Météo et climat ne sont pas synonymes (Photo iStock)

Météo et climat ne sont pas synonymes

Êtes-vous climatosceptique?

La question bouscule plusieurs idées préconçues n’est-ce pas?

Quand le candidat perdant à la course à la chefferie du parti conservateur du Canada et maintenant chef du Parti populaire du Canada Maxime Bernier a déclaré le mois dernier que « le CO2 n’est pas de la pollution, c’est ce qui sort de votre bouche quand vous respirez et ce qui nourrit les plantes », il s’inscrivait directement dans la grande mouvance des négateurs du réchauffement, au grand dam des scientifiques et au bonheur des pétrobouffeurs.

Et ce n’est pas la seule de ces perles glanées au fil des déclarations de politiciens ou de gens d’affaires. Songez à celle de la candidate à la vice-présidence en 2008, la républicaine Sarah Pailin, qui disait que c’était tout simplement Dieu qui nous serrait plus fort dans ses bras!

« Les faits montrent qu’il n’y a PAS de preuves empiriques qui prouvent que les émissions de CO2 font grimper la température de la Terre. »

Maurice Newman, conseiller au premier ministre australien – 2014

Nigel Farange en avril 2013 au parlement européen présentait deux photographies de la calotte glaciaire du pôle Nord. L’une d’août 2012 et celle de l’année de sa déclaration. Ce qu’il a dit (traduction) :

«  Il y a eu une augmentation de 60 % en un an d’après une étude menée par des scientifiques américains. Nous entrerions selon eux dans une période de refroidissement de la planète de 15 à 390 ans. Nous avons de toute évidence fait l’une des erreurs les plus stupides de l’histoire en nous alarmant sur le climat. »

Et ce n’est pas tout.

Khabibullo Abdusamatov, mathématicien et astronome à l’observatoire de Pulkovskaya de l’académie des sciences russes, affirme que l’évolution de la température peut être en très grande partie imputée à l’activité solaire, qui a été inhabituellement élevée.

À ces déclarations, ajoutons les savoureuses – à défaut d’autre adjectif – déclarations du président américain Donald Trump.

« Il n’a jamais fait aussi froid lors de la parade de l’Action de grâces à New York. C’est une des Actions de grâces les plus froides jamais vues! » (Sur Twitter, évidemment, jeudi dernier, jour de l’Action de grâces aux États-Unis)

« Une vague de froid brutale et prolongée pourrait fracasser TOUS LES RECORDS — Où est le réchauffement climatique? » (Encore sur Twitter, quelques jours plus tôt).

Maxime Bernier n’est pas seul dans sa vision du CO2.

Par contre, comme nombre de personnes sur Terre, Donald J. Trump et Maxime Bernier confondent deux mots qui n’ont rien de synonyme : météo et climat.

Afin de bien parler des différences fondamentales entre ces deux (pseudo) amis, la météo c’est comme l’humeur d’une personne, on passe de la grisaille à la morosité ou du bonheur à avoir une pêche d’enfer selon des bases quotidiennes ou hebdomadaires, alors que le climat s’apparente plutôt à la personnalité qui elle est plus établie à long terme.

Autre comparaison, la météo, c’est la diète suivie pour perdre du poids, le climat c’est le poids santé maintenu pendant des années.

(Photo : iStock)

Réchauffement climatique et vagues de froid

Dans le sud du Québec et le sud-est de l’Ontario, l’hiver est arrivé un mois plus tôt que sa date prévue. De plus, on nous annonce une bordée de 15 à 25 cm de neige pour la nuit prochaine. Pas mal pour un 26 novembre au 45e parallèle nord, avouons-le.

Il n’en faut pas plus pour libérer les états d’âme des climatosceptiques.

Par contre, ce qui est indéniable, c’est que le climat se réchauffe, ce qui n’exclut pas des vagues de froid.

Ainsi, malgré la position du président Trump, la Maison-Blanche a publié vendredi un rapport rédigé conjointement par 13 agences gouvernementales auxquelles se sont joints des experts indépendants.

Et, que dit ce rapport?

« Les changements climatiques transforment où et comment nous vivons et présentent des défis croissants pour la santé humaine et la qualité de la vie, l’économie et les systèmes naturels qui nous soutiennent. La facture s’élève déjà  à 400 milliards $ US, et ce seulement depuis 2015, et on prévoit une augmentation du nombre de décès et de maladies. »

Fourth National Climate Assessment

On peut y lire notamment que plus de 90 % du réchauffement auquel nous faisons face aujourd’hui est causé par l’activité humaine.

De plus, en ce qui a trait à ces écarts vers le bas des températures, le rapport ajoute :

« Sur des échelles de temps plus courtes et des régions géographiques plus petites, l’influence de la variabilité naturelle peut être supérieure à celle de l’activité humaine. Sur plusieurs décennies de climat, la température mondiale continue d’augmenter de façon constante. »

(op. cit.)

En clair, ce n’est pas parce que le climat se réchauffe qu’il n’y aura plus de journées froides.

Il a fallu combien d’années pour que le monde accepte que la Terre soit ronde et qu’elle n’est pas au centre de l’univers. Le réchauffement de notre planète bleue, la seule que nous avons, doit faire face aux descendants des négationnistes d’alors on dirait.

Associated Press, CP, Radio-Canada, RCI

Plus:

Les dossiers de Radio Canada International sur les changements climatiques et les défis auxquels devra faire face le Canada (RCI)

Economy will be battered by climate change, U.S. report says, in clash with Trump (Financial Post)

Major Trump administration climate report says damage is “intensifying across the country” (Washington Post)

44% des gens du Québec sont climatosceptiques (Huffington Post)

Déclaration de Nigel Farrange

Maurice Newman et les changements climatiques

Catégories : Économie, Environnement et vie animale
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