L’élection provinciale de 2014 s’était transformée en référendum contre le projet du Parti québécois de Charte des valeurs qui visait un encadrement plus strict en public de certaines pratiques religieuses, notamment musulmanes.
L’élection du 1er octobre prochain semble tourner quant à elle de plus en plus exclusivement autour de la nécessité de limiter ou non l’arrivée des étrangers ou d’exiger d’eux de plus grands efforts de conformité ou d’allégeance.
L’afflux de demandeurs d’asile qui traversent de façon irrégulière la frontière du Québec en provenance des États-Unis, depuis deux ans, n’est pas étranger au fait que l’immigration se retrouve au coeur du débat.
Lisez: Le nombre de demandeurs d’asile irréguliers a augmenté encore en août à la frontière
Débat entre le Parti libéral et la Coalition avenir Québec
Le gouvernement sortant du premier ministre libéral Philippe Couillard mise sur l’immigration comme l’une des solutions pour assurer le développement des régions et une façon de soutenir le développement économique des entreprises. Il voulait même à un moment donné augmenter le nombre annuel d’immigrants de 50 000 à 60 000. Devant le mécontentement populaire, il a dû se raviser.
En avance très légèrement dans les sondages, François Legault, le chef de la Coalition avenir Québec, veut pour sa part réduire le nombre d’immigrants de 20 % à 40 000 annuellement.
Il promet en plus de leur faire passer un test de compétence après quelques années pour voir s’ils s’intègrent bien ou non; de les renvoyer dans leurs pays s’ils échouaient.
Mardi, il a précisé les modalités de l’évaluation de français et de l’« évaluation de connaissance des valeurs du Québec auxquelles il veut assujettir ces immigrants.
Ces tests pour immigrants sont pires que la Charte des valeurs de Pauline Marois, a rétorqué mardi Philippe Couillard. « Dans les deux cas, on voulait diviser les Québécois. Avec la Charte des valeurs, on voulait les priver d’emploi. Là, on va plus loin, on veut dire : « Vous n’êtes plus désirables au Québec, vous devez quitter. »»
Le choix n’est pas que politique. Il s’avère à plus long terme économiquement stratégique pour une société vieillissante en mal de nouveaux travailleurs. Depuis 2006, les personnes immigrantes ont pourvu plus de la moitié des nouveaux emplois au Québec.
L’intégration et l’insertion des immigrants progresserait au Québec
Alors que la question de l’immigration occupe une place centrale dans la présente campagne électorale, une étude dévoilée par l’Institut du Québec, mardi, tente de changer certaines impressions sur l’intégration des immigrants.
L’Institut affilié à HEC Montréal affirme que l’intégration des immigrants s’améliore notamment pour ce qui est du taux de chômage qui est désormais de 6 % pour les immigants dans la province. Non seulement les immigrants au Québec s’intègrent-ils de mieux en mieux au marché du travail, ils seraient de plus en plus nombreux, affirme l’Institut, à rester au Québec plutôt que de choisir une autre province.
Le taux de chômage chez les immigrants âgés de 25 à 54 ans a chuté de façon marquée depuis le début de l’année, passant de 8,1 % en janvier à 6 % en août, s’approchant ainsi à moins d’un demi-point de pourcentage du taux de chômage de la population québécoise en général, qui était de 5,6 %.
Un coup d’oeil plus ciblé montre toutefois que l’écart demeure important chez les immigrants âgés de 25 à 54 ans qui sont arrivés au Québec depuis moins de cinq ans. Leur taux de chômage continue de frôler les 14 % au Québec, comparativement à 9,3 % en Ontario et 7,3 % en Colombie-Britannique.
Cinq sur six restent au Québec
L’Institut révèle enfin que 84 % des immigrants arrivés au Québec en 2010 y résidaient toujours en 2015. En d’autres termes, le Québec retient cinq immigrants sur six après cinq ans. Il y a 15 ans, le taux de rétention n’était que de 75 %.
En matière de rétention d’immigrants, le Québec arrive au 4e rang au Canada, après l’Ontario (90,7 %), l’Alberta (90,3 %) et la Colombie-Britannique (86,7 %), mais devant le Manitoba, la Saskatchewan et les provinces atlantiques. Le Nouveau-Brunswick occupe l’avant-dernière place avec un taux de rétention de 48,2 % et l’Île-du-Prince-Édouard ferme la marche avec seulement 15,8 % des immigrants s’y trouvant toujours après 5 ans.
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RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Maude Rivard, Maxime Bertrand, Kim Vermette, Julie Tremblay, Catherine Perrin et Céline Galipeau de Radio-Canada
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