Le gouvernement canadien de Justin Trudeau a obtenu l'appui des États-Unis mercredi, pour qui la peine de mort de Robert Schellenberg est « motivée par des considérations politiques ». Le secrétaire d'État américain a publié une déclaration plus tôt dans la journée. PHOTO : CN

Condamnation à mort d’un Canadien en Chine : un acte politique?

L’annonce en Chine, lundi, de la condamnation à mort du Canadien Robert Schellenberg pour trafic de drogue n’a rien de stupéfiant. Après tout, entre 2009 et 2015, 19 citoyens étrangers ont été condamnés à la peine de mort et exécutés.

Robert Schellenberg Photo : AP

Les circonstances de cette condamnation à mort, sur fond de dispute politique entre le Canada et la Chine dans une affaire juridique avec les États-Unis et l’arrestation à Vancouver d’une femme d’affaires chinoise, sont toutefois très troublantes aux yeux du gouvernement canadien.

Comme la durée moyenne de temps entre le prononcé de la peine et l’exécution n’est que de deux mois, cela laisse peu de temps aux pays étrangers pour intervenir diplomatiquement pour sauver de la mort leurs ressortissants.

« C’est très inquiétant que la Chine commence à agir de façon arbitraire pour appliquer la peine de mort, surtout sur un Canadien », déclarait lundi le premier ministre Justin Trudeau.

Tout ne serait pourtant pas perdu pour M. Schellenberg. Des spécialistes de l’Asie au Canada affirment que ce n’est pas la fin du processus judiciaire. Puis, même s’il est extrêmement rare que les tribunaux chinois annulent une peine de mort, il est toujours possible que le prisonnier canadien puisse bénéficier d’une solution politique.

Voyez comment les politiciens chinois pourraient décider du sort de ce Canadien…

Photo AP

Éviter de s’ingérer dans les affaires de la justice en Chine?


La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying (Photo : AP)

Lors d’un point presse cette semaine à Pékin, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Hua Chunying a enjoint au Canada de respecter la souveraineté chinoise et de s’abstenir de remarques sur le fonctionnement de sa justice.

Elle n’a pas hésité elle-même cependant à réclamer, lors de ce même point de presse, la libération de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, estimant que son cas illustrait un abus de procédure judiciaire au Canada.

Schellenberg a 10 jours pour faire appel de sa peine. Si un tribunal confirme sa mise à mort, celle-ci doit être réexaminée par la Cour populaire suprême.

Mais le gouvernement chinois peut accélérer le processus, affirme Sida Liu, professeure de sociologie à l’Université de Toronto et spécialiste du système juridique de la Chine.

Aide-mémoire...
Robert Schellenberg a été arrêté en 2014 et accusé de trafic de drogues. Condamné à 15 ans de prison par la justice chinoise le 20 novembre dernier, il a porté sa cause en appel. Lundi, il a vu sa peine s’alourdir considérablement lorsqu’il a été condamné à mort.
Il a fait face à la justice en Colombie-Britannique, au Canada, en 2010 puis en 2011. Il a été arrêté en août 2011 pour possession de cocaïne et d’héroïne à des fins de trafic et pour possession d’autres substances contrôlées. Robert Schellenberg avait plaidé coupable à ces accusations et été condamné à deux ans de prison, en avril 2012.

Robert Schellenberg en 2012


RCI avec CBC News et la contribution de Jacques Dufresne, Laurence Martin, Anyck Béraud et Alexandre Touchette de Radio-Canada

En complément

Trudeau dénonce une condamnation à mort « arbitraire » en Chine – Radio-Canada 

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Catégories : International, Politique, Société
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