L’écart salarial entre les femmes et les hommes n’est pas toujours atteint au Québec. Le milieu culturel ne fait pas exception à la règle. Un rapport de l’Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique révélait lundi qu’en matière de parité, on est loin de la coupe aux lèvres. Pour comprendre la situation, on joint Isabelle Hayeur, présidente de l’organisme Réalisatrices équitables dont l’un des objectifs est d’atteindre l’équité pour les femmes dans le domaine de l’industrie du cinéma ou de la télévision.
Dans le domaine des arts et de la culture, au niveau de la création, le milieu est encore majoritairement tenu par des hommes, explique en entrevue Isabelle Hayeur. «Le milieu culturel n’a jamais été réglementé par des personnes voulant installer des règles de parité ou d’équité salariale parce qu’on prend pour acquis que les gens qui travaillent en art ou en culture sont tous ouverts d’esprit. »
La présidente insiste : au niveau de la création, la culture est encore une chasse gardée masculine. « L’organisme Réalisatrices équitables compile des statistiques depuis douze ans et les chiffres sont assez aberrants. Par exemple, on trouve beaucoup de femmes qui étudient dans des écoles de cinémas, à hauteur de 40% à 60% selon les catégories, mais lorsqu’il s’agit de leur octroyer des budgets pour la réalisation de fiction, elles ne représentent plus que 20%, parfois 12%, de l’ensemble des budgets en cinéma. »
Écoutez l’entrevue avec Isabelle Hayeur (10 minutes et 5 secondes) :
ÉcoutezLes obstacles demeurent nombreux pour les femmes dans l’industrie culturelle, rappelle Mme Hayeur. « Outre la discrimination systémique visible dans l’ensemble du système, plus y a de filtres entre la création et le financement, moins les femmes sont présentes. Au sein des organismes gouvernementaux qui donnent des grosses subventions comme la SODEQ ou Téléfilm Canada, les femmes sont moins présentes, car il y a beaucoup de filtres (producteurs, distributeurs, etc.) qui les séparent du financement. »
Mais après trente ans de stagnation, la situation semble s’améliorer, tempère la directrice. « Il y a trois ans, les instances gouvernementales ont instauré des règles qui commencent à faire la différence. Les premiers chiffres sont encourageants. À partir de 2017, les choses semblent s’améliorer. »
Pour faciliter et accélérer les évolutions de mentalité, Mme préconise n’hésite pas à préconiser la mise en place de quotas. « Le mouvement #MoiAussi apporte un autre de paradigme. On a l’impression que les questions qui entourent les femmes sont maintenant prises au sérieux par l’ensemble de la société. Il faut maintenant donner un coup de pouce, c’est bénéfique pour tout le monde. »
En 2016, les femmes sont proportionnellement plus présentes dans les professions culturelles (où elles constituent 54 % des travailleurs) que dans l’ensemble de la population active expérimentée (48% des travailleurs).
En 2006, la proportion de femmes au sein des professions culturelles était de 52%.
Par ailleurs, dans ces professions, le revenu médian des femmes (33 220 $) est en 2015 de 14% inférieur à celui des hommes (38 660 $), un écart moins grand que celui qui prévaut dans l’ensemble de la population active expérimentée (-23%).
(Source : Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique du Québec)
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