Louise Mushikiwabo est expérimentée et nourrit de nouvelles ambitions pour l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Elle perçoit l’organisation comme « un écosystème d’opportunités » qui devrait procéder à un ajustement pour relever les multiples défis qui se posent dans le monde.
RCI avec YouTube et Radio-Canada
De ministre des Affaires étrangères à secrétaire générale de l’OIF
Louise Mushikiwabo arrive au secrétariat général de la Francophonie dans un contexte où la secrétaire générale sortante, Michaëlle Jean, est sous le feu de la critique. Sa gestion financière est vivement remise en cause, tout comme son train de vie de « petite reine », ce qui expliquerait sa chute au sommet de l’OIF, une organisation que certains considèrent comme le bras séculier de la colonisation française en Afrique.
La ministre des Affaires étrangères du Rwanda saura-t-elle défendre la cinquième langue parlée dans le monde? La question se pose, car la femme qui est née à Kigali le 22 mai 1961 a vécu une partie de sa vie aux États-Unis. Elle avait été contrainte de fuir les violences dans son pays en proie au génocide dans les années 1990.
C’est un Rwanda devenu plus anglophile que jamais au fil des ans que Mme Mushikiwabo retrouve en 2008 lorsqu’elle rentre chez elle.
Promue ministre des Affaires étrangères, la femme parfaitement bilingue nourrit des ambitions à l’international, notamment en faisant part de son intérêt pour le secrétariat général de la Francophonie.
Ambition de diriger l’OIF avec beaucoup de pertinence sur le plan international
La nouvelle secrétaire générale de la Francophonie a reçu des félicitations du premier ministre désigné du Québec, François Legault, avant même le débat autour de son élection.
Quelques jours auparavant, M. Legault, de concert avec le premier ministre du Canada Justin Trudeau, avait largué la candidature de Michaëlle Jean.
Il faut mentionner que le Canada, après la France, est le deuxième pilier sur lequel repose l’Organisation internationale de la Francophonie.
Louise Mushikiwabo a bénéficié de l’appui de tous les pays africains membres, du Canada et de la France pour se hisser au sommet de l’OIF. Dans le cas de la France, cet appui était acquis depuis l’officialisation de la candidature de Mme Mushikiwabo, le 23 mai 2018, lors de la visite du président du Rwanda Paul Kagame à Paris.
La nouvelle secrétaire générale, connue pour sa position très critique quant à l’ingérence française en Afrique, sonne le retour du continent à la tête de l’OIF. Avant Michaëlle Jean, l’Afrique a toujours été aux commandes avec l’Égyptien Boutros Boutros Ghali et le Sénégalais Abdou Diouf.
Mme Mushikiwabo souhaite donner un nouveau positionnement à la francophonie, en misant notamment sur la démocratie, les droits de l’homme, entre autres, bien que son pays d’origine ne soit pas un modèle en ce sens. Les 84 États et gouvernements membres sont le socle de « l’écosystème plein d’opportunités, qui devrait faire un ajustement par rapport au monde », a affirmé Louise Mushikiwabo, quelques semaines avant son élection.
« En tant que secrétaire générale, je compte donner de l’importance au français dans un monde de plus en plus multilingue, car je suis très convaincue que le français a toute sa place parmi les autres langues et pour le bien de notre monde global », a déclaré Louise Mushikiwabo après sa désignation par les 84 membres de l’organisation.
Le Rwanda possède aussi une grande influence, malgré son virage marqué vers l’anglais. Un virage qui ne poserait pas de problème majeur pour la secrétaire générale de la Francophonie, qui considère l’anglais comme la langue de la mondialisation, et davantage comme une richesse pour son pays où la population s’exprime aussi en kinyarwanda, en swahili et en français.
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