à faible coût ou gratuitement pour la construction de logements abordables.
    Jean-Yves Duclos fait une annonce dehors sur un chantier de construction, accompagné de membres du gouvernement

    Lancement en mai 2018  du Fonds national de co-investissement de 13,2 milliards de dollars sur 10 ans pour le logement abordable au Canada. Photo : Radio-Canada

  • Initiative fédérale de logement communautaire, de 500 millions de dollars sur 10 ans à compter de 2018-2019: contribuera à faire en sorte que le logement dans les maisons communes administrées par le gouvernement fédéral reste abordable, y compris les logements coopératifs, dont 55 000 ménages devraient bénéficier.
  • Initiative canadienne de logement communautaire: fournira dès 2020, 4,3 milliards de dollars sur huit ans aux provinces et aux territoires pour protéger et construire un secteur de logements communautaires durable.
  • Fonds provincial ou territorial pour les priorités en matière de logement : financement de 1,1 milliard de dollars sur neuf ans, à compter de 2019-2020, aux provinces et aux territoires afin qu’ils s’attaquent aux priorités en matière de logement.
  • Prestation canadienne pour le logement : 4 milliards de dollars sur huit ans aux familles et aux personnes seules ayant des besoins en matière de logement.
  • Les Stratégies sur le logement pour les Autochtones : appuieront la mise en œuvre de stratégies de logement distinctes pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Dans les budgets de 2017 et de 2018, annonce des investissements de 1,7 milliard de dollars en appui à ces Stratégies;
  • 2,1 milliards de dollars sur 10 ans investis (de 2018-2019 à 2027-2028) pour lutter contre l’itinérance.
Catégories : Politique, Société
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