Plus personne n’est à l’abri. En ce jour de Vendredi fou, des milliers de personnes se sont déplacés dans les magasins du pays pour se ruer sur les bonnes affaires. C’est l’occasion pour les commerces d’amasser les bénéfices. La consommation et la surconsommation se télescopent pendant 24 heures. Mais face à la frénésie consumériste, existe-t-il des façons de consommer avec intelligence? On en parle avec Caroline Boivin, professeure titulaire de marketing à l’Université de Sherbrooke et membre de l’Observatoire de la consommation responsable.
La consommation responsable se décline de nombreuses façons, rappelle en entrevue Caroline Boivin. « Il y a la consommation de produits bons ou mauvais pour l’environnement ou pour la société, mais il y a aussi la réduction de la consommation. Le geste de moins consommer peut aussi être considéré comme de la consommation responsable. »
Écoutez l’entrevue avec Caroline Boivin : (8 minutes et 53 secondes) :
ÉcoutezPour Mme Boivin, les gens sont plus sensibles aux questions environnementales en ce qui concerne les déchets ou la prolifération du plastique. « L’idée que notre consommation puisse contribuer à la protection de l’environnement est devenue essentielle. En ce sens, les résultats du baromètre de la consommation responsable que l’observatoire a récemment diffusé sont assez positifs. Ce n’est pas impossible de conjuguer un impact économique positif et l’aspect coresponsable. »
Les pressions à la consommation existent pourtant, concède la professeure. « En effet, il faut être fort pour résister. Toutefois, certains comportements vont dans le bon sens. Au niveau de la récupération, les Québécois en ont fait une habitude. D’autres comportements ne sont pas totalement ancrés comme le transport en commun plus populaire à Montréal qu’en région, où les services sont moins accessibles. »
Offrir des produits conçus dans des conditions sociales dignes : pas de travail des enfants, respect de la personne humaine, conditions de travail non dégradantes… Développer des produits ayant le moindre impact environnemental : circuit court, produits de saison, moindres déchets, moindre consommation de ressources pour la fabrication, moindre impact carbone… Avoir le choix de signifier aux distributeurs notre refus de produits ne répondant pas à cette double exigence. Développer une consommation respectueuse des inégalités d’accès aux ressources et orientée vers une juste répartition des bénéfices de l’exploitation des ressources (coopération nord-sud réelle, maintien d’une agriculture et d’une industrie de proximité, localisation des productions en équilibre entre acteurs de la filière depuis la production jusqu’à la consommation…). Lutte contre la spéculation sur les biens de consommation et notamment ceux de première nécessité. Lutte pour le recyclage et la réutilisation des matières premières qui sont autant de ressources.
La consommation responsable est l’affaire de tous, croit Mme Boivin. « Le système doit travailler vers la même direction. Bien que les gens se sentent les premiers concernés, parce qu’ils savent que c’est à eux de prendre leurs responsabilités. Les détaillants, les entreprises et le gouvernement doivent aussi faire leur part. »
Et penser que consommer avec responsabilité coûte plus cher n’est pas forcément une réalité, ajoute-t-elle. « Quand les premiers produits verts sont sortis sur le marché, on supposait que les consommateurs étaient prêts à payer plus. Cela n’a pas vraiment fonctionné, mais il est resté cette perception que c’était plus dispendieux de consommer ce genre de produits. Il reste que ce ne l’est plus, du moins pour plusieurs produits. Par exemple, la consommation de produits usagés ou les produits locaux sont moins chers. »
Mme Boivin invite les consommateurs à une certaine introspection. « Dans le fond, les détaillants répondent aux besoins des consommateurs. Et puis, il faut savoir s’arrêter et se demander si l’on a vraiment besoin de tous les produits qu’on achète. »
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