Maintenir un monde en paix est l'un des plus gros défis de l'humanité.

La paix dans le monde: entre espérance et désillusion

À l’aube de 2019, dirions-nous que nous vivons dans un monde en paix? La réponse sans ambages est non. Et l’actualité, tous les jours, s’emploie à consolider cette impression : conflits et guerres, actes terroristes, milliers de morts, millions de déplacés, crise des migrants, insécurité, etc. font régulièrement la manchette. Pourtant, à l’analyse, le tableau de la paix mondiale est plus nuancé. Aux nombreux motifs d’insatisfaction se mêlent quelques lueurs d’espoir.

Dans son Indice mondial du terrorisme pour l’année 2018 daté du mois de juin, l’Institut pour l’économie et la paix, un organisme indépendant basé en Australie, affirmait que les décès causés par le terrorisme avaient reculé pour la troisième année consécutive, après avoir culminé en 2014. Une baisse totale de 27% en 2017. Les plus marquantes étant en Irak et en Syrie où le nombre de morts a diminué de 5 000 et 1 000 respectivement. Les fortes baisses du nombre de décès en Irak et en Syrie résultent principalement du déclin continu de l’État islamique qui contrôlait de larges territoires dans ces deux pays.

Même s’il est demeuré l’organisation terroriste la plus meurtrière dans le monde, l’État islamique a connu une nette baisse de régime. Le nombre de décès imputables à ses attaques a chuté de 52% en 2017. L’Institut note aussi que la baisse générale du nombre de décès a provoqué une amélioration des indices de 94 pays, contre 46 où ils se sont détériorés. Autrement dit, 2017 aura été l’année au cours de laquelle le plus grand nombre de pays ont enregistré une amélioration d’une année sur l’autre depuis 2004.

68,5 millions de déplacés.

Mais, le monde est loin d’être devenu un havre de paix au cours des derniers mois ou de deux dernières années. Les données de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) indiquent qu’à la fin de l’année 2017, quelque 68,5 millions de personnes à travers le monde avaient été forcées de se déplacer. C’est un peu comme si toute la population de la France et tous les Montréalais étaient contraints de quitter leurs foyers. En 2017, précise le HCR, une personne a été déracinée toutes les deux secondes. Les plus affectés par ce phénomène? Bien sûr, les pays en développement.

Le nombre de réfugiés obligés de fuir leur pays en proie à un conflit ou voulant échapper à la persécution était évalué à 25,4 millions par le HCR. Ce qui représente une hausse de 2,9 millions par rapport à l’année précédente. L’organisme onusien parle de sa plus forte augmentation jamais enregistrée en une seule année. Le HCR constate également une hausse des nouveaux déplacements qu’il chiffre à 16,2 millions de personnes pour la seule année 2017.

Pour sa part, le Pape François souligne que dans le monde, un enfant sur six est touché par la violence de la guerre ou par ses conséquences, quand il n’est pas enrôlé pour devenir lui-même soldat ou otage de groupes armés. Le souverain pontife dit avoir une pensée pour ces enfants qui vivent dans les zones de conflit, et à tous ceux qui s’engagent afin que leurs vies et leurs droits soient protégés. Le Pape a fait ces observations à l’occasion de la journée mondiale de la paix célébrée le 1er janvier. Depuis 1968, l’Église catholique propose au monde entier de célébrer la Journée mondiale de la Paix le 1er janvier.

La bonne politique est au service de la paix

Cette année, le Pape François a profité de l’événement pour rappeler aux dirigeants de ce monde que «la bonne politique est au service de la paix». Occuper des fonctions politiques, selon le pape, est «un défi permanent». Servir son pays signifie pour le Saint-Père, protéger les habitants, travailler pour asseoir les conditions d’un avenir digne et juste. La politique, dit-il, doit être «accomplie dans le respect fondamental de la vie, de la liberté et de la dignité des personnes, la politique peut devenir vraiment une forme éminente de charité».

Dans son message, le Pape fustige aussi «la recherche du pouvoir à tout prix» qui conduit «à des abus et à des injustices». La politique, insiste le souverain pontife, est un moyen fondamental pour promouvoir la citoyenneté et les projets de l’homme. Elle est un service à la collectivité humaine. Mais, prévient le Pape, elle «peut devenir un instrument d’oppression, de marginalisation, voire de destruction». Nous devons au contraire nous atteler à construire «la maison commune».

Le Pape déplore aussi le climat de méfiance qui semble se cristalliser dans les sociétés et la peur de l’autre ou de l’étranger devenu le bouc émissaire facile face à l’angoisse de perdre ses propres avantages. Sur le plan politique, cela se traduit par «des attitudes de fermeture ou des nationalismes qui remettent en cause cette fraternité dont notre monde globalisé a tant besoin». D’où par exemple des discours politiques qui diabolisent les migrants, accusés de tous les maux, et qui tendent à priver les pauvres de l’espérance.

Que les artisans de la paix se lèvent

Le Pape François appelle à l’émergence de véritables «artisans de paix». Il appelle au respect et à la promotion des droits humains fondamentaux, qui, selon lui, «sont aussi des devoirs réciproques, afin qu’entre les générations présentes et celles à venir se tisse un lien de confiance et de reconnaissance.»

Mais la paix mondiale ne saurait être la responsabilité de quelques individus, fussent-ils puissants.  Outre la classe politique et des hommes et des femmes de bonne volonté, une multitude d’autres structures et institutions ont un rôle crucial à jouer en faveur de la paix mondiale. Prenons le cas des ONG. Leur action peut être directe auprès des populations et des gouvernements. Autrement dit, elles peuvent à la fois sensibiliser et éduquer les populations et influencer les détenteurs du pouvoir. Leur action peut également être plus théorique, plus conceptuelle. Elle est alors axée sur la recherche et sur l’élaboration de savoirs en matière de paix.

Le rôle de l’ONU

On sait que la paix véritable est beaucoup plus qu’une simple absence de violence. Elle a besoin d’assises solides, d’institutions dédiées comme l’ONU, l’organisme mondial chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales. L’ONU se sert notamment de diplomatie préventive et de médiation, de missions de maintien de la paix et d’aide à la normalisation des processus politiques. Elle va aussi consolider la paix et aider les pays naguère en conflit à tourner les pages sombres et à s’engager dans les voies plus prometteuses de la transparence, du respect des droits humains, de la restauration de l’état de droit, etc.

L’ONU s’acquitte-t-elle toujours efficacement de sa mission? Non. Elle n’a pas su prévenir des conflits armés, des génocides, des déplacements forcés. Elle a du mal à se faire respecter par des pays. Ses résolutions sont impunément bafouées par certains pays, sous le regard bienveillant de quelques grandes puissances. Mais, comme beaucoup s’accordent à le dire, pour imparfaite qu’elle soit, l’ONU n’en demeure pas moins indispensable.

Et la paix mondiale, quête permanente s’il en est, utopie pour certains, reste pour d’autres un impératif pour les êtres humains. Car, comme dirait le Dalaï Lama, «Le fait d’avoir à cohabiter sur cette petite planète qu’est la Terre nous impose d’apprendre à y vivre en paix tous ensemble, en harmonie avec la nature, et il ne s’agit pas d’un rêve, mais d’une nécessité.»

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