Des journaux sur une table

Les médias canadiens bénéficieront dès l'année prochaine d'une aide fédérale prévue dans la mise à jour économique publiée par le ministre des Finances, Bill Morneau
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Aide aux médias : certains accusent le fédéral d’acheter les journalistes, d’autres y voient une bouffée d’oxygène

Le gouvernement fédéral a annoncé, dans le cadre de sa mise à jour économique, la création de nouveaux crédits d’impôt à l’intention des organismes d’information, soit une aide de près 600 millions de dollars sur cinq ans.

RCI avec Radio-Canada et la FPJQ

Une stratégie de conquête des médias?

L’annonce faite par le ministre des Finances à la Chambre des communes survient à moins d’un an des élections fédérales, dans un contexte particulièrement difficile pour plusieurs entreprises de presse qui traversent une crise depuis quelques années.

Il ressort de cette annonce que les dépenses seront rehaussées de 17 milliards de dollars sur six ans, ce qui poussera le déficit budgétaire à 19,6 milliards en 2019-2020, avec une possibilité que le déficit se réduise dès 2023 pour retomber à 11,4 milliards de dollars.

Le gouvernement libéral a aussi placé l’aide aux médias dans ses priorités avec trois mesures qui commenceront à entrer en vigueur l’an prochain et qui vont :

  • permettre à des organisations d’information à but non lucratif de recevoir des dons de bienfaisance et d’émettre des reçus à des fins fiscales;
  • instaurer un crédit d’impôt remboursable pour appuyer la création de contenu d’information original;
  • instaurer un nouveau crédit d’impôt temporaire non remboursable pour encourager les abonnements aux médias d’information numériques.

Dans l’ensemble, ces trois mesures vont coûter au fédéral près de 6 millions de dollars sur cinq ans.

Alors que les annonces des libéraux ne prévoient pas de plan pour un retour à l’équilibre budgétaire, avec les déficits qui s’annoncent plus importants que prévu, l’opposition s’est montrée très critique envers cette générosité à l’endroit des médias.

Pour le Parti conservateur notamment, c’est un signal clair que Justin Trudeau et son équipe veulent « acheter » les journalistes et les avoir de leur côté pour les prochaines élections. Cette stratégie, voulue par les libéraux pour soulager la détresse financière des médias et promouvoir la qualité de l’information, tout en respectant la « liberté et l’indépendance » de la presse, est perçue par les conservateurs comme « du copinage incestueux » à visée électoraliste.

Bill Morneau... (Photo Christopher Katsarov, archives La Presse canadienne)

Bill Morneau, ministre fédéral des Finances. PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Un « sérieux coup de main »

Pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), les mesures annoncées par le gouvernement libéral sont « une véritable bouffée d’air frais dans une industrie en train de suffoquer ».

Selon la FPJQ, le gouvernement a choisi la bonne voie, puisque les « crédits d’impôt sont une forme d’aide équitable pour tous et permettent de mieux préserver l’indépendance des médias ».

Il s’agit d’un sérieux coup de main qui, selon nous, devrait aider les salles de rédaction à passer au travers de cette crise qui menaçait à moyen terme la survie du journalisme, pilier de la démocratie. Stéphane Giroux, président de la FPJQ

Soulignant le contexte d’extrême précarité qui entraîne des fermetures récurrentes d’entreprises de presse partout au pays, le FPJQ relève qu’il était temps que les responsables fédéraux prennent des mesures concrètes pour résorber la crise.

Toutefois, l’organisme souhaite que d’autres mesures plus contraignantes soient prises contre des géants du web pour les obliger à verser des redevances aux producteurs de contenus journalistiques qui alimentent leurs plateformes au quotidien et génèrent des gains publicitaires importants.

D’un autre côté, le gouvernement est appelé à réduire ses propres investissements publicitaires sur certaines plateformes, notamment Google et Facebook, qui ont leur part de responsabilité dans la détresse économique des journaux, du fait que tous les revenus publicitaires ont migré vers ces plateformes.

Catégories : Politique, Société
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