Des membres de Reporter sans frontières présentent des photos de journalistes assassinés dans le monde. Crédit : Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

Pratiquer le journalisme la mort aux trousses : le décompte macabre de Reporters sans frontières en 2018

Reporters sans frontières (RSF) a recensé la mort de 80 journalistes dans le monde en 2018, soit 63 professionnels, 13 non professionnels et 4 collaborateurs des médias. Un record sombre qui vient une fois de plus souligner la nécessité de renforcer les efforts pour accroître la liberté de la presse et la démocratie partout où elles sont encore bafouées. 

RCI avec Reporters Sans Frontières et You Tube

Une véritable guerre ouverte contre les journalistes dans certains pays

Le meurtre du chroniqueur saoudien Jamal Khashoggi, au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie, le 2 octobre, apparaît en cette fin d’année comme l’une des manifestations les plus nettes de l’atrocité à l’encontre des journalistes dans certains pays du monde.

Le rapport de RSF pour l’année 2018 épingle particulièrement des pays du Proche et du Moyen-Orient, ainsi que quelques-uns d’Asie et même d’Amérique du Nord.

Quelques pays têtes d’affiche du sombre décompte de Reporters sans frontières:
  • Afghanistan : 15 journalistes assassinés
  • Syrie : 11
  • Mexique : 9
  • Yémen: 8
  • Inde : 8
  • États-Unis :

La liberté de la presse et la démocratie en danger 

Selon le rapport, le nombre de journalistes tués dans le monde a connu une hausse inquiétante de 7%, après trois années consécutives de baisse. Cette hausse traduit en quelque sorte le recul de la liberté de la presse et d’expression dans des endroits où la mission d’information des journalistes est encore perçue par des politiques et d’autres groupes de pression comme une menace.

« Les violences contre les journalistes atteignent un niveau inédit cette année. Tous les voyants sont au rouge, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. La haine contre les journalistes, proférée, voire revendiquée, par des leaders politiques ou religieux, ou par des hommes d’affaires sans scrupules, a des conséquences dramatiques sur le terrain et se traduit par une hausse inquiétante des violations à l’égard des journalistes. »

Ce sont donc 15 journalistes de plus qui sont morts dans l’exercice de leur fonction cette année, par rapport à l’année dernière.

Un journaliste à Bil'in, le 16 octobre 2009Un journaliste à Bil’in, le 16 octobre 2009 Photo : Jérome Voyer-Poirier

Le rapport de l’organisme parisien souligne que le sentiment d’hostilité envers la presse est alimenté aussi par les médias sociaux qui ne favorisent pas toujours une meilleure perception des journalistes, dont plus de 700 sont tombés sur leur terrain de reportage au cours des 10 dernières années.

« Les violences se sont démultipliées sur les réseaux sociaux, qui portent à cet égard une lourde responsabilité […] Ces sentiments haineux légitiment ces violences et affaiblissent, un peu plus chaque jour, le journalisme. Et avec lui, la démocratie », a déploré M. Deloire.

Outre les meurtres des hommes (77) et des femmes (3) des médias en hausse cette année, les arrestations sont tout aussi importantes, avec 348 journalistes détenus et 60 pris en otage, notamment en Syrie, en Irak et au Yémen.

Une fois de plus, l’Arabie saoudite émerge dans le palmarès des pays où les journalistes sont muselés et incarcérés, tout comme la Chine au premier rang, l’Égypte ou la Turquie.

Il s’agit de pays où une simple publication sur les réseaux sociaux est susceptible de mener leurs auteurs en prison.

Catégories : International, Société
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