Transport d'un lit dans un hôpital (Crédit photo : Radio-Canada/Archives)

La malnutrition dans les hôpitaux canadiens touche un patient sur deux

Quand on parle de malnutrition, on pense à la faim dans les pays en voie de développement ou aux situations de crise humanitaire dans le monde. Pourtant, au Canada et au Québec, la malnutrition fait aussi des ravages et en particulier dans les hôpitaux, où la moitié des patients admis souffre de malnutrition. On en parle avec Paule Bernier, présidente de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ).

« La malnutrition se définit par un excès ou un déficit de la quantité d’aliments que l’on mange par rapport aux besoins de notre corps », résume en entrevue Paule Bernier.

Afin de comprendre le phénomène de la malnutrition en situation d’hospitalisation, la présidente de l’OPDQ a mené plusieurs études. « En 2015, nous avons réalisé une étude dans huit provinces canadiennes avec plus de 1200 patients qui étaient admis dans les hôpitaux. »

Écoutez l’entrevue avec Paule Bernier (6 minutes et 58 secondes) :

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Les résultats, colligés dans 18 hôpitaux universitaires et communautaires, ont d’ailleurs montré un fort taux de malnutrition. « L’étude a été faite dès l’admission des patients, et c’est à ce moment-là que l’on a constaté que les personnes suivies souffraient de malnutrition lorsqu’il y avait une perte de muscle et une perte de poids. Selon les données, un patient sur deux souffrait de dénutrition. »

Même si l’étude n’explique pas les relations de cause à effet de la malnutrition, l’étude réussit à faire un portrait type des cas à risque, assure la présidente. « Les patients plus âgés ou les patients qui dépendent de leur famille pour faire l’épicerie ou faire les repas sont plus susceptibles de faire de la malnutrition. On connaît la situation depuis plus de 20 ans, presque 30 ans, mais on avait besoin de prouver que le Canada n’est pas différent des autres pays industrialisés, notamment en Europe. »

Définition de la malnutrition

La malnutrition se caractérise par un apport insuffisant, excessif ou déséquilibré en calories, en protéines et en d’autres nutriments. Dans la pratique clinique, c’est la dénutrition, soit un apport insuffisant en énergie, en protéines et en d’autres nutriments, qui est au centre des préoccupations. La dénutrition a des effets sur les tissus de l’organisme, sur les capacités fonctionnelles et sur la santé en général.

Chez les patients hospitalisés, la dénutrition est souvent compliquée d’affections, d’infections et de maladies aiguës (par exemple un trauma), qui causent de l’inflammation. De telles complications aggravent l’état de dénutrition et rendent plus difficile de régler le problème en raison de changements physiologiques importants et de besoins nutritionnels accrus, en présence d’une diminution de l’appétit.

D’après AW McKinlay « Malnutrition: the spectre at the feast » (Source :  Le Groupe de travail canadien sur la malnutrition)

Il existe des solutions, rappelle Mme Bernier. « Nous avons maintenant la preuve que nos patients sont fragiles et fragilisés quand ils arrivent à l’hôpital et que l’on doit agir rapidement. Jusqu’à récemment, les hôpitaux n’avaient pas d’outil fiable lors des admissions. Or, le Groupe de travail canadien sur la malnutrition vient de valider un outil en deux questions qui facilite l’identification des patients afin d’agir en conséquence. »

Une étude menée par le Groupe de travail canadien sur la malnutrition révèle que celle-ci est un problème grave dans les hôpitaux canadiens. Paule Bernier, coauteure de l'étude et présidente de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec est notre invitée.

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Catégories : Santé, Société
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