Les images d’un autobus scolaire transportant des élèves du collège Saint-Hilaire, au Québec, accidenté en 2016 et des scènes semblables d’ailleurs au Canada ont suscité des réflexions au pays sur la nécessité de doter les autobus scolaires de ceintures de sécurité.
RCI et Radio-Canada
Les résultats d’une étude vieille de 35 ans remis en question
En 1984, une étude menée par Transport Canada avait permis de démontrer qu’il n’est pas absolument nécessaire de doter les autobus scolaires de ceintures de sécurité, compte tenu du fait que ces autobus ont des sièges rembourrés et des banquettes hautes qui permettraient d’amoindrir les chocs en cas d’accident.
Plusieurs accidents de la route d’autobus scolaires, survenus quelques années après cette étude, avec des conséquences graves sur les enfants, avaient entraîné la remise en cause des conclusions de l’étude qui étaient appliquées dans plusieurs pays, y compris aux États-Unis.
Une nouvelle étude menée en 2010 avait constaté le caractère désuet des observations de celle de 1984, qui avait omis de relever que les ceintures à bandoulière sont plus sécuritaires lorsqu’il y a un impact sur le côté. Selon cette nouvelle étude, les enfants ne seraient pas bien protégés sans ces ceintures en cas de choc latéral.
Ce constat avait incité les responsables fédéraux à conclure que les observations de 1984 étaient caduques. C’est pourquoi le ministre fédéral des Transports Marc Garneau a souligné, l’année dernière, l’urgence pour Transport Canada, l’autorité en charge de la réglementation des transports au pays, de se pencher à nouveau sur la question des ceintures de sécurité à bord des autobus scolaires.
M. Garneau entend consulter les provinces sur les modalités de la réforme afin d’assurer plus de sécurité.
« C’est un projet urgent », a affirmé le ministre des Transports lors d’une entrevue accordée à l’émission Enquête diffusée à ICI Radio-Canada Télé.
« On est dans une confédération, on travaille avec les provinces. […] J’ai le droit d’imposer les ceintures de sécurité dans les autobus scolaires, mais on veut le faire de la bonne façon », a ajouté M. Garneau.
La scène d’un accident d’autobus scolaire à Rimbey, en Alberta, en 2008. Photo : CBC (Courtoisie de Kirsten Hodgeson)
Tout un défi pour les conducteurs?
Les ceintures de sécurité à bord des autobus scolaires représenteraient une source importante de préoccupation pour les conducteurs, à en croire un représentant interrogé par Radio-Canada.
« Comment le chauffeur peut-il s’assurer que les enfants sont tous bien attachés correctement ? Vous voyez la hauteur des banquettes? Avec son miroir, il n’est pas capable de voir si l’enfant est attaché. Alors, qui va être responsable pour savoir si l’enfant est attaché ou non », s’est interrogé Luc Lafrance, président de la Fédération des transporteurs par autobus.
Les coûts associés à l’ajout des ceintures de sécurité dans les autobus constituent aussi un motif d’inquiétude pour la Fédération qui envisage des marges de profit peu importantes pour les entreprises de transport. Si la réforme venait à être mise en place, ces entreprises devraient avoir à débourser plus de 10 000 $ supplémentaires par autobus, qui coûte plus de 100 000 $, selon les estimations.
À voir le reportage de Pascale Turbide dans l’émission Enquête, sur les ceintures de sécurité dans les autobus, ce 17 janvier à 21 h à Radio-Canada.
Un autobus scolaire a fait une sortie de route à La Présentation, en Montérégie, en février 2017. Photo : Radio-Canada
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