Une taxation plus élevée des plus fortunés du monde peut-elle véritablement réduire les inégalités persistantes?

À la veille du Forum économique de Davos, en Suisse, l’ONG OXFAM réitère sa recommandation dans son rapport mondial sur les inégalités (WEF, World Economic Forum) et appelle à une redistribution des cartes.

RCI avec OXFAM, Forbes,l’AFP, le PNUD et l'ONU

Un déséquilibre qui alimente colère et pauvreté

Le rapport d’OXFAM souligne la nécessité pour les plus riches de payer leur juste part d’impôts dans un monde où l’écart avec les plus pauvres ne cesse d’augmenter.

La pauvreté frappe aujourd’hui plus de la moitié de l’humanité.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD):

  • Plus d’un milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour;
  • 2,8 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, vivent avec moins de 2 dollars par jour;
  • 448 millions d’enfants souffrent d’insuffisance pondérale;
  • chaque jour, 30 000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies qui auraient pu être évitées;
  • plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable.
Crédit : Wiki

OXFAM déplore le fait que 26 personnes concentrent entre leurs mains autant d’argent que tous les pauvres réunis, soit 3,8 milliards de personnes. Ce constat vient confirmer le fait que la pauvreté va en s’accentuant au fil des ans.

En 2017, 43 personnes détenaient la fortune de la moitié de l’humanité. En 2 ans, ce cercle s’élargit davantage et une bonne partie des riches provient de la Silicon Valley, où les géants du secteur des hautes technologies(Amazon, Facebook, Apple,Google, etc.) n’ont de cesse de prospérer.

Tenez un cas de figure de ces inégalités qui décrit l’évidence indiscutable, à la limite choquante et susceptible de heurter les sensibilités :

Jeff Bezos, le patron d’Amazon, à lui seul, a une fortune qui atteint le sommet de 112 milliards de dollars. En comparaison , le budget de santé de l’Éthiopie représente à peine 1 % de cette fortune, déplore OXFAM.

Alors que dans les pays les plus pauvres de la planète, à l’instar du Burundi, de la République centrafricaine et du Niger, les populations ne demandent pas plus que de pouvoir manger un peu quand elles ont faim, se loger, se vêtir décemment, avoir accès aux infrastructures de base en ce qui a trait à la santé, à l’éducation, au transport et autres moyens de communication, 26 personnes sont ivres de richesses et continuent de s’enrichir à un rythme vertigineux.

Selon OXFAM, chacune des 26 têtes couronnées d’argent gagnerait chaque jour 2,5 milliards de plus. Parallèlement, la moitié des plus pauvres perdrait dans le même temps 11 % de ce qu’elle détient.

À noter :

La méthodologie d’OXFAM, basée sur le classement des milliardaires de Forbes et les chiffres de la banque Crédit Suisse, est contestée par certains économistes.

Forbes constate qu’il y a eu peu de mouvement dans le peloton de tête du classement des milliardaires mondiaux concocté par ses équipes internationales si ce n’est la montée en puissance de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, qui déclasse Bill Gates avec une fortune estimée à 112 milliards de dollars. Warren Buffet suit et la quatrième place revient à Bernard Arnault avec une fortune estimée à 72 milliards.

 Agir par la taxation : quelle efficacité?

L’ONG estime qu’une plus grande taxation des plus riches permettrait aux gouvernements mondiaux d’avoir suffisamment de ressources pour financer les services publics. À leurs niveaux actuels, les taxes réclamées aux plus riches sont très basses, ce qui accroît leur propension à s’enrichir davantage au détriment des plus démunis qui sont de surcroît plus taxés.

L’an dernier, les plus fortunés, dont le nombre a doublé depuis la crise financière de 2008, ont gagné 900 milliards de plus. De façon plus globale, ils cacheraient au fisc 7600 milliards, notamment dans des pays comme le Brésil ou le Royaume-Uni.

La taxation plus importante des plus grosses fortunes représente une avenue non négligeable dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté qui frappent encore très durement plusieurs communautés, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne.

L’ONU souligne la nécessité d’associer à la taxation d’autres éléments pour accélérer le rythme de réduction de la pauvreté et atteindre l’objectif de l’élimination de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030.

Il convient notamment de tenir compte de certains facteurs socio-économiques, à l’instar du sexe et du genre, car la pauvreté touche différemment les hommes et les femmes à plusieurs endroits de la planète.

Beaucoup de gouvernements alimentent cette crise des inégalités. Les multinationales et les grandes fortunes sont sous-imposées, alors que les services publics essentiels, tels que la santé et l’éducation, souffrent d’un manque criant de financement. Ce sont les personnes les plus pauvres qui paient le prix de ces politiques. Le coût humain est considérable, et ce sont les femmes et les filles qui en souffrent le plus, relève OXFAM qui corrobore ainsi les observations de l’ONU.

Il faut aussi tenir compte de l’origine ethnique des pauvres ou de la géographie des pays touchés. L’éloignement, l’enclavement, les changements climatiques, le détournement des deniers publics et autres chocs économiques créent l’insécurité alimentaire et compromettent l’accès des populations à certains biens de première nécessité.

Il s’agit de facteurs qui font en sorte que là où les efforts permettent d’observer quelques avancées dans la lutte contre la pauvreté, ces progrès sont tout de suite freinés, obligeant à un éternel recommencement des actions pour sortir les populations de l’indigence. C’est ainsi qu’en plus de taxer comme il se doit les grosses fortunes mondiales, il serait crucial que chacun des pays trouve des solutions durables pour remédier ces problèmes d’ici 10 ans.

Quelque 400 millions de personnes sont privées d’accès à l’eau potable en Afrique. Crédti : AFP

Voici la liste des 26 personnes qui détiennent autant d'argent que la moitié de l'humanité
  • Jeff Bezos (Amazon) : 122 G$,
  • Bill Gates (Microsoft) : 90 G$,
  • Warren Buffett : 84 G$,
  • Bernard Arnault (LVMH) : 72 G$,
  • Mark Zuckerberg (Facebook) : 71 G4,
  • Amancio Ortega (Inditex) : 70 G$,
  • Carlos Slim (magna télécom) : 67,1 G$,
  • Charles Koch, David Koch (famille industrielle) : 60 G$,
  • Larry Ellison (Oracle) : 58,5 G$,
  • Michael Bloomberg : 50 G$,
  • Larry Page (Google) : 48,8 G$,
  • Sergei Brin (Google) : 47,5 G$,

  • Jim Walton : 46,4 G$,
  • S. Robson Walton : 46,2 G$,
  • Alice Walton (Wal-Mart) : 46 G$,
  • Ma Huateng (Tencent) : 45,3 G$,
  • Françoise Bettencourt Meyers (L’Oréal) : 42,2 G$,
  • Mukesh Ambani (Reliance Industries) : 40,1 G$,
  • Jack Ma (Alibaba) : 39 G$,
  • Sheldon Adelson (promoteur),
  • Steve Balimer (ex de Microsoft),
  • Li Ka-Shing (promoteur, armateur),
  • Hui Ka Yan (Evergrande),
  • Lee Shau Kee (Henderson),
  • Wang Jianlin (Dalian Wanda Group).
Catégories : Économie, International
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