Nettoyage d'oiseaux couverts de pétrole. Archives : Photo donnée par Wendy Wandler

Marée noire à Terre-Neuve : la découverte de 15 oiseaux enduits de pétrole fait redouter le pire pour des milliers

Après le déversement de 250 000 litres de pétrole dans l’océan la semaine dernière au large des côtes de Terre-Neuve, la carcasse d’un oiseau mort a été découverte et 15 autres ont été retrouvés enduits de pétrole. Les environnementalistes et biologistes des oiseaux de mer tirent la sonnette d’alarme et redoutent que le nombre de décès soit beaucoup plus important.

RCI avec La Presse Canadienne et des informations de la Fédération canadienne de la faune

Des projections négatives

Sur la base du bilan des déversements précédents, les biologistes envisagent un bilan beaucoup plus lourd que celui qui est présenté jusqu’à présent par la firme d’hydrocarbures, Husky Energy.

La compagnie a fait état de la découverte d’un seul oiseau mort depuis que 250 000 litres de carburants se sont déversés dans l’océan, à Saint-Jean de Terre-Neuve-et-Labrador.

Ce déversement, considéré comme le plus important de l’histoire de la région, crée la pire des conditions pour les oiseaux de mer qui sont de plus en plus nombreux à migrer de l’Arctique vers cette région en cette période de l’année, selon la biologiste des oiseaux de mer de l’Université York, Gail Fraser.

15 oiseaux ont aussi été retrouvés totalement enduits de pétrole au large de cette côte, ce qui suscite des inquiétudes de la biologiste qui soutient que cela pourrait être révélateur de dommages beaucoup plus importants au sein de la population des oiseaux et autres espèces dans cette région.

Mme Fraser déclare qu’il ne serait pas surprenant que d’autres macabres découvertes de restes d’oiseaux intoxiqués au pétrole soient faites dans les prochains jours.

Le bilan des marées noires antérieures est là pour témoigner de ce qu’en pareille circonstance, les estimations du nombre de décès se chiffrent par milliers.

Après le déversement de 2004 à Terra Nova, ce sont près de dix mille oiseaux qui avaient perdu la vie, pourtant les quantités de pétrole qui s’étaient échappées dans l’océan (162 000 litres) étaient de loin inférieures aux quantités actuelles à Saint-Jean.

Étant donné que les deux écoulements se sont produits à la même période de l’année où les conditions météorologiques, avec des vents forts et des vagues importantes, qui favorisent le transport du pétrole à des milliers de kilomètres du lieu du déversement, la biologiste prévoit que le nombre de victimes égal ou qui dépasse celui de 2004.

Généralement, ces oiseaux meurent d’hypothermie et le fait qu’ils vivent généralement très longtemps en ne se multipliant que très peu fait craindre une menace d’extinction de plusieurs espèces : Guillemots, tourterelles, etc.

Oiseaux marins

Photo : Radio-Canada / Archives

En savoir plus sur les oiseaux marins

Dans le monde, il existe plus de 350 espèces d’oiseaux qui vivent particulièrement ou exclusivement en mer, d’où leur nom commun d’« oiseaux marins » ou « Oiseaux de mer ». Ces oiseaux de mer ne représentent que 3 % des espèces d’oiseaux du monde et ils tirent leur alimentation principalement de la mer.

Jusqu’à présent, plus de 15 familles d’oiseaux de mer ont été répertoriées, avec un nombre précis d’espèces appartenant à chaque famille. Ainsi, on aura des espèces appartenant aux familles des Albatros, des Fous, des Frégates, des Manchots, des Océanites, des Pingouins, des Puffins et Fulmars, des Cormorans, des Géolands, des Grèbes, des Labbes, des Mouettes, des Becs en ciseau, des Pélicans, des Pétrels, des Phalaropes, des Oiseaux des tropiques, des Plongeons et des Sternes, etc.

Le Canada abrite à lui tout seul plus de 5 millions d’Océanites de cul blanc, plus de deux millions de Guillemots de Brünnich, plus de 1,5 million de Stariques de Cassins.

C’est au large de l’île de Terre-Neuve que se trouve la plus grande diversité d’oiseaux marins. Parmi les familles et espèces qui sont présentes au large de cette île, il y a le Géolands, les Sternes, les Macareux, les Guillemots, les Puffins, les Fous de Bassam, les Océanites et autres Pingouins.

Oiseaux marins

Photo : Radio-Canada / Archives

Tout comme les baleines, les oiseaux marins sont très mobiles et beaucoup d’entre eux entreprennent des migrations saisonnières régulières. C’est chez les oiseaux marins qu’on observe les plus longues migrations d’oiseau, comme celle des Sternes arctiques, entre l’Arctique et l’Antarctique. Parmi les oiseaux marins qui se reproduisent au Canada, ceux qui nichent dans l’est de l’Arctique hivernent principalement au large de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse.

La plupart des oiseaux marins se nourrissent de petits poissons marins ou de Zooplancton, constitué par de petits organismes à carapace. Une marée noire pourrait donc contaminer toute la chaine d’alimentation dans l’océan. Les eaux arctiques riches en matières nutritives situées à l’est de Terre-Neuve sont particulièrement attrayantes pour les oiseaux marins. La plupart de ceux qui nichent dans l’est de l’Atlantique fréquentent les eaux de Terre-Neuve-et-Labrador en hiver. Même durant l’été, des millions de Puffins de l’hémisphère sud viennent également y chercher de la nourriture, car ses eaux sont parmi les plus poissonneuses du monde. La santé de l’écosystème marin de Terre-Neuve-et-Labrador est donc précieuse pour tous les oiseaux marins de l’océan Atlantique.

Oiseaux marins

Photo : Radio-Canada / Archives

La population d’oiseau de mer a fortement décliné au fil des ans, à cause de la surexploitation humaine : leurs œufs riches en protéines sont très recherchés à travers la planète. C’est pourquoi certains des plus menacés ont été placés sous la protection de plusieurs conventions, dont la convention de 1916 signée aux États-Unis pour mettre un terme au prélèvement excessif des œufs vendus par milliers dans le monde, tout comme leurs plumes, avec l’arrivée des Européens en Amérique du Nord et le développement du commerce transcontinental, entre-le XVI et le XIXe siècle.

De nos jours, il n’est pas rare qu’à Terre-Neuve, des oiseaux de mer soient pris au piège des filets de pêche destinés à la capture de saumons et autres morues, ce qui entraine leurs morts par centaine, des suites de noyade. De la même façon, les oiseaux marins qui passent de longues périodes posés sur l’eau sont très vulnérables aux déversements d’hydrocarbures en mer, surtout durant l’hiver : quand le pétrole brut pénètre dans leur plumage, il détruit systématiquement les huiles naturelles que les oiseaux lissent sur leurs plumes, ce qui provoque la perte de leur étanchéité. Fortement mazoutés, les oiseaux s’empoisonnent et meurent, tandis que ceux qui le sont légèrement peuvent résister pour mourir par la suite de faim, si les poissons et autres crustacés qui constituent leur nourriture meurent empoisonnés par le pétrole.

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Catégories : Environnement et vie animale, Société
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