Source: Matteo Salvini/Twitter

La « minute Nutella » du ministre Matteo Salvini : l’arroseur arrosé

À l’instar du président Donald Trump, le controversé ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, est omniprésent sur les réseaux sociaux. La « minute Nutella » du politicien qualifié de populiste par ses détracteurs a suscité une avalanche de critiques et d’indignations.

La montée du populisme est-elle attribuable aux réseaux sociaux? Et est-ce que les politiciens ont su surfer sur cette vague pour leurs propres ambitions politiques?

« Ma Saint-Stéphane commence avec du pain et du Nutella, et la vôtre? », s’est interrogé le nouvel homme fort d’extrême droite du gouvernement en savourant une tartine au Nutella, le lendemain de Noël, dans un tweet filmé.

Cette « minute Nutella », une autre illustration de l’« authenticité autoproclamée » de Salvini, a été publiée en même temps que le célèbre volcan Etna, en éveil, crachait sa lave et causait une dizaine de blessés et d’importants dégâts matériels. Le jour de Noël, le frère d’un repenti de la mafia pourtant sous protection policière avait été abattu en pleine rue.

Cela a suscité le mécontentement de plusieurs internautes italiens, qui ont répondu notamment à Salvini par : « Ma journée débute avec un tremblement de terre en Sicile et la mort d’une personne sous protection policière » et « …vous trouverez peut-être une minute pour parler de la mort d’une personne sous protection après avoir terminé votre minute Nutella ».

Sa Majesté l’authenticité

Donald Trump, Matteo Salvini et d’autres politiciens, conscients de l’importance des réseaux sociaux, veulent incarner une certaine authenticité (nous sommes comme le peuple, nous mangeons du Nutella, une tartine et un symbole « national italien »).

C’est de la communication et non une agora d’échanges avec les électeurs où le politicien transmet son message à un auditoire presque acquis qui lui servira de caisse de résonance.

Les chercheurs universitaires Gunn Enli et Theresse Rosenberg ont indiqué que les politiciens présents sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, empruntent un langage simple, direct, ciblant les préoccupations et frustrations des citoyens, qui leur accordent une certaine crédibilité au point que des électeurs les considèrent comme plus honnêtes, car ils utilisent les mêmes médias sociaux qu’eux, sans les filtres des médias traditionnels. Les politiciens « outsiders » bénéficient largement de ce jugement favorable.

Une autre étude universitaire a analysé les tweets des politiciens italiens pendant 16 mois. Elle a cerné quatre styles de communications politiques : « engageant », « intime », « champion du peuple » et « homme de la rue ». Les deux derniers étaient clairement de nature populiste, qui ne sont pas nécessairement adoptés par des leaders populistes.

Certains analystes croient que Matteo Salvini n’est pas « un réel populiste », mais qu’il a compris comment manier les réseaux sociaux comme un « outil de propagande ».

« La ligue italienne devrait investir dans les réseaux sociaux et marteler son discours contre l’Europe et l’immigration afin de gagner les élections », a soutenu Salvini dans une rencontre interne du parti, selon un ex-leader Flavio Tosi.

Une stratégie autour de la personne (« l’Italien, M. Tout-le-Monde ») et des réactions (colorés et non policées) de Matteo Salvini a été mise en place et a donné ses fruits une année et demie plus tard : plus de 3,3 millions d’abonnés sur Facebook, 950 000 sur Twitter, 1,1 million sur Instagram et le poste de ministre de l’Intérieur.

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ZOUBEIR JAZI

Catégories : Internet, sciences et technologies
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